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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales
Autoren: Robert Merle
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petite pierre dans mon jardin.
    - Nenni, Monsieur! C'est un éloge. Cela veut dire que lorsqu'on est ce que vous êtes, il est très difficile d'être modeste, sans qu'on y suspecte aussitôt, bien à tort, quelque degré d'affectation.
    - Madame, il faut que vous soyez fée ou sorcière pour changer si vite une pierre aride en fleur épanouie. Cependant, il y a encore une épine sur la tige de cette fleur: le mot " affectation ".
    - Si je l'enlève d'un coup d'ongle, serons-nous amis comme devant ?
    - Je n'ai jamais cessé de l'être, Madame.
    - Et j'espère bien, quant à moi, que vous le serez davantage, Monsieur, si vous voulez bien ouÔr ce qui suit.
    - Madame, parlez! Je suis à votre endroit tout ouÔe, tout regard et tout coeur.
    - Ah, Monsieur! quelle pitié que vous n'ayez pas, dans cette énumération, mentionné aussi le toucher!...
    - C'est qu'il était implicite.
    - La grand merci à vous! Monsieur, quand vous affirmez dans votre lettre votre résolution de ne point être odieux par votre piaffe à votre entourage, vous énumérez ceux qui le composent, vous dites: "mes amis, ma parentèle ", et vous ajoutez: " et par-dessus tout, ce que je chéris le plus au monde: mon fils et celle qui me l'a donné ".Vous ramentezvous ces paroles ? Expriment-elles meshui votre pensée ?
    - Du tout 1.
    - Il ne vous échappe pas, mon ami, que cette phrase comporte pourtant quelques implications.
    - J'entends bien.
    - C'est, en fait, une déclaration d'amour qui ne va pas tout à fait jusqu'à
    une demande en mariage, encore qu'elle s'en rapproche fort. Et c'est là, Monsieur, o˘ le b‚t me blesse. Pourquoi ce demi-mot, et cette réticence ?
    N'êtesvous pas plus assuré de vos sentiments pour moi ? N'avancez-vous d'un pas vers moi que pour être déjà un peu sur le recul ? Ou vous ménagez-vous, si votre humeur change, une porte de sortie ?
    - M'amie, dis-je vivement, permettez-moi de le dire bien haut : votre interprétation est tout à fait erronée. La réticence dont vous vous plaignez était, dans ladite lettre, réserve et scrupule. Vous annonçant mon avancement dans l'ordre de la noblesse, je n'ai pas voulu vous donner à
    1. Entièrement.
    penser, par une démarche trop pressante, qu'étant duc, j'étais un peu trop assuré par avance de votre acquiescement.
    - Mon ami, dit-elle, ce scrupule grandement vous honore.
    - Nenni, nenni, m'amie! Ne voyez là qu'un des effets de ma "
    scintillante humilité
    >.
    ¿ quoi elle rit, et un aimable adoucissement se répandant sur son beau visage, elle reprit, mi-rieuse, mi-trémulante
    - Donc, Monsieur, vous m'aimez.
    - Oui, Madame.
    - Et vous désirez me demander ma main.
    - Assurément.
    - Alors, de gr‚ce, demandez-la!
    - Mais, Madame, dis-je béant, n'est-ce pas ce que je viens de faire ?
    - Pas du tout. Vous avez jusqu'ici répondu à mes questions. Il faut maintenant que, de votre propre chef, vous fassiez la demande.
    - Madame, dis-je, n'est-il pas un tantinet absurde de se tant jucher sur la cérémonie ?
    - Monsieur, dit-elle avec un sourire à croquer, maugré que vous ayez une longuissime expérience des femmes, vous ne les connaissez pas encore tout à
    fait bien. Vous ne sauriez imaginer, mon ami, la profonde et trémulante joie qui les envahit, quand le gentilhomme qu'elles aiment depuis des siècles leur dit tout uniment: " M'amie, je vous aime et désire vous épouser. "
    - Madame, excusez-moi, mais la demande ne serait-elle pas quelque peu tardive ? N'avons-nous pas fait un enfant ensemble ?
    - Mais cela n'a rien à voir. Je peux encore vous refuser!
    - Madame! qu'est cela ?
    - De gr‚ce, Monsieur, ne querellons pas plus outre, et je vous prie, faites cela que je veux...
    - Madame, je le vais faire, puisque vous le voulez. Vous avouerai-je toutefois que, ce faisant, je me sentirai quelque peu ridicule.
    - Mais justement, Monsieur, ce ridicule ne laissera pas de me toucher.
    - Eh quoi, diablesse ! qui plus est, vous me daubez! Fort bien donc ! Le vin est tiré, il le faut boire ! Vais-je me lever pour faire cette déclaration ?
    - Cela ne sera pas tout à fait suffisant. Le mieux serait encore que vous mettiez un genou à terre devant moi.
    - Madame, vous savez sans doute qu'un duc et pair ne ploie le genou que devant roi ou reine.
    - Ne suis-je pas votre reine ?
    - Assurément, vous l'êtes, par toutes les fibres de mon coeur. Mais cela veut-il dire que vous allez parler en maître en ma maison ? Permettez-moi de répéter ici le dicton parisien: "
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