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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales
Autoren: Robert Merle
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du roi, l'autorisant àrentrer en France par quelque chemin et ville qu'il choisirait. Comme je m'y attendais, lors de la première nuit que je passai à Bruxelles dans une auberge fort propre, mes affaires furent subrepticement fouillées pendant la nuit, et la lettre du roi s'envola, mais on ne toucha pas, comme je m'y attendais, aux bagues 1
    de Nicolas. Tant est que le lendemain, au bec à bec avec Gaston, je pus lui remettre le passeport royal. Dès qu'il l'eut ouvert, et jeté l'oeil sur lui, il fut au comble du bonheur, et homme de prime saut comme il fut toujours, il me sauta au cou, et me donna une forte brassée, les larmes, grosses comme des pois, coulant sur ses joues. Et comme s'il e˚t trouvé en moi tout soudain un intime et immutable ami, il me conta tout ce qui s'était passé en sa vie depuis la mort de l'Infante Claire-IsabelleEugénie, jusqu'à la querelle avec sa propre mère, l'assassinat dont Puylaurens avait failli être victime, le traité qu'El Marqués d'Aytona l'avait contraint à
    signer, et le fait que l'Espagnol avait été très probablement renseigné par la reine-mère sur ses projets d'évasion. C'est là surtout que le b‚t le blessait, et il me fit sur la reine-mère des plaintes à
    1. Bagages.
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    l'infini, concluant avec énergie qu'à partir de ce jour, et jusqu'à la fin de sa vie - de sa vie à elle, cela allait sans dire - il ne verrait plus la traîtresse.
    Là-dessus, et dans le vif du moment, Gaston se tourna vers moi et me demanda mon avis.
    - Votre Altesse, dis-je, vous avez en Monsieur de Puylaurens un conseiller fidèle et avisé, et il semble que c'est de lui que vous devriez quérir de prime son opinion.
    - Nenni ! Nenni! dit vivement Puylaurens. La logique, comme la préséance, exige, Monseigneur, que ce soit vous qui opiniez le premier.
    - Je le crois aussi, dit Gaston.
    - Puisque Votre Altesse me demande mon opinion, je la lui vais bailler, si Elle m'y autorise, à la franche marguerite.
    - Parlez, parlez, Monsieur d'Orbieu, dit Gaston.
    - Votre Altesse, il me semble que le moment est mal choisi pour vous f‚cher avec la reine-mère. Il est vrai qu'à'steure elle ne peut vous faire aucun bien, mais en revanche, elle peut vous faire beaucoup de mal. Par exemple, mettre des espions sur la queue de vos serviteurs, et découvrir le jour, l'heure et l'itinéraire de votre évasion. Ce qu'en son ire elle pourrait bien redire au Marqués d'Aytona. Elle pourrait imaginer pis : un second attentement contre un de vos plus fidèles serviteurs.
    Je jetai alors un oeil en tapinois sur Puylaurens et constatai que cette hypothèse, comme bien j'y comptais, le rangeait d'ores et déjà de mon côté.
    - Mais que dirai-je à la reine-mère ? dit Gaston.
    - De prime, que vous vous reconnaissez tous les torts dans votre chamaillis.
    - Morbleu! dit Gaston les dents serrées.
    - Bah! ce n'est là, Votre Altesse, qu'une de ces petites cuillerées de miel dont votre auguste père recommandait l'emploi pour réussir une captatio benevolentiae.
    Je ne sais ce qui fit alors le plus d'effet sur Gaston, la citation latine ou l'autorité de son père, mais il ravala aussitôt sa rancoeur et dit avec un soupir

    437
    'Mr
    - Siorac, poursuivez, de gr‚ce.
    - Ensuite, vous apprenez à la reine-mère (qui doit déjà le savoir) que vous vous êtes engagé, par écrit, auprès du Marqués d'Aytona à demeurer cinq ans encore à Bruxelles, et qu'il y va de votre honneur de gentilhomme d'être fidèle àvotre signature.
    Lecteur, cela m'amusa fort in petto de faire dire cela àGaston, car, de sa vie, il n'avait honoré son serment, ou sa signature. Mais lui-même ne trouva rien à redire à cette comédie, étant inconscient de son inconstance...
    - Bref, conclus-je, vous ne vous évadez plus, vous demeurez à Bruxelles, heureux de tenir compagnie à votre mère en sa détresse.
    - Morbleu, mon cousin, dit Gaston, qui dans son enthousiasme mélangea quelque peu les métaphores. Votre plan est divin ! Par ma pensez-vous, Puylaurens ?
    - que le plan, Votre Altesse, est excellent, et qu'il sied de l'appliquer sans retard.
    Puylaurens me sourit alors, et je lui contresouris, tant je sentais combien il était impatient quant à lui de regagner Paris et d'y recevoir le duché-pairie que lui avait promis Richelieu, s'il réussissait à ramener en France le frère cadet du roi.
    foi, vous êtes le diable ! qu'en
    Instruit par ses précédentes indiscrétions de leurs mauvais effets, Gaston tint fort
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