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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève
Autoren: Max Gallo
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Rommel
évoque la nécessité d’évacuer l’Afrique, « une telle décision stratégique
agit à la manière d’une étincelle tombant dans un baril de poudre ». Le
Führer hurle, dans un « véritable accès de rage et un flot de reproches »…
    Rommel observe les officiers présents : tous approuvent
servilement le Führer.
    Que savent-ils de la réalité du front, ces hommes qui n’ont
sans doute jamais entendu un coup de feu ?
    Le Führer, d’une voix méprisante, rappelle qu’il a dû
imposer pendant l’hiver 1941-1942 le Haltbefelh, ne plus reculer d’un
pas. Et il a sauvé ainsi, contre ses généraux, le front en Russie.
    Il en sera de même en Afrique, martèle Hitler. Rester en
Afrique, en Tunisie, est une nécessité politique.
    « Je commençai à comprendre, écrit Rommel, que Adolf
Hitler ne voulait pas voir la situation telle qu’elle était, qu’il refusait
pour des raisons émotives ce que son intelligence lui faisait entrevoir.
    « Il ferait l’impossible, pour m’envoyer du matériel. Le
maréchal du Reich Hermann Goering m’accompagnerait en Italie, il serait muni de
pouvoirs extraordinaires pour négocier avec les Italiens. »
     
    Rommel découvre Goering, dans son train spécial qui les
conduit à Rome.
    C’est un satrape qui, entouré d’une cour qui le flatte, se
rengorge, parle bijoux et tableaux, calomnie Rommel auprès du Führer, l’accuse
d’être dominé par ses émotions, de succomber à « la maladie africaine »,
la lâcheté… la couardise !
    « À Rome, lors d’une rencontre avec Mussolini, j’entends
le Reichsmarschall dire que Rommel a abandonné les Italiens devant El-Alamein !
    « Avant que j’eusse pu protester contre cette
monstruosité, Mussolini déclara : “C’est une nouveauté pour moi, votre
retraite a été un véritable chef-d’œuvre, monsieur le maréchal Rommel.” »
     
    Fugace consolation.
    À la mi-décembre, alors que le déferlement de la puissance
britannique se poursuit, inexorable, le Duce transmet un ordre d’avoir « à
résister jusqu’au bout. Je dis résister jusqu’au bout avec toutes les forces de
l’arme blindée germano-italienne ».
    Mais où sont nos panzers ? interroge Rommel.
    « Nous finirons par être écrasés sous l’immensité de la
force ennemie. Quelle amère destinée pour mes soldats et pour moi-même d’en
arriver là au terme de tant de combats héroïques et victorieux ! »
     
    Et dans une lettre du 11 décembre à sa « très
chère Lu », Rommel écrit :
    « Je ne sais si vous pourriez trouver un dictionnaire
anglais-allemand à m’envoyer par la poste. Il me serait bien utile. »
    Pour interroger les officiers britanniques capturés ?
    Ou pour répondre aux questions de Montgomery si Rommel est
fait prisonnier ?
     
    Il continue de reculer :
    « Nous cantonnons dans des prairies couvertes de fleurs.
Mais hélas nous battons en retraite et je n’entrevois aucune apparence d’amélioration. »
     
    Rommel a, à la fin décembre 1942, la certitude que le destin
des Allemands en Afrique est en passe d’être scellé… « Je n’ai pas le
moindre doute sur son issue, les forces sont trop inégales. Le ravitaillement
est presque tari. Il nous faut à présent nous rendre à l’inéluctable et
souhaiter que Dieu veuille encore une fois soutenir notre cause. Je suis allé
hier sur le front et j’y retourne aujourd’hui. »
     
    C’est le 31 décembre 1942, écrit Rommel.
    « L’avenir maintenant est entre les mains de Dieu.
    « Demain une autre année commence. Nous continuerons la
lutte aussi longtemps que cela sera possible… Je m’oblige à me dire que tout
cela finira par s’arranger…
     
    « Kesselring doit revenir aujourd’hui et il y a un
petit espoir de voir la situation changer légèrement en notre faveur. Pas
beaucoup encore, mais un petit rien… Peut-on, à vrai dire, attendre grand-chose
de bien important ?
    « J’ai eu à midi une entrevue avec Bastico, qui se
considère de plus en plus comme le commandant en chef. Il y a des couleuvres qu’il
faut bien savoir avaler. Après tout, cela signifie aussi qu’il endosse une
partie des responsabilités… Je me fais beaucoup de souci pour ces violents
combats qui se déroulent à l’est, à Stalingrad ! Espérons que nous en
sortirons au mieux. Ici, l’armée a un moral excellent.
    « Il est bien heureux que les hommes ne sachent pas
tout. »
     

     

 
40 .
    L’amertume, la
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