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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales
Autoren: Robert Merle
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Seigneur ce don émerveillable, belle et solide garce qu'elle était en outre, l'oeil candide, le teint rouge comme pomme, le sourire large, la dent saine. Il me parut qu'elle se paonnait prou de ses deux fontaines de vie, car se tenant pour une sorte de prêtresse de qui la pudeur n'était pas requise, elle n'était pas rebelute, dès que braillait l'enfantelet, à se dégrafer, quel que f˚t le nombre des aregardants. Et tandis que le petit braillard apaisé la tétait à gorge goulue, elle ne se contentait pas de tenir son tétin à ses lèvres entre deux doigts, mais le mignotait tendrement de la main tout entière en le louant à mi-voix de sa fécondité.
    - Mon ami, me dit Madame de Brézolles quand elle atteignit avec moi le haut du perron, pardonnez-moi de vous quitter si vite, mais je cours et vole à
    ma chambre pour me rafraîchir et me repimplocher. Voulez-vous, de gr‚ce, dans une petite demi-heure, me rejoindre en mon petit cabinet, o˘ je ferai dresser une table pour déjeuner avec vous au bec à bec ?
    Et quels yeux, avant le départir, elle tourna alors vers moi, je ne saurais les décrire, et d'autant que le regard fut fort bref, et que déjà les chambrières et les valets, saillant joyeu-1. Ayant beaucoup de lait.
    sement des autres coches, et gravissant quasiment à la course les marches du perron, ne ralentissaient que pour me saluer jusqu'à terre, me tenant déjà pour leur maître. Cependant, Madame de Bazimont, apparaissant à mes côtés, mit de l'ordre dans cette envolée de moineaux et moinettes, et, en quelques ordres brefs, assigna à chacun et chacune sa t‚che pour l'heure qui allait suivre. Ayant ainsi rempli ses devoirs d'intendante, elle me fit une demi-révérence, son ‚ge ne lui permettant pas de se ployer plus outre, et me dit, les yeux brillant de larmes heureuses
    - Monseigneur, n'est-ce pas pour vous et pour nous tous un jour émerveillable ?
    - Assurément, Madame, dis-je sachant combien elle aimait être " madamée ", n'étant pas noble, malgré le " de
    > de son nom, ce " Bazimont " n'étant qu'une terre que son défunt mari avait achetée.
    - Monseigneur, reprit-elle, peux-je prendre congé de vous ? Il ne suffit pas, en effet, de donner des ordres, poursuivit-elle d'un air de profonde sagesse, encore faut-il veiller à ce qu'ils soient exécutés...
    J'acquiesçai et le capitaine Hôrner, surgissant à mon côté, me demanda les miens.
    - quelle sorte de gens sont-ce là ? dis-je, en montrant l'escorte de Madame de Brézolles.
    - Des Suisses, Monseigneur, tout comme ceux qui ont l'honneur de vous servir.
    - Comment sont leurs chevaux ?
    - Fourbus, et deux ou trois déferrés.
    - Il faut donc, avant que Madame de Brézolles les paye et les renvoie, leur donner l'hospitalité d'un jour et d'une nuit, afin qu'ils puissent panser leurs chevaux, les nourrir, les reposer, et les referrer. que te semble de ces gens, Hôrner ?
    - Ce sont des Suisses, répéta Hôrner, comme si le seul nom de Suisses était le garant de toutes les vertus.
    - Dès lors, dis-je, traite-les selon leurs mérites. N'épargne ni les viandes ni les vins, ceux-ci toutefois à la modération.
    - J'y veillerai, Monseigneur.
    Je gagnai alors ma chambre, ne touchant pas le sol en mon bonheur, et m'ôtai le pourpoint pour me raser le poil, quand on toqua à l'huis, lequel étant déclos par mes soins, Nicolas de Clérac apparut.
    - Monseigneur, dit-il, avez-vous besoin de votre écuyer ?
    - Nenni, Chevalier! Retourne à ta couche. Ta belle épouse sans toi doit s'y ennuyer à mourir.
    - Ah, Monseigneur, dit-il, fort heureux de pouvoir parler d'elle, Henriette est toute trémulante du retour de Madame de Brézolles. Elle craint de ne lui plaire point.
    - Billes vézées 1 ! Chevalier, elle lui plaira prou, je l'affirme, et ne laisse pas de le lui aller dire.
    - Monseigneur, me permettez-vous d'ajouter un mot?
    - Je t'ois.
    - Madame de Bazimont me prie de vous dire que l'enfantelet dort sur le sein de sa nourrice et ne pourra être vu de vous qu'après le déjeuner.
    Là-dessus, après un nouveau salut, Nicolas me quitta et j'entrepris de me savonner la face pour y passer moi-même le rasoir, ne consentant jamais à
    confier ce soin à un barbier, ayant été blessé en mes vertes années par un de ces coquarts. Après quoi, j'entrepris de me testonner le cheveu, nourrissant l'espoir que le temps que je passerais ainsi à me beautifier raccourcirait les interminables moments qui me séparaient encore de ma
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