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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève
Autoren: Max Gallo
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Puisses-tu apporter salut et défaite. Bienvenue à toi, mon année tant
attendue. Peut-être seras-tu plus propice à notre ancienne et misérable race
dont le destin est entre les mains de l’injuste. Et encore une chose. Quoi que
tu me réserves, la vie ou la mort, fais-le vite. »
     
    Cette guerre a changé les hommes à quelque camp qu’ils
appartiennent. Et, dans ces jours chargés de symboles, que sont la fin d’une
année – Noël, naissance du Sauveur, période vouée à l’espérance, à des
réunions familiales et festives – et le commencement d’une autre, on
ressent d’autant plus les blessures cruelles de la guerre.
     
    « Je ne trouve plus la sérénité, ni en moi-même ni
autour de moi », écrit à sa femme un officier allemand qui tient avec son
régiment la ville de Rjeva, un élément de la « ligne » Königsberg, cette
zone fortifiée où la Wehrmacht tente après sa retraite devant Moscou de se
maintenir. « Nous vivons des jours indescriptibles dont on ne voit pas la
fin, poursuit-il. Jamais je n’aurais cru possibles de tels combats. Nos hommes
se dépassent tous les jours. Même si nos pertes sont relatives, par rapport à
celles de l’adversaire, chacun des nôtres qui tombe est irremplaçable. Et
chaque mort est un déchirement. »
     
    Le médecin du même régiment confie :
    « Il n’est plus possible de remplir les vides. Je ne
veux plus tout le temps dire adieu à des amis bons et dévoués. J’ai donc pris
la décision de ne plus me lier sentimentalement avec quiconque aussi longtemps
que durera cette guerre. »
    Le colonel – un ancien combattant de 14-18 –, ayant
mesuré le désarroi de ses officiers, les réunit ce 1 er  janvier
1942 :
    « Pendant la guerre de 14-18 j’ai eu souvent le même
état d’âme. Mais un soldat doit apprendre que mourir est la chose la plus
naturelle dans une guerre. Si nous ne voulons pas que la mort prenne
complètement possession de nous, nous devons l’accepter comme une chose
naturelle qui peut frapper à chaque instant, soit chez nous-mêmes, soit chez
nos bons camarades. Et si elle frappe, nous ne devons pas y prêter attention si
nous voulons tenir le coup dans cette guerre jusqu’au bout. »
     
    La mort avide parcourt les continents et les océans.
    On meurt dans les vagues glacées de l’océan Arctique, on
meurt les yeux brûlés par le pétrole dans l’océan Pacifique et l’océan Indien. Les
meutes de sous-marins allemands déciment les convois qui, partant de
Middlesbrough, se dirigent vers Mourmansk.
    Les avions japonais coulent les cuirassés anglais. Et les
fantassins nippons débarquent à Bornéo, aux Philippines, en Indonésie, menacent
Manille, Singapour, Batavia.
    Ce sont, sur tous ces théâtres d’opérations, des combattants
et encore plus d’innombrables civils que la mort engloutit.
     
    La guerre devenue mondiale est aussi devenue totale : « Totalkrieg ».
    On massacre les civils, on extermine les Juifs, on laisse
mourir de faim les prisonniers russes ou on les abat par milliers.
    On brûle les villages et leurs habitants. On bombarde les
villes pour terroriser les peuples.
    En ce 1 er  janvier 1942, la Luftwaffe attaque –
comme chaque jour – les villes anglaises. Et la Royal Air Force prend pour
cible Berlin, et les cités de la Ruhr.
    Leningrad encerclée est détruite par l’artillerie. Et les
survivants y meurent de faim.
    Cette Totalkrieg en ce début d’année 1942, chacun
parmi les chefs d’État sent bien qu’aucune paix de compromis ne pourra l’interrompre.
    Seule la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie
peut mettre fin au conflit. Interviendra-t-elle en 1942 ?
    En ce mois de janvier 1942, on l’espère.
    De Gaulle salue à la radio de Londres la victoire de la
contre-offensive russe du mois de décembre 1941.
     

     
    « L’armée allemande lancée presque entière à l’attaque
depuis juin dernier, d’un bout à l’autre de ce front gigantesque, pourvue d’un
matériel énorme, rompue au combat et au succès, renforcée d’auxiliaires
enchaînés au destin du Reich par l’ambition ou la terreur, recule maintenant
décimée par les armes russes, rongée par le froid, la faim, la maladie.
    « Pour l’Allemagne, la guerre à l’Est ce n’est plus
aujourd’hui que cimetières sous la neige, lamentables trains de blessés, mort
subite de généraux. Certes on ne saurait penser que c’en soit fini de la
puissance militaire de
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