Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Bastard battle

Bastard battle

Titel: Bastard battle
Autoren: Céline Minard
Vom Netzwerk:
seigneurs s’étaient écharpés dent pour dent.
    Lors d’un conseil des lieutenants du Bourbon tenu au donjon de Chaumont peu après l’engagement de Billy, icelui avait narré par le détail les prises et retournements des deux parties. Le discord entre les seigneurs de Vergy et de Châteauvillain était grand et prenait sa racine dans une hystoire pourtant peu avérée mettant en cause deux aïeules très anciennes : Isabeau de Flandres, fille de Marie de Flandres d’où descendent tous les Châteauvillain, et une non moins noble dame nommée châtelaine de Vergy. Icelle, au temps de vraye courtoisie, très belle de sa personne et nièce chérie du duc de Bourgogne, avait pris pour amy de cuer un chevalier de sa cour, bien beau et valeureux hardi et fort reconnu et aymé du duc pour sa constance et loyauté. La châtelaine de Vergy et le chevalier se portaient un grand amour sans faille de fine amor tissé, que la dame voulut garder secret. Pour ce, ils convinrent que le chevalier viendrait tous les jours dans un verger derrière sa chambre et qu’il attendrait là, à l’heure fixée et sans bouger, qu’elle lâche un petit chien comme signe certain qu’à ce moment il n’y avait personne chez la dame, fors elle-même tant seulement. Ainsi firent-ils et l’amour fut doux et tendre et nul n’en sut rien. À fin de bien sceller le pacte, la châtelaine de Vergy avait mis une condition : que le jour où il dévoilerait leur amour, le chevalier le perdrait aussitôt, aussi l’octroi qu’elle lui avait fait de sa personne.
    Or, et c’est icy que le bât blesse pour les Vergy, l’espouse du duc de Bourgogne, fille de Marie de Flandres icelle aïeule de tous les Châteauvillain, s’éprit fortement du chevalier et lui fit moult claires avances qui furent à son grand dam repoussées. Cherchant la cause ailleurs que dans sa personne, elle découvrit l’amour secret du chevalier pour la châtelaine de Vergy. Le cuer ulcéré en grand courroux, elle ourdit une vengeance telle que, trompant le duc sur la loyauté du chevalier qui dédaignait son corps, elle poussa icelui à rompre son serment amoureux pour ne point rompre son serment d’allégeance à son seigneur. Ce qu’apprenant, la dame de Vergy perd le sens et la vie de trop de douleur et le chevalier, la voyant morte, se plonge une épée dans le cuer.
    Cette hystoire, connue de longue date et mise en vers par quelque trobar, Jean de Vergy l’avait faite chanter à la noble feste le banquet du faisan pour flétrir les Châteauvillain ci-présents. Iceulx firent fort triste mine de ce record déplacé et soutinrent avec force qu’en cette affaire la seule dame de Vergy était à blâmer puisqu’elle avait contraint son amant à prêter un serment qui contredisait celui qu’il devait à son seigneur envers qui aulcun chevalier digne de foy ne saurait celer quelque convenant secret que ce soit.
    Jean de Vergy se courrouça de l’insolence et renversant tout son vin sur la table, dit que les femmes de cette engeance, à l’image de la félonne et adultère et parjurée Isabeau de Flandres espouse déshonneste du duc, étaient toutes plus ou moins des putains rouées et viles bagasses.
    — Et sans chercher plus loin, il n’y a qu’à voir la grand-mère de votre bonne femme, quelle riche salope ce fut qui creva pas moins de quatre maris dont l’un fut des pires brigands qui soient, je dis Arnaud de Cervole et le dernier son malandrin d’escuyer sans noblesse ni mérite sinon certes celui de son vit. À quoi Guillaume de Thyl, seigneur de Châteauvillain respondit non moins courroucé, que si la châtelaine de Vergy était tant blanche et pure et si fortement versée en courtoysie, qu’on lui dise quelles causes l’avaient poussée à se faire boter en cul, en con et aultre sous le sceau du secret et non point sous le sacrement de l’église comme il se doit.
    — Chapon maubec ! lui dit Jean de Vergy, la tradition des fouteurs de veuve t’a par trop gonflé d’orgueil mal placé. Ton père n’était qu’un damelot de Thyi-en-Auxois dont la seule bonne prise fut celui du pot de sa femme qui lui fit don de tout par lubricité et paillardise, y compris ses terres et son nom. Un bastard aurait plus de raison que toy à se dire de noble lignée !
    — Et j’entends bien, respondit l’aultre, pour quoi vous me resservez de ce platz avec cette hystoire de châtelaine de Vergy qui n’est aultre que fable diffamante, affabulation de
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher