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Bastard battle

Bastard battle

Titel: Bastard battle
Autoren: Céline Minard
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faisant, frappe aux genoux deux hommes qui s’effondrent. Lors le gros se relève, la bouche en sang, furyeux, charge à corps perdu lance par devant. Brucelet la dévie de son torse par un coup d’avant-braz. Elle s’en va ficher à vingt pas. Et lors :
    — Paume de sagesse !
    Lançant sa main ouverte sur le poitrail de son ennemy, il prend un élan qui le porte droit, et souffle la grosse masse de l’homme désarmé, long de chemin, deux pieds en sus du sol. Et s’éboule à la fin le gros homme qui tape, toujours debout, sur un tronc de chêne, lequel d’abord encaisse, puis craque, et tous deux s’abattent dans un grand bruit de branches.
    Brucelet en deux bonds est à nouveau dans la place. Accroche l’air de ses doigts et du haut en bas, tire vers lui la force du ciel en miaulant derechef. Les deux gardes du bastard encor sur pieds, entendant cela et voyant le reste, jettent les armes et talonnent dans la plaine, plus vitement se peut-il que cerf chassé à courre poursuivi par les veautres.
    Quant à lui le bastard, sans qu’on le vît, s’était faufilé par dessous la guérite puis laissé rouler sur le bas-costé suivant la descente.
    Et ses hommes, bargouyllant dans l’eau glacée des fossés, fléchés par le haut, mordus saisis par en bas, clabaudent de sa race.
    Ainsi les voyant défaicts ou sur le point de l’être, Enguerrand assemble les chevaux pris, fait monter et armer ses chevaliers et ainsi par la porte de l’Eau sortent-ils à grand galop, bannière haute et claquante, sept samouraïs au soleil levant ! Nous aultres à pied, les suivant. Vipère-d’une-toise et son eschole, moy les boyteurs, Tartas claudiquant à peine atout ses tapeurs. Et dans le pré du faubourg des tanneries où s’était joué un tournoi pipé et trompeur, de vaincre nous prend la fureur. Et la fureur nous portant, nous chargeons fort, gueulant à toute gorge, beau langage des armes, bien sonnant, taillant et frappant à mille braz, de force décuplés, vironnés par mi moult gerbes de sang, trempés de rage et revanche, nous les pilons comme grains moustarde sur mortier.
    En petit d’heure, ceulx qui le peuvent se retirent en val-drague à vau-de-route par les chemins de Troyes, de Châteauvillain, par les champs, par la Suize en glissant, et les aultres par le ciel.
    Le bastard disparu reparut un instant, seul et lointain sur la plaine, déconfit mais toujours méchant morveux, il nous cria :
    — La peste vous emporte ! Vous verrez Boudricourt remis en place. Vous verrez le bon arroi des seigneurs légitimes et du roy. De cette ville que ce bailly n’a pas su défendre, il saura vous chasser, je vous le dys ! Croyez à la justice et grand bien vous fasse ! Crétins de pute extrace !
    Lors Enguerrand faisant mine de lui courir sus, on le vit piquer des deux et s’évanouir dans les boys.
    Icy, sur le pré des tanneries, aux six coups de midi, alors que le bastard tout juste s’en est enfui, par mi le rire immense qui nous prit comme un seul corps accordé, cette hystoire pourrait bien finir.
    Mais qui le peut dire ?
    Les sepmaines et les mois ?
    Les années ?
    Boudricourt recouvrit son baillage comme prédit.
    Vipère-d’une-toise dut laisser son dojo, emporta ses escholiers par ailleurs, partout si j’en sais, fors la contrée.
    Le bastard se refît. Pilla le Berry.
    Son frère Guy fut appelé par le roy en Guyenne et pensionné, établi capitaine général de baronnie.
    Enguerrand retourna dans sa capitale de Valence, se devient, à tout honneur, revoir sa belle.
    Ceulx de Chaumont, Jeannette le Rosty, Vuillemin Gras Pourcel, les gens des estuves et tous tisserands ou tonneliers, tous mes gens de bonne boyte, demeurèrent en leur ville, à leur mestier. Item la Florinière qui se fit grand renom aux abbatoirs bouchiers.
    Tartas et Oudinet s’en furent tous deux ensemble en campagne, l’ung pour combattre, qui n’avoit plus que l’estour dans le sang, l’aultre un bout de chemin seulement, à fin de revoir Ventadour et son pays d’Excideuil où chante alouette dont le chant le gêne.
    En l’an mil quatre cent trente-neuf, trop gêné, il revint en Bassigny et trouva sur son chemin Dimanche-le-loup et Billy. Se tinrent alors tous trois en virons de Bourgogne, à jouer en pipant, à desrober en passant, à pelauder suivant le vent, mangeant bien, buvant mieux, à toutes bonnes auberges, sans ja plus s’engager que pour eulx-mesmes.
    Et furent pris en l’an mil quatre cent
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