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Bastard battle

Bastard battle

Titel: Bastard battle
Autoren: Céline Minard
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vignes.
    La rumeur disait que le bastard était au loin, par-delà Troyes ou Auxerre. Le temps filait doulcement. Nonobstant, un espionneur était dépêché et relevé chasque jour en la grotte cachée en surplomb à la fourche des deux rues haute et basse du faubourg des tanneries, pour le guet de la Suize. Pour les aultres, un par porte et tour de muraille quatre fois le jour. La nuit sans torche. Mais cependant le mois de septembre passa sans alerte comme j’ay dit, et ce fut bon car clémente la saison, tous orages d’août trépassés, nous avions des soleils couchés rutilants et faériques, des soleils levés à doulce rosée, des jours suspendus, sans vent, tendus de bleu et nuages blancs.
    Avec Pierrot Fagotin, nous goustions le primeur, veoir comme il se faisait. Et devisions à recoi, pieds au mur, panse au chaud et teste au tonneau. Ce rustre ne l’était pas tant qu’on ne pût mener avec lui quelques converses de bon aloi, relevées. Pour autant, se devient à cause de son métier de tonnelier, il estoit plus de conserve que le roy et souventes fois engrangeait mieux qu’il ne pouvait mâcher ou licher. Sur tout aimait la pierre et les biens immeubles, dont sa bâtisse rue Chaude et s’étonnait grandement que je sois devant lui emmi ma fortune : en drap et portant mon baston, aulcun baluchon.
    Me disait :
    — Compaing, tu es libre et parfois, je t’envie. Quand le vin me monte. Mais le moyen d’en trouver en tous lieux ? d’avoir cheminée et rosty assuré ? vie certaine, les ans devant soi ? Tu es un grillon ! L’été tu crèves, l’hiver tu gèles, sec et noir comme un écou-villon, et froid au cul quand bise vente.
    Et moy, tastant le vin derechef, je respondais :
    — Ne says-tu pas que ja deux fois dans le mesme fleuve on ne se trempe ? De ce que tu possèdes, qu’en as-tu sinon au mieux l’usufruict ? Que crois-tu emporter l’heure dite et venue ? masure et tonneaux ? À peine tes guietres mon beau, ton souris si la camarde te l’abandonne. Ne ton cuir, ne ton jouis. L’homme ne tient rien qui ne file et s’ensauve, pas mesme son temps. Or vois-je bien, tout va, tout vient : tout venir, tout aller convient, fors que bienfait.
    Sur quoi mes gens de vigne s’écriaient :
    — Hola ! ressers-nous Pierrot Fagotin, ce fleuve non plus ne nous trempe ja deux fois pareillement ! Voyons s’il ragouste et comment, sur le fruict ou sur l’espice ? Voilà pour nous, les beaux jours. Et mêmement pour chasque samouraï. Billy au déz, au jeu françoys aux estuves, à dancer. Akira à ses katas, matinet, en forêt. Enguerrand à étinceler et fourbir. Dimanche-le-loup à couler argent à recuire. Vipère-d’une-toise en son dojo, à la voltige. Tartas aux fourneaux.
    Les paysans vivaient dans les murs comme bourgeois, ni labour ni moisson. Les gens de commerce, boutique vide, en vacance. Les artisans aux murs et aux armes mais bien nourris, bien abreuvés, exemptés du guet. Les estuves à bon plein, ce par goût, sans nulle aultre monnoye que celle des corps, à plaisir.
    Ce tout prit fin au troisième jour de novembre mil quatre cent trente-sept, belle vie et doulce attente, en mesme temps par deux chemins divers. Pluye au matin et l’espionneur signa trois cavaliers emprès la Suize, éclaireurs du bastard. Akira confirma. Billy les avoit itou dans sa mire. Mais pour l’heure, on ne sonna point le branle-bas. Oudinet volontaire, Akira et moy nous départîmes pour les cueillir prestement. Par la poterne et par l’escarpe des vignes, nous atteignîmes le bassin emprès du gué où les trois chevaux liés buvaient en bougeant les oreilles. Me grimpais sur un arbre, Akira dans les pattes des bestes, immobile. Oudinet en retrait, prochement d’un buisson. Lors nous attendîmes. Assez long. Enfin le vent nous porte un bruict de pas. Nous les voyons. Ung par devant, ung gros, les aultres par devers, sans défiance. Oudinet défeurre, emporté, se jette sur l’homme devant lui et le tranche au costé. Icelui crie et choit. Les deux aultres alertés pressent le pas, brandissant hache d’arme et fléau. De sus mon arbre je lance mon baston par un bout dans la nuque du fléautier qui passe là, craque, et lui tombe sur le coffre d’où sort un souffle long comme le braz. Puis debout sur sa panse, le bastonne comme je says, menuement du haut par le bas. Le troisième gaillard va sur les chevaux. Il est en train de délier les trois d’un coup, d’une main tremblante,
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