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Bastard battle

Bastard battle

Titel: Bastard battle
Autoren: Céline Minard
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poils se dresser par tout le corps.
    La démone, debout dans la lumière hivernale, ne frissonne ni d’en haut ni d’en bas. Elle tient en main une hallebarde au fer rutilant, garnie en garde d’une étoupe rousse comme queue de goupil. La troupe en baye. Le bastard n’a pas relâché sa mâchoire mais sa main a frémi sur sa dague. Il tape son bouclier du plat, la troupe débaye. Les archers arment et tirent au second coup, à l’unisson. Trois cents flèches volent vers la démone. Immobile, ne fuyant, ne mouvant ni pied, ni bras, ni cil, elle semble attendre infiniment la volée morteuse. Mais à son heure, au juste terme d’être percée de toutes parts, elle s’élance, sa hallebarde s’élève et tourne en moulin fol, par en bas, par le ciel, par l’horizon. Les traits bondissent en retour, filent à l’envers à rebours, éclatent sur son arme, dégringolent à ses pieds. Par trois sauts enroulés en l’air, déroulés en l’air, repris à l’est et à l’ouest, elle fait place nette de la nuée de trois cents flèches. Je l’ai vu.
    La troupe l’a vu, le bastard l’a vu qui s’est jeté sur elle en force, à toute furie ce pendant qu’elle ramassait un trait au sol et lissait son empennage entre les lèvres. À la main, elle lui décocha cette dite flèche dans la cuisse avec telle force qu’il dût plier le genou et baisser la garde. Alors elle se lança du porche et son pied fourche vestu de blanc se posa sur le bouclier du bastard et l’autre sur sa teste nue et ainsi, se donnant un branle esbayant, partit dans les airs et s’envola sur le toit de St Jehan. De là, par les voliges, sautant les ruelles, courant sur les murs, disparut au diable.
    Prochement, on entendit la porte de l’Eau jouer sur ses gonds. Le bastard qui tenait la flèche dans sa jambe, l’arracha en hurlant qu’on la ferme !
    Ainsi décida Aligot de Bourbon, capitaine des Escorcheurs, ce jour dix de décembre mil quatre cent trente-sept, de repairer à Chaumont où le diable habitait. Néanmoins, ce dit jour, à la brune, n’y furent donné ni les fêtes ni les feux accoutumés aux bonnes prises. Non plus ne fut joué le jeu de la huche.

2
    Cette même année, le bastard de Bourbon fit remparer et fortifier la place. Puis en sa convalescence, se complut aux belles lettres. C’est à savoir me fit mander chaque matin à fin d’examiner le Bréviaire des Coquillards pour l’exécution duquel j’avais été, oultre ma dextre au baston, épargné dans le clos des Riceys. J’avais dèslors composé les vidas de magnifiques capitaines soient Brocard de Fenestrange, Mérigot Marcès, Arnaud de Cervole dit l’Archiprêtre, Robert Knolles, Matago et aultres, en beau langage bien françoys, bien sonnant. Haimi, ce bréviaire de bel ouvrage fut emporté avec le bastard. Nollent qui fuera.
    Il m’en souvient néanmoins de certains. Tel Mérigot Marcès qui fut en feuillet au regard du beau mois de mai dans lequel, par tradition, il convient d’arser les blez verts aux champs, desrober tous bien portatif comme devant, forcer pucelles à vigueur redoublée, gresler tout fruit pendant et passer par tous bois et champs cultivés en grand bobant de sabots et pousser troupeaux en avens profonds. Ceci, je l’avois peint en belles couleurs vermeille et bleutées, suivant la réglure et selon les principes du très savant moyne Théophile en son traité De diversis artibus, pour fin d’agréer la vida de Mérigot ainsi faicte :
    Mérigot Marcès fut un chevalier du château de Limousin de la région d’Excideuil, escuyer et fils aîné d’Aymerie Marcès et de Marguerite d’Ussel. Bon chevalier il fut d’armes et beau de la personne il sut mieux tailler que penser ni que dire. Et il se réjouit beaucoup en service d’amour honorable pour Mariotte, dame de Provence qui l’aima longuement et lui elle. Et il fit beaucoup de bons coups de tresgeter en Auvergne et Périgord et prix Vendeix pour l’amitié du comte d’Armagnac dont il était aymé de même car en tous faits d’armes il le sentoit subtil et appert pour embler et eschieller forteresses ou pour donner conseil. Son oncle, Guillaume d’Ussel, bon homme d’armes, se fourfist par outrecuidance et reperdit Vendeix et par vraye traîtrise son cousin sire de Tournemire le fit prendre lié par le roi. Il eut la teste coupée et le corps tranché et fut exposé par morceaux aux portes de Paris.
    À force de lire si bonnes histoyres et grands faits des figures
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