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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales
Autoren: Robert Merle
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rien.
    Je donnai trois écus au Révérend docteur médecin Marcellin pour le récompenser de mon examen, de mon diagnostic et de ma prescription. Puis j'appelai Nicolas et lui confiai une bourse ventrue pour courre acheter ladite quinine aux jésuites de Vervins.
    - Nicolas, dis-je, emmène avec toi nos Suisses.
    - Et pour que faire, Monseigneur ?
    - Pour faire pression sur les jésuites, s'ils te font des difficultés.
    Le baron du Becq, sachant par le docteur Marcellin qu'il ne courait plus aucun danger à me visiter, me vint voir après le départ de Nicolas, et s'enquit de mes besoins.
    - La grand merci, Baron, dis-je. Pourriez-vous dire àvotre cuisinier que je désire pour mon déjeuner une fine purée de pommes de terre et deux neufs frais sur le plat.
    - Eh quoi ? dit le baron, quelque peu effaré, point de diète ?

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    - qu'ai-je besoin de je˚ner? dis-je. Je n'ai mal ni au gaster ni aux boyaux.
    On toqua alors à l'huis, et Gaston entra, suivi de Puylaurens.
    - Mon cousin, dit Gaston, j'ai voulu vous faire mes adieux avant mon départir, mais le roi m'attend, je ne peux tarder davantage sans l'offenser. (Et pourtant, m'apensai-je, combien de fois l'a-t-il offensé au cours de ses quatre années de volontaire exil ?) Cependant, poursuivit Gaston, je ne laisserai pas de dire à Sa Majesté combien vous m'avez aidé
    par vos judicieux conseils au moment o˘ le principal obstacle à mon évasion était ma propre mère... C'est à Saint-Germain que les retrouvailles avec le roi mon frère doivent avoir lieu, et dès lors que vous serez sur pied, j'aimerais que vous nous y retrouviez.
    La poudre de nos chers jésuites - et pour chers, certes, ils l'étaient -
    fit merveille, et deux jours plus tard je me sentis assez .rebiscoulé pour sonner le boute-selle, du moins pour mes Suisses, car étant encore moulu et courbatu de ma longuissime trotte de Bruxelles à La Capelle, je préférai voyager en ma carrosse. Sans consentir à épuiser mes chevaux, j'allai aussi bon train que je pus, m'arrêtant tard le soir aux étapes et repartant tôt le matin. Mais maugré mes efforts, je ne parvins à Saint-Germain-en-Laye que le vingtdeux octobre 1634, c'est-à-dire le lendemain du jour o˘ les deux frères s'étaient retrouvés.
    Je fus néanmoins fort bien accueilli par le roi et Richelieu, et en public, et au bec à bec.
    - La colère de Gaston contre sa mère, me dit Louis, après la tentative de meurtre sur Puylaurens, lui e˚t fait tout g‚cher. Heureusement, vous étiez là et votre adresse a tout arrangé, et je ne sais comment vous remercier.
    J'ai pensé pour vous au maréchalat ?
    - Mais, Sire, je ne sais pas la guerre, dis-je promptement.
    - Ou à vous nommer gouverneur de province.
    - Sire, ce serait la pire des punitions. Je serais éloigné de Votre Majesté.
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    - Ou ambassadeur à Londres.
    - Nenni, nenni, Sire ! Je n'appète aucunement à tout cela, je suis très heureux de vous servir comme je fais : par de petites missions çà et là en Europe.
    - Mon cousin, dit le roi, sauver la mise de Gaston àBruxelles n'était pas mission petite. C'était un grand service rendu à l'…tat.
    Le bec à bec avec Richelieu fut aussi flatteur et se peut encore plus réconfortant pour la raison que le cardinal-duc n'oubliait jamais les détails.
    - Mon cousin, dit-il, songez à me faire un compte de tous les débours que vous avez encourus en cette mission, y compris, ajouta-t-il avec un sourire, :a poudre de quinine de qui vous savez.
    C'est lui qui savait toujours tout sur tout : je m'en apercevais en toute occasion. Après ce petit sourire, il reprit son ton de gravité

    - En fin de compte, Gaston en son exil nous a fait plus de bien que de mal : c'est gr‚ce à Castelnaudary que nous féodaux avons pu porter un coup terrible à nos grands Louis vivant, ils n'y reviendront plus. Et c'est aussi gr‚ce àGaston et à ses frasques que nous avons pu conquérir la Lorraine, cette conquête fortifiant fort notre frontière de l'est, au moment o˘ paraît imminente la guerre avec les Impériaux. En bref, je vous dirais que Gaston nous a fait, malgré les apparences, du bien en s'en allant, et du bien aussi en nous revenant. Son retour au bercail est un échec considérable pour les Espagnols qui perdent ainsi dans la guerre qui se prépare un gage des plus précieux. En outre, dans les moments périlleux que nous allons vivre, le retour de Gaston, en ressoudant la famille royale, et par voie de conséquence en
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