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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales
Autoren: Robert Merle
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d'Allemagne, pourrait enfin éradiquer partout en ces pays l'hérésie protestante. Cependant, ne f˚t-ce qu'en arrière-pensée, les plaisirs violents de la conquête et de l'occupation n'étaient pas exclus de cette pieuse pensée.
    Nommé gouverneur des Pays-Bas, El Marqués d'Aytona n'avait reçu de Madrid qu'une seule consigne à l'endroit de Gaston : le retenir le plus longtemps possible à Bruxelles. Le reste était laissé à sa discrétion, et sa discrétion ne fut pas bien habile, le marquis ayant trop de hauteur pour avoir du tact : il ne prit plus ses repues avec Gaston et le faisait suivre quand il se promenait à Bruxelles. Gaston entendit alors qu'il n'était plus un hôte, mais un otage, et décida de quitter en catimini les Pays-Bas, sans demander au Marqués un assentiment qui se révélait douteux.
    Gaston, qui ne faillait pas pourtant en finesse, commit l'erreur de parler de ses projets d'évasion à la reine-mère. Aussitôt, se gonflant comme une oie, la face rouge brique, échevelée, suante, dépoitraillée, la reine-mère poussa des cris d'orfraie dans cet étrange baragouin franco-italien qu'elle n'avait jamais pu dépasser. Il est vrai que certains mots d'injure en italien me paraissent plus expressifs que les mots français correspondants.
    Je préfère, par exemple, àu méchant ", le mot " brutto ", surtout si on prononce fortement les deux " t ". En revanche, le " ch " de " méchant "
    est beaucoup trop gentil et chuchoté. Raison pour laquelle les u méchant "
    et " méchante
    > que les amants s'adressent sont davantage des caresses que des insultes.
    434

    Pour en revenir a nos moutons, lesquels m'ont été contés non point par Gaston, mais par son conseiller Monsieur de Puylaurens qui était présent à
    la hurlade, ainsi que le père de Chanteloupe, favori de la reine-mère, chacun épousant la thèse de la personne royale qu'il servait, à telle enseigne que pendant ce dialogue, si dialogue il y eut, entre mère et fils ils échangeaient des regards peu amènes, chacun prenant parti pour la cause de son maître ou de sa maîtresse.
    La reine-mère, cuite et recuite en son ire, était en sa mercuriale quasi inépuisable, je n'en donnerai céans qu'un petitime échantillon.
    - Et tu voudrais, miserabile, retourner en France sans ta mère! Tu, figlio mio ! Moi vivante, je ne te le permettrai jamais. Che incredibile impudenza ! Come puô comportarsi cosi ! Ingrato ! Miserabile ! Brutto !
    - Madame, dit Gaston, je ne suis pas venu céans pour ouÔr de votre bouche des paroles mal sonnantes, et moins encore pour vous demander la permission de regagner la France. J'entends bien que vous soyez chagrin que je regagne seul le royaume dont votre aîné est le roi. Mais vous l'avez quitté, comme moi, de votre plein gré. Et vous pourriez, comme moi, y être de nouveau reçue, pour peu que vous acceptiez les conditions de Richelieu: remettre à
    la justice du roi d'une part Mathieu de Morgues qui a écrit pour vous tant de déplaisants pamphlets contre le roi, et d'autre part le père de Chanteloupe, votre conseil.
    - Et qui vous en donne de si mauvais ! dit Puylaurens en dardant sur Chanteloupe un regard méprisant.
    Remarque inopportune, et qui faillit le soir même lui co˚ter la vie. ¿ la nuit tombante, entouré de quelques gentilshommes, Puylaurens montait l'escalier peu éclairé qui menait aux appartements de son maître, quand une mousquetade lui fut tirée sus, laquelle ne fit que l'effleurer, mais blessa deux de ses compagnons. Il y avait peu de doute sur l'auteur de cet attentat, et moins encore de chances de le confondre.
    Le coup de feu fut tiré le trois mai 1634, et le lendemain, 435
    El Marqués d'Aytona, plus hautain que jamais,.convoqua chez lui Gaston et le mit en demeure de signer un traité dans lequel il s'engageait à ne point se raccommoder avec le roi de France avant un délai de cinq ans. Là aussi, El Marqués manqua de finesse : c'était révéler à Gaston que la reinemère, la seule personne à qui il s'était confié, avait révélé àl'Espagnol ses projets de fuite.
    Pour ma part, j'arrivai le quatre mai à Bruxelles, porteur de deux lettres pour Gaston, toutes deux écrites par le roi, bien que contradictoires. La première, rude et roide, que je portais sur moi, annonçait à Gaston qu'il ne pourrait revenir en France, ses exigences étant jugées insufférables. La seconde, portée par Nicolas sous sa chemise, fournissait à Gaston un passeport au cachet
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