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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève
Autoren: Max Gallo
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l’horizon
réapparaître son étoile. »
    Mais il ne doit pas dissimuler aux cadets la vérité :
    « En Afrique du Nord, les inadmissibles compromissions
des Alliés avec les anciennes autorités de Vichy s’éclairciront sous la
pression irrésistible de l’opinion française et des mouvements de la Résistance »,
dit-il.
    Il répète :
    « Vous êtes la vraie France, c’est-à-dire la France
Combattante. »
     
    Lorsqu’il arrive à la gare de Londres le lendemain, 25 décembre,
les officiers de son état-major sont nombreux sur le quai pour l’accueillir.
    « Darlan est mort », lance l’un d’eux.
    Abattu cette nuit par un jeune homme, Fernand Bonnier de La
Chapelle.
    « Une exécution », dit un autre officier.
    « Nul particulier n’a le droit de tuer en dehors du
champ de bataille », murmure de Gaulle.
    À Carlton Gardens, on apporte une nouvelle dépêche selon
laquelle Bonnier de La Chapelle aurait été jugé dans la nuit et fusillé à l’aube.
Des rumeurs font état d’un complot monarchiste conduit par Henri d’Astier de La
Vigerie, le comte de Paris et un prêtre, l’abbé Cordier. Bonnier de La Chapelle
n’aurait été que l’instrument de la conspiration. D’autres sources accusent les
« gaullistes » d’avoir armé Bonnier de La Chapelle.
    De Gaulle, d’un geste, écarte cette calomnie.
    Il interrompt un officier qui parle d’« assassinat »
de l’amiral.
    « Darlan n’a pas été assassiné, dit-il. Il a été
exécuté [3] . »
     
    Il ignore les circonstances de l’exécution, mais il avait
prévu que « Darlan serait exécuté un jour ou l’autre ».
    Il interroge les membres de son état-major. Tous sont
satisfaits et persuadés que la voie est enfin ouverte pour la France
Combattante. Il secoue la tête. Ce sont les Américains qui ont les mains libres
pour imposer leur solution, qui n’était pas Darlan – « un expédient
provisoire » –, mais Giraud, dit-il.
    Et d’ailleurs, voici qu’on annonce que Giraud vient d’être
nommé commandant en chef civil et militaire avec tous les pouvoirs, et que des
résistants gaullistes sont arrêtés, ceux-là mêmes qui avaient aidé au
débarquement des Américains.
    Il pourrait se laisser aller à l’amertume, mais, comme l’a
écrit Brossolette, il n’est pire politique que celle qui naît de l’amertume.
    Il va envoyer un message à Giraud. S’il reste une seule
chance de réunir les forces françaises, il faut la tenter. Il dicte.
     
    Londres, 25 décembre 1942,
    « L’attentat d’Alger est un indice et un avertissement.
    « Un indice de l’exaspération dans laquelle la tragédie
française a jeté l’esprit et l’âme des Français.
    « Un avertissement quant aux conséquences de toute
nature qu’entraîne nécessairement l’absence d’une autorité nationale au milieu
de la plus grande crise de notre histoire.
    « Il est plus que jamais nécessaire que cette autorité
nationale s’établisse.
    « Je vous propose, mon général, de me rencontrer au
plus tôt en territoire français, soit en Algérie, soit au Tchad… »
     
    Il doute de l’acceptation de Giraud, que les Américains vont
soutenir contre la France Combattante.
    Il apprend que Roosevelt a déclaré que « le lâche
assassinat de Darlan est un crime impardonnable » ! Alors que chacun
sait que les responsables américains et anglais considèrent cette mort comme un
« acte de la Providence ».
    Partout, au Foreign Office, on dit : « Justice est
faite. »
    De Gaulle écoute Passy, chargé du « Bureau » des
renseignements de la France Libre (le BCRA), lui raconter que, au siège des
services secrets britanniques, l’un des responsables lui a offert le champagne
afin de porter un toast « à la mort du traître Darlan ».
    Mais Roosevelt condamne, et en profite pour annuler l’invitation
qu’il avait lancée à de Gaulle de se rendre à Washington.
    La manœuvre est claire. En voici l’exécution. Roosevelt a
invité un ancien ministre de l’intérieur de Vichy – Peyrouton – à
devenir gouverneur de l’Algérie. Peu importe qu’il ait participé à la
répression contre les résistants et mis en œuvre les lois antisémites ! Il
s’agit toujours d’utiliser les hommes de Vichy.
    On apporte la réponse de Giraud.
    De Gaulle n’est pas surpris par ce qu’il lit :
    « Une grande émotion a été causée dans les cadres
civils et militaires en Afrique du Nord par le récent
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