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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales
Autoren: Robert Merle
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quant à lui, ne voyait là véritablement qu'un devoir dynastique qu'il assurait, quant à lui, en conscience, cinq ou six nuits par mois, poussant même le scrupule jusqu'à honorer la reine deux fois avant l'aube - ce qu'on savait le lendemain par la femme de chambre, témoin de ces royaux ébats, et dont le devoir était d'en informer dans l'instant Bouvard, le docteur du roi, lequel en informait la reine-mère, laquelle en informait la Cour.
    Ces efforts de Louis étaient d'autant plus méritoires qu'ils étaient demeurés vains jusque-là, la reine n'ayant pu mener aucune de ses quatre grossesses à terme, tant est que la pauvrette se désespérait à l'idée qu'à
    la mort du roi elle ne serait plus rien, faute d'un héritier qui, en montant sur le trône, ferait d'elle une reine-mère honorée de tous. Mais plus vive encore assurément, quoiqu'il l'exprim‚t peu, était l'affliction de Louis à la pensée qu'à défaut d'un fils, lui succéderait son frère Gaston, dont il avait, non sans quelques sérieuses raisons, la plus pauvre opinion.
    Pour en revenir à nos moutons, Louis me bailla le nil obstat et pour mon mariage et pour mon voyage à Nantes. Mais quant à ce dernier, il ne se fit pas, car la veille du jour prévu pour mon département, comme j'achevais de me vêtir, j'ouÔs un grand tintamarre de cloches dans la cour de Brézolles, et jetant un oeil par ma fenêtre, je vis devant les grilles une carrosse et deux ou trois coches de voygge qui demandaient l'entrant. ¿ cet instant Hôrner et ses Suisses, saillant des écuries, accourèrent en armes, sans doute pour quérir des visiteurs quelle diantre d'affaire ils avaient à moi pour me visiter à une heure aussi matinale.
    J'en étais moimême béant et fort empêché de deviner le "
    qu'est-ce et le pourquoi " de cette visite inattendue. Cependant, quand je vis que Hôrner, loin de tirer son épée, retirait son chapeau et saluait profondément les visiteurs, mon coeur se mit àbattre la chamade, et en pourpoint, sans hongreline et sans chapeau, je gagnai le grand escalier du ch‚teau en un battement de cils et parvins en haut du perron au moment o˘
    la première carrosse, bien plus chamarrée que les coches qui la suivaient, se rangeait devant la première marche. Je vis le blason sur sa portière, je dégringolai les marches à me rompre le col, tandis que le cocher, descendu en h‚te de son siège, déclosait l'huis. Madame de Brézolles apparut alors, fort souriante. Et le valet ayant déplié le marchepied, elle entreprit de saillir de la carrosse, ou plutôt de s'en extirper, l'affaire ne se faisant pas sans qu'elle se tortill‚t prou, étant donné le volume de son vertugadin. Elle y succéda enfin, et son pied mignon posé à terre, elle me tendit sa main, et comme je la baisais, elle me dit d'une voix douce et basse
    - Monsieur, je suis bien aise de revenir en ma maison des champs et, plus encore, de vous y retrouver. Et voici votre fils, ajouta-t-elle à voix basse. Ne laissez rien paraître de votre émeuvement.
    Saillit alors de la même carrosse une nourrice qui portait comme le Saint-Sacrement cet enfantelet tant chéri, qui se trouvait être, selon les registres de l'église-cathédrale de Nantes, le fils posthume de Monsieur le marquis de Brézolles, mais qui était, en réalité, le mien, comme je l'ai conté dans le tome précédent de ces Mémoires.
    Cette nourrice, que j'envisageai à peine sur l'instant, n'ayant d'yeux que pour mon fils et de coeur que pour sa mère, devint dans la suite un personnage si important dans la maisonnée de Brézolles, que j'en veux dire ici et meshui
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    ma r‚telée avant que de passer à des événements de plus grande conséquence.
    La Nature avait somptueusement doté la mignote en tétins, lesquels étaient tout ensemble son patrimoine et son métier, car, je le sus plus tard, elle ne faisait rien d'autre en sa jeune et gaillarde vie que de courre se faire engrosser par son mari dès qu'une haute dame requérait ses offices, afin d'accoucher quasiment en même temps qu'elle, étant assez lachère 1 pour nourrir tout ensemble l'enfant de sa maîtresse et le sien. Elle en était à
    sa sixième progéniture pour laquelle elle recevait de sa cliente, comme pour les cinq qui l'avaient précédée, une petite rente versée sa vie durant, sans compter, il va sans dire, le présent salaire de ses bons services. Elle s'appelait Honorée, et pensait le devoir être, en effet, ayant reçu du
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