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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales
Autoren: Robert Merle
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était si grande et si forte que vous eussiez pu lire un livre à sa clarté.
    Enfin, apparurent les hauts murs crénelés de La Capelle, ses tourelles et son m‚chicoulis, et à peine f˚mes-nous là que les trompettes se mirent à
    sonner l'alarme à l'intérieur de la citadelle, avec des lumières et des gens courant de tous côtés, et bientôt, je ne sais combien de mousquets apparurent aux créneaux pointant leurs canons sur nous, tandis qu'une voix forte hurla
    - qui va là ?
    - Monsieur, dit Gaston, je suis Monsieur, frère du roi.
    - Vous vous moquez! dit la grosse voix. Vous n'êtes en rien de ce genre !
    Et qui pis est, vous parlez avec un accent espagnol (ce qui fit rire la suite de Gaston).
    "
    Et vous osez me dauber, par-dessus le marché ! Escampez-vous d'ici, vaunéants, et dans la minute, ou mes mousquets vont faire de la dentelle avec vos tripes !
    - Votre Altesse, dis-je à Gaston, peux-je parler au gouverneur?
    - De gr‚ce, faites-le !
    Je m'avançai alors d'un pas et je dis
    - Baron du Becq, peux-je vous parler ?
    - En voilà bien d'une autre ! Comment sais-tu mon nom, spadassin ?
    - Parce que je suis un ami de Monsieur de Vardes, votre prédécesseur, à qui j'ai rendu grand service quand j'ai retiré son fils d'un très mauvais pas o˘ il s'était fourré.
    - quel mauvais pas ? demanda le baron d'une voix forte, mais, me sembla-t-il, avec beaucoup moins de hargne.
    - Monsieur de Vardes étant retenu en ses domaines de Normandie avait confié
    le gouvernement de La Capelle àson fils, lequel, grand niquedouille qu'il était, avait promis au comte de Moret d'ouvrir les portes de La Capelle à
    la reinemère si elle s'évadait de Compiègne. Ce que gr‚ce à Dieu j'ai pu, avec Monsieur de Vardes, éviter.
    - Monsieur, dit le baron d'une voix presque polie, quel est votre nom ?
    441
    - Baron, je suis le duc d'Orbieu, pair de France, et le gentilhomme qui en premier vous a parlé est bel et bien Monsieur, frère du roi, duc d'Orléans et comte de Blois. Il est porteur d'un passeport avec la signature et le sceau du roi lui permettant de rentrer en France. Si vous le désirez, je peux entrer seul par le pont-levis et vous montrer ce passeport.
    - Faites ! dit le baron du Becq, mais que personne d'autre n'ose avancer, f˚t-ce d'un pas, ou j'aurai le regret de lui tirer sus.
    C'était là propos encore un peu menaçant, mais à bien l'ouÔr, bien moins brutal que le projet de <
    faire de la dentelle avec nos tripes ".

    I2ouverture de l'huis fut si étroite que je ne l'eusse pu passer avec une bedondaine, et aussitôt que je fus sur place je tendis au baron du Becq le passeport que Gaston venait de me remettre. Le baron lui consacra un assez long coup d'oeil, ce qui me donna à penser que lire n'était pas son fort.
    ¿ ce sésame toutefois, l'huis s'ouvrit largement enfin et le baron mit un genou à terre devant Gaston qui le releva aussitôt en disant
    - Baron, vous n'avez fait que votre métier. C'est très bien, et ce sera mieux encore, si vous nous donnez à manger et à boire. N'ayant rien pris pendant les dix-huit heures que dura cette longue trotte, je me meurs de verte faim.
    Le lendemain, je me réveillai avec un catarrhe et une petite fièvre, et quand Nicolas me vint visiter,, je lui commandai d'aller dire au baron du Becq ce qu'il en était. Il ne vint pas, craignant que j'eusse au moins la peste, mais m'envoya le médecin de La Capelle, lequel s'appelait Marcellin.
    Et ce Marcellin, le mouchoir sur le nez, ne m'approcha pas plus d'une demi-toise et me pria de me dénuder, ce que je fis en disant 442
    - Rassurez-vous, Révérend docteur médecin, je n'ai ni bubon, ni charbons, ni pourpre.
    - Mais, Monseigneur, dit le médecin, comment connaissez-vous si bien les symptômes de la peste ?
    - Mon père, le marquis de Siorac, a fait des études de médecine en Montpellier et m'en a appris quelques éléments.
    - Et sur vous-même, dit le docteur Marcellin avec un sourire, quel serait votre diagnostic ?
    - Catarrhe avec petite fièvre.
    - Et le traitement ?
    - Ni saignée ! ni purgation ! Repos couché et petite dose de quinine.
    - Hélas! Monseigneur, je n'ai pas de quinine. Mais il y a une maison de jésuites à Vervins. Ils la reçoivent, toute préparée, de leur maison d'Amérique et ils la vendent malheureusement à un prix qui fait frémir.
    - Je vais donc de ce pas dépêcher mon écuyer à Vervins avec une bourse.
    - Monseigneur, donnez du ventre à cette bourse, sinon vous n'aurez
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