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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique
Autoren: Juliette Benzoni
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avec les rois et les grands de ce monde ? Mais sais-tu seulement
que cet homme, cet envoyé occulte d’un pape qui te hait, est ton ennemi plus
encore que le mien ? Je suis un pion, sur son échiquier, un prétexte.
    – Qu’en
sais-tu ?
    – J’en
sais plus que toi...
    Et
rapidement, elle raconta ce qui s’était passé dans la salle capitulaire de
Santa Lucia.
    – Laisse
le moine achever son ouvrage ! ajouta-t-elle avec mépris, et bientôt le
neveu de Sixte IV sera le maître de Florence, un maître qui, lui, saura imposer
sa volonté !
    A
mesure qu’elle parlait, le visage simiesque et cependant séduisant de Lorenzo
avait verdi comme si sa robe de velours avait soudain déteint sur lui.
    – Le
moine loge à San Marco. Cette nuit même, il y sera arrêté et conduit sous bonne
escorte aux frontières de Florence. Je te remercie d’avoir apporté une preuve
de ce que je craignais déjà. Démétrios peut te le dire...
    – Sans
doute ! fit celui-ci avec ironie, mais nous n’en sommes pas moins désignés
à la vindicte publique... alors que la dame Pazzi court les grands chemins.
    – Je
te promets de la faire rechercher mais il est vrai que je ne peux rien pour
vous, sinon vous faire partir et vous mettre en lieu sûr...
    –  Je la
chercherai bien toute seule, lança Fiora farouchement. Ne t’occupe pas de moi
puisque tu n’as même pas su venger mon père assassiné et souillé...
    – Marino
Betti est mort. Et c’est moi qui l’ai fait tuer par Savaglio.
    – Mais
de nuit, mais chez lui et pas en plein jour et sur la place publique ! Ce
qui fait qu’aux yeux de tous mon père passe toujours pour un misérable, un
menteur et pourquoi pas un traître ?
    – Pourquoi
pas, en effet ? fit Lorenzo que la colère gagnait. J’ai tout lieu de
supposer qu’il trahissait la république en favorisant, de son or, les armes du
duc de Bourgogne. Les Fugger ont réclamé le remboursement d’une lettre de
change de cent mille florins payés au trésor de Bourgogne pour le compte de
messire Philippe de Selongey. Qu’as-tu à dire à cela ?
    – Rien...
si ce n’est une question ; la somme a-t-elle été payée ?
    – A
la banque Fugger ? Certainement pas. Ton père est mort et ses biens sous
contrôle...
    – Ton
contrôle ! Et sans le moindre droit !
    – C’était
la seule façon de les empêcher de tomber aux mains des Pazzi et ton adoption
est entachée de faux ! Quant aux Fugger tant pis pour eux ! Ils s’arrangeront
avec le duc de Bourgogne...
    – Ainsi,
dit Fiora lentement, mon père passe pour un misérable et un menteur mais aussi
pour un homme malhonnête, lui dont la parole n’a jamais été mise en doute ?
Cet argent était ma dot !
    – Ta
dot ?
    – Mais
oui. Dans la nuit qui a précédé son départ j’ai, ici même, dans la chapelle du
couvent voisin, épousé l’envoyé de Bourgogne. Il savait la vérité sur ma
naissance et il a exigé ce mariage parce que tu avais refusé d’aider son
maître. Je suis la comtesse de Selongey.
    – Des
preuves ! Tu as des preuves de cela, s’écria Lorenzo dont la figure après
avoir été trop pâle s’empourprait. Fiora allait répondre qu’elle ne savait, à
présent, où se trouvaient ses preuves quand une autre voix se fit entendre :
    – Les
voici, seigneur ! dit tranquillement Léonarde qui s’avança, un rouleau d’où
pendait un ruban vert entre les mains. Tu trouveras là les actes d’adoption de
donna Fiora, son contrat de mariage signé et scellé de son époux, la copie de
la lettre de change et même une attestation portant la signature et le sceau du
padre Antonio le prieur du couvent. Ser Francesco Beltrami, à la veille de sa
mort, et parce qu’il se savait guetté par ses ennemis, m’a remis tout cela...
    Le
Magnifique prit le rouleau, le tendit à Poliziano qui perdit aussitôt son
immobilité de statue puis, d’un pas soudain alourdi, il alla s’asseoir dans la
haute chaise à bras qui avait été celle de Démétrios.
    – Lis !
dit-il seulement.
    Le
poète dénoua le ruban et parcourut les documents d’un œil habitué puis les
roula de nouveau :
    – Tout
est en ordre, seigneur.
    – Il
y a encore une autre preuve, dit Léonarde. Et, tirant de son corsage l’anneau d’or
aux armes des Selongey, elle le montra à Lorenzo puis, avec un rien de
solennité dans la démarche, alla glisser la bague au doigt de Fiora qui referma
sa main sur elle sans pouvoir se défendre
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