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Bastard battle

Bastard battle

Titel: Bastard battle
Autoren: Céline Minard
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l’église. Cesdits bourgeois qui chantaient dans l’église. Et faisaient ainsi résonner une musique de foi de trouille qui écorchait à mort les oreilles du bastard de Bourbon. Car depuis qu’il avait échappé de justesse au sort commun des cadets et bastards, ainsi abjuré ses vœux en hurlant de rire, renoncé à son canonicat et suivi sur les routes son beau-frère le magnifique Rodrigue de Villandraando qui entrait vainqueur tout armé dans les cathédrales mêmes et posait fièrement son cul à la place de l’évêque même et chantait les psaumes sans sourire après s’être lavé les mains dans l’eau bénite, depuis qu’il avait vu de ses yeux la dépêche de la reine elle-même prier le soi-disant comte de Ribadeo, Rodrigue de Villandraando, de ne pas pénétrer dans la ville de Tours où elle s’était retirée, Aligot le bastard ne souffrait plus ni mention de dieu ou de diable ni chant ni hostie, calice, pourpoint de prêtre ou odeur d’encens. Les églises lui servaient d’étables, les reliquaires de pétrins, il forçait les femmes sur l’autel et chiait dans les chaires ouvragées. Ni église ni couvent ne restaient pierre sur pierre après son passage mais tout ars au contraire et détruicts jusqu’à terre.
    — Lestrac, fais-moi sortit ces rats ! Fais-les taire, fais-les sortir ! Étouffez les torches, je veux la place tout entière !
    Ils sortaient comme du bétail, poussés par les brandons mal éteints, criant pitié, à genoux, traînés, morveux pour la plupart, suintant la peur. Les hommes du bastard, eschauffés par leur veulerie, se les renvoyaient comme des balles pelote. Joués à l’épée, à la masse ou au baston, les gueux rebondissaient contre les murs. Par erreur, une tête sauta en l’air – un mauvais coup de paume – ce fut comme un signal. Bourgeois et marauds s’affolèrent tout à fait, se mirent à courir sans façon, sans but, s’assommant eux-mêmes aux chambranles ou se jetant tout net sur les compaignons hirsutes qui les lardaient au passage. Le seuil de l’église fut bientôt glissant, rose. Sous la tour de l’horloge, les plus malins qui tentaient de passer la porte étaient emboutis d’un seul coup par la teste. Leurs corps faisaient un monticule. N’eussent été les ordres du bastard, on les eût arsés sur le champ. Ni les vieillards ni les enfans n’en réchappaient. Il y en avait dès lors une bonne Xllzaine dans le puits, jetés-là comme des balles de foin, si légers. On les entendait crier du fond, puis de moins en moins, puis plus du tout après qu’y soit précipité quelque moellon. Dans les maisons, les coffres étaient éventrés, vidés, la vaisselle brisée balancée dans la rue, les étoffes jetées aux fenêtres.
    Pour le jeu du bastard on cherchait les couples et une bonne huche à rabat, solide.
    On les lui amènerait dans la plus belle salle de la meilleure demeure et devant le feu, au centre de ses hommes, il ferait mettre le mari dedans, la femme dessus et la forcerait d’abord devant, ensuite derrière, la dague à la main en demandant toujours combien pour ta femme, quelle rançon pour ta femme, combien donnes-tu pour son pucelage ? S’il ne disait rien et se contentait de pleurer, supplier ou maudire, l’homme était sorti de la huche et découpé. Combien pour ta main ? Rien ? la main était tranchée. Combien ta jambe ? Si peu ? Tranchée. Combien pour tes génitoires ? Rien ? pauvre homme !
    Mais si pour sa femme il proposait sa fortune, il était sorti, l’espouse jetée à sa place et lui prenant la sienne. Combien, bonne femme, pour le cul de ton maître ? Combien de florins, combien de bœufs ? Et l’homme, à son tour, forcé par le bouc, écumait de douleur et de haine sur la huche qui tanguait. Depuis deux mois, j’avais vu le jeu six fois. Il durcissait la troupe dans ses chausses.
    Chascun ensuite y allait selon sa préférence. Viande froide, viande tiède, viande creuse ou pleine. Viande bastonnée, hurlante, attendrie par la terreur, adorée, mutilée, vautrée à outrance, boutée, giclant à mort. Une vraye passion.
    Mais pour l’heure, on s’amusait dans la cour. Chantez paniers, vendanges sont faictes. L’église était évidée, toutes les âmes rôtissaient dans la cour. Boudricourt avoit disparu quelque part. Et de ma chambre esseulée, j’oyais le bruict de l’homme discret qui soulève la tapisserie pour s’y cacher. Les donjons sont pleins de secrets passages,
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