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Bastard battle

Bastard battle

Titel: Bastard battle
Autoren: Céline Minard
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guerre à billette. Il se présenta comme tel :
    — Enguerrand à la charrette, pour vous desservir si vous persistez à mauparler aux dames qui vont désarmées sur les routes.
    — Désarmée, c’est bien beaucoup dire chevalier. Ne l’avez certes pas vu à l’ouvrage.
    — Que si ! C’est vray.
    Par devers moi se plaçaient six ou dix hommes sortis des bois que je devinais armés de faux et vilains coléreux. Je me tournai et m’avançai vers eulx de mon pas souple d’ivrogne, ballotant mon baston ci et là comme on bat la campagne. Ce que voyant, perdant toute prudence, les huit me fondirent dessus sans vergogne. Tapant dans le ventre et la teste, prestement, je fichai les deux premiers à terre puis enchaînant les passes courtes, tibia, flancs et côtes, deux aultres qui m’avaient débordé par derrière. Je tombe de mon long, roule sur mon dos, sans me lever balance ma perche à gauche et à droite, casse un genou et une cuisse, et d’un bond en sautant debout une épaule ce pendant que j’esquive un coup de faux si fortement porté que l’élan entraîne le tapeur à sa suite. Je lui fiche une bonne plamuse sur la teste. Je saute de côté. Ils ne sont plus que deux qui maintenant se méfient et reculent pied à pied. Je tangue en faisant bouger mon baston sous leur nez. Ils se crispent. J’arme mon bras pour un coup fichant et je vais le lâcher quand je sens à travers ma chemise le froid d’une lame piquée entre mes omoplates.
    — C’est assez !
    À l’étoupe qui me chatouille le dos, je reconnais vitement la hallebarde de la démone. Incontinent je lui dis :
    — Avant de mourir, puis-je savoir de quoi est fait votre pompon d’armes ? Serait-ce queue de goupil fricte en réalgar et orpiment et salpêtre et chaux vive, trempée en lessive de pisse et d’eau merdeuse, essorée en culotte de lépreux et séchée à lune pleine une nuit d’équinoxe ? Ou serait-ce un chiffon de haut-de-chausses arraché en souvenir à un amant infidèle ?
    — Ni ung ni aultre. C’est chevelul d’Angloys enlagé. Tué et scalpé en honneste bataille.
    — Amen ! dit le chevalier.
    Elle fit signe aux vilains de se départir, ce qu’ils accomplirent sans se faire prier, et je sentis le fer de sa hallebarde quitter mon entredos avec quelque soulagement. Me tournant, je ne la vis plus. Seul le chevalier demeurait dans la place.
    — Tu peux dire à ton maistre que je te laisse vivre eu égard à ta dextre, drunken master, quel est ton nom ?
    — Denysot-le-Clerc dit le Hachis, aussi Spencer Five comme illustrateur et copiste. Mais je n’ay maistre mon sieur, je vais où le vin me pousse.
    — Puisse-t-il te pousser mieux ! Les jeux du Bourbon sont morteux et cruels, indignes de vraye chevalerie. On en parle emprès Paris comme d’un bastard traîtreux sans honneur ni pitié.
    — Ce qui est vray. Mais ses gens sont nombreux.
    — Garde la place. Atout six hommes, je les arrête au bout de ma lance.
    Et comme il me tendait sa gourde qui n’était pas d’eau fraische, je lui dis sans penser :
    — J’en suis !

3
    Un FOL  ! me dit Tartas quand je lui contais la rencontre.
    — Quant à la Jaunisse, elle devrait prendre garde, je says de nouveaux lieutenants qui ne pensent qu’à l’encontrer pour lui donner l’estrapade. Ton bastard en songe la nuit et iceulx songent de le combler.
    — La Jaunisse ?
    — Vipère-d’une-toise, comme tu dis. Les compaignons s’en parlent comme de la Jaunisse à cause de sa tunique ou de son visaige, paraist-il qu’il est jaune. Bon.
    Il prend du chapon farci dans le platz, un grand bout, et se tait pour mieux mâcher la viande.
    — Bon, il reprend. Mon bastard lève le camp demain pour le sud. Mais moi, je n’ay guère envie de quitter ce pays, la volaille est trop à point. Époisses et Langres et vin, je m’adopte. Qu’en penses-tu mon amy ?
    — En nul aultre lieu tu ne trouveras chère plus grasse et mieux faicte ! Le pays est riche, rude d’été et d’hyver mais donnant. Si l’on pillait censément on garderait la teste au frais et les coilles au chaud pour le moins tout un an.
    — Peut-être. Mais pour ce, il faudrait un bastard moins carnageux. Icelui brûle et tue ce qui bouge quand même on pourrait le cuyre tendrement et servir à gaudeamus et divertissements de table. Je hochai la teste car je l’avais vu, le Bourbon, percer des muids de beau piot qu’il laissait répandre pour seul plaisir d’ouïr geindre
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