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Bastard battle

Bastard battle

Titel: Bastard battle
Autoren: Céline Minard
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Fagotin fronce le nez : ça n’est point du gourretz. De faict, c’est un fagot pour sorcière, encore brûlant, qui empuantit l’air. Sur le pieu, un corps racorni pendouille, dont la teste s’est détachée. Le bastard a dû icy faire grailler ses brochettes. Entour, deux bâtis aux huis épargnés, sans lumière, d’où sortent grognements et ronflements : le quartier maistre. Tartas emporte du bois, en cerne les deux masures et chascun un brandon, on y boute le feu. Et repli au pas de course derrière la chapelle où sont nos chevaux et vitement par la grand rue vers la Louvière où sont les leurs. Les bâtis s’enflamment jusques aux deux, on entend les hurlements des lieutenants et petits capitaines qui sortent se rouler dehors devant le bûcher où ils ont arsé le soir mesme, par plaisanterie, un corps vif et sans doulte bien faict. La roue tourne. Le vent item, portant leurs cris aux oreilles des échauguettes qui gardent le pré de la Louvière. Ils sont cinq, trois qui sortent d’une écurie, deux en armes au pied des barrières. Tartas galope sur l’estable, en débezille deux d’un coup l’ung devant l’aultre et randonne le troisième qui s’ensauve les braz levés criant pitié ! mercy ! À sa Morning Star est accrochée une oreille attenant un bon morceau de cuir. Je suys sur les piétons. Ils portent des guisarmes et ferraillent dans l’air ce pendant que j’accours, passe entre les deux, mon baston tenu au pommeau, fermement, qui d’un élan au galop les frappe en pleine gorge et si fortement que je dois les secouer pour qu’ils détachent. Tournant bride, je vois Pierrot Fagotin ouvrir grand les barrières et passer dans le pré à pousser les cavales. Tartas gueule en moulinant sa masse. Il n’arrive pas à faire tomber l’oreille. Pierrot rigole de toute sa panse, à fond de train au cul des derniers chevaux qu’il affole avec sa torche. Au bourg, l’alerte donne et lors de toutes parts sort la piétaille, en chausses, en chemise, en purette ou en armes, comme des rats dans la nuit, en grand nombre, couinant, collés aux murs. Pierrot Fagotin, pris par son erre, s’élance en piquant des deux dans la pagaille de la grand rue, comme un fol, emmi quelque cents routiers, il passe le brandon haut levé cherchant le bastard, gueulant à toute force, tout courant. Tartas et moy par l’extérieur du bourg, filons comme des traicts. On le voit issir dans les Roies Bitorses, droit en selle, le flambeau en étendard, toujours courant mais lors qu’on l’atteint, il y a dans son dos plus de vingt flèches. Devant nous, laschant son brandon, il s’affale sur le col de son cheval. Je prends les rênes, vitement on l’entraîne, coupant par la Haie, les champs Jobard mais dans les bois, il vide les estriers.
    — Foutre-dieu, j’ay voulu trop en faire ! Alléluia ! Denysot ! Oh, le Hachis ! Viens par là !
    — Je suis là Fagotin.
    J’y suis, je tiens sa teste dans mon giron. Les flèches lui ont traversé le ventre. Je mets mes mains doulcement sur ses épaules. Il veut parler. Il dit :
    — Copain, c’est grande grevance mais je vais rester là. Escoute, ma cave rue des Poutils, elle est à toi. C’est un legs, grillon.
    Et moi je lui responds que j’accepte, d’accord, que c’est ce qu’il y a de bien dans ce pays : qu’on peut entrer dans la cave sans passer par la maison. Il sourit, l’instant d’après il est mort.
    Tartas met pied à terre et le couche sur son cheval, au travers de la selle. Gentillement, il prend la bride, allez va ! Et au petit trot, nous refîmes le chemin par le bord de la Suize.
    Ce matin-là, le ciel plut sur la vigne qui plut sur la terre. Et moy avec eulx.

7
    Au chasteau la vie continuait. En bon arroi. Billy se contentait : ses tisserands avaient l’œil et la main accordés, ils fichaient une pièce jetée à cinquante pas. Les sabreurs d’Akira savaient leurs douze katas et l’art de ne point ferrailler à tout va mais lier en un geste défeurrer et trancher. La Florinière était en cela la plus fine et vive. Implacable, elle s’exerçait tous les jours plus long que les aultres. Coupait en forêt des baliveaux gros comme un homme, dans une sorte de recueillement magistral, et le soir, passait l’huylle sur son arme pour en conserver le fil. One shot, disait-elle, pour le reste, ne disait rien.
    Tartas et moy, nous avions narré par le détail notre faulsée à Villiers-le-Sec. Pierrot Fagotin était enterré dans
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