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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales
Autoren: Robert Merle
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Ne savez-vous pas que d'un homme on se gausse, quand sa femme chez lui porte le haut-de-chausses ?
    - Fi donc, Monsieur ! Je ne suis pas faite de ce vilain métal ! Dès le moment que vous aurez prononcé la demande que je quiers de vous, je serai chez vous, pour vous et àjamais, votre humble, obéissante et dévouée servante.
    - Madame, dis-je, j'en accepte l'augure.
    Là-dessus, je me levai de ma chaire à bras, et me dirigeant vers Madame de Brézolles, je lui fis un profond salut, sans toutefois que mon genou touch
    ‚t terre, et je lui dis avec la dernière gravité
    - Madame, je vous aime du bon du coeur et vous feriez de moi le plus heureux des hommes, si vous consentiez àm'accorder votre main.
    - La voici ! dit-elle.
    Mais ce n'était là qu'une façon de dire, car se levant, elle se jeta dans mes bras, et se pressant contre moi en son entièreté, elle me fit sur tout le visage, sans omettre un seul pouce carré, un violent picotis de poutounes, qui tout à la fois me remplit de bonheur et me coupa le souffle.
    20
    Le roi, ayant appris par le cardinal que Madame de Brézolles était de retour en son ch‚teau de Saint-Jean-desSables, me fit savoir par Monsieur de Guron que, puisque mon intention était de la marier en l'église de Surgères, il aimerait que cela se fit le onze novembre au plus tard, devant lui-même départir le treize pour Paris. Il ajoutait que, voulant assister à
    mon mariage et être mon témoin, il désirait que la messe f˚t courte, ayant peu de temps à lui en le tohubohu de son département. Toutefois, ayant davantage de loisirs le douze, il aimerait que je lui présente alors la duchesse d'Orbieu plus longuement qu'à l'église, afin de l'accueillir en sa Cour. Je devais donc le venir visiter avec elle sur le coup de onze heures ce jour-là.
    Oyant cela, ma belle fut en même temps fort flattée et fort déquiétée.
    - Doux Jésus! s'écria-t-elle, comment vais-je me pouvoir décemment vêtir, ayant si peu de temps devant moi si nous nous marions le onze ?
    - M'amie, dis-je, étant veuve et vous remariant, la robe de mariée n'est pas de mise : votre plus belle vêture suffira.

    - Encore faut-il l'approprier ! s'écria-t-elle très à la volée. Ne peut-on au moins reculer le mariage d'un jour ?
    - M'amie! dis-je, béant, voudriez-vous que je demande au roi, pour vous accommoder, de retarder d'un jour son département ?...
    - Et pourquoi pas ? dit-elle, mais tout aussitôt, elle rit àgueule bec, et se jetant dans mes bras, elle continua à rire, ses lèvres contre mon cou.
    Un désir exprimé par le roi étant, en fait, la forme la plus courtoise que peut revêtir un ordre, nous f˚mes mariés, Catherine et moi, le onze novembre en l'église de Surgères par le curé prieur, et ce fut, en effet, la plus courte des messes, le roi se retirant dès que l'Ite, missa est fut prononcé. Assistèrent à la cérémonie: les ducs, les ministres et les maréchaux.
    Je fus de prime surpris que Bassompierre f˚t de ceux-là, pour la raison qu'il avait mis depuis le début du siège tant de froideur et de distance entre lui et moi. Mais sa présence, en
    fait, à mon mariage s'expliquait fort bien, du fait que le roi, pour préparer son départir, lui avait demandé d'être son hôte à Laleu, o˘
    Bassompierre l'avait, en effet, reçu fastueusement. J'en conclus que le maréchal qui, sous l'influence de sa femme et des vertugadins diaboliques, était hostile à la politique royale et cardinalice, et par conséquent, au siège de La Rochelle, et n'avait pas souhaité son succès, ce jour d'hui faisait contre mauvaise fortune bon coeur et t‚chait de rentrer dans les bonnes gr‚ces de son roi, et par sa généreuse hospitalité et par sa présence au mariage d'un des plus fidèles serviteurs de Sa Majesté. En somme, il redevenait mon ami, parce que l'armée royale avait pris La Rochelle. C'est une triste vérité, lecteur, mais comme disent si bien les Anglais : " Rien ne réussit comme le succès. "
    Parce que Louis ne courait pas, comme le Vert Galant, de cotillon en vertugadin, et aussi parce qu'il avait eu - comme le nonce en informa alors le pape en termes discrets et décents - quelque difficulté à " parfaire son mariage " avec Anne d'Autriche, nos bons caquets de cour répétaient àl'envi, quoique sotto voce, que Louis n'aimait pas les femmes.
    Il serait plus équitable de dire qu'il n'aimait pas sa mère, Marie de Médicis, celle-ci ayant été pour lui, comme j'ai dit
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