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Bastard battle

Bastard battle

Titel: Bastard battle
Autoren: Céline Minard
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s’étaient montrés ce qu’ils sont, à savoir maraudeurs, guettes-chemin et bandouliers vulgaris. Laquelle précision le fit soudainement revenir en bonne grâce dans l’esprit du bastard. Enfin, il soutint qu’aulcune polidque ne l’émeuvait sinon celle de sa bourse et qu’il se savait sans défault ni angle mort hormis les déz et les filles. Puis il dit son prix et ses conditions, lesquels lui furent accordés sans bronchement. Après quoi, Aligot lui demanda :
    — Et ce compaing qui court avec toi, que vaut-il ?
    — Pas grand-chose mon sieur. C’est pourquoi je vous le recommande, il ne coûtera mais. C’est un faulx-saunier doublé d’un pipeur. Il m’a plumé jusqu’aux braies que je porte au jeu de berlan et au glic. Je le garde par devers moy, le temps de les ravoir. Icelui se nommait Dimanche-le-loup. Il avait l’œil torve et vif et la main légère des vrays joueurs de métier. Portait un surcot limé à corde et de beaucoup trop large, garni sans aulcun doute de plis bien cousus où moult bourses pleines avaient dû trouver leur place en leur temps.
    Item, on le prit.
    Sur quoi, Guy de Bourbon félicita son frère pour ses nouvelles recrues, lui refit ses adieux et mit en branle sa troupe sur le chemin de Troyes lors que le jour commençait à chauffer les bois. La poussière n’en était pas retombée que le bastard fit mander Billy et lui ordonna brutalement de mettre en terre les cinq braves qu’il avait mortis. L’autre se rebéqua en disant et que ce soit clair, que de tous les chiens couchants qu’il avait pu occire, il n’en avait enterré aulcuns, qu’il était en service pour la course mais qu’au reste, il n’était ne son serf, ne sa biche. Ainsi le dit-il. Et ainsi le bastard, une fois n’est pas coutume, se le tint pour dit.
    Tartas me poussa le coude dans les côtes sur le rempart. – Cestui-là, il faudra lui parler.

4
    En droite heure, les courses reprirent.
    Cette année mil quatre cent trente-sept, en fin de juin, il y eut si grand foyson de chenilles qu’ils dégastèrent tous les arbres. Le fruict failly partout. On ne trouvait ni nèfles ni pommes de boys, nulle noys ne nulles amandes. Le blé, l’orge, les fèves menues, les poys, l’huylle étaient vendus à forte monnaie, très cher. Seuls les seigneurs pouvaient s’en procurer encor. Les gens de peu, les laboureurs, les petits métiers et petits marchands, item les gens d’église se rabattaient sur les mauves, les sauves, la pareille et les orties qu’ils mangeaient sans pain, à l’eau et au sel ou rostis. Mais qu’importait au bastard ? Il rançonnait sans désemparer. On payait, c’était bon pour lui, on mourait, c’était bon aussi.
    Nous courions en plus des terres, villes et villaiges, les bois où s’élevaient des gouretz et aultres bestes à pied fourche. À Marac, il s’était trouvé un grenier à grain pour être encor mi empli. Nous l’avons pris. Et porté le tout dans un moulin sur l’Aujon alentour Arc-en-Barrois. Trois charretons de blez, comme en procession. De dedans les maisons, on nous regardait passer. Ces gueux-là n’avaient pas vu de pain depuis un an ou plus, ils crevaient de faim mais le moyen de nous arrêter ? Au moulin, on mit la meule et le meunier dessus, à corvée, trois jours de long. Quand ce fut fait, deux lieutenants s’en chargèrent et le pendirent à un poirier dans sa cour. Sous les œilz de sa femme et de ses petits, au brindestoc on lui desrompit les membres. La femme était grosse, elle fut prise de diablerie et roula par terre en bavant, hors de sens. Le bastard la mit aux ceps et lui sortit son enfan par le ventre. Un petit paquet de sang. Icy, je vis Tartas empoigner d’un coup sa masse et prendre élan. Emmi tous nos compaignons, ce n’était ni bonne heure ni bon lieu, je lui envoyai mon bourdon dans les jambes. Tartas dans ta gueule claquedent, ils sont à moi ! Et d’alée j’occis virement les rejetons du meunier. Aligot m’en sourit, d’un souris dégoustant. Au départ, on brisa la meule.
    Ainsi passait notre temps. Plus le gain était maigre, plus l’art était cruel.
    Le mercenaire Billy avait racheté ses braies, guère mieux. Il regardait le bastard d’un mauvais œil. Il lui avait dit comment la guerre était née entre Vergy et Châteauvillain dans les années trente du siècle, comment le duc de Bourgogne s’était entremis puis comment, sous couvert de politique françoyse regardant tout le pays, les deux
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