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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève
Autoren: Max Gallo
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Libre
une légitimité indiscutable.
     
    Voilà des jours qu’avec Fassin et Monjaret Moulin attend le
départ.
    Les prévisions météorologiques ont longtemps été défavorables.
Puis les Anglais ont été réticents.
    Ils hésitent à renforcer ce de Gaulle, si intransigeant, ce
général désireux d’affirmer la souveraineté française.
    Il a décidé seul de rattacher les îles
Saint-Pierre-et-Miquelon à la France Libre, ordonnant aux Forces navales de la
France Libre, commandées par l’amiral Muselier, d’y prendre pied. C’est fait le
24 décembre 1941. Et les Américains ont menacé de Gaulle d’intervenir et
de chasser les Français Libres.
     
    Moulin a découvert ces tensions, ces désaccords, ces
rivalités qui, à Londres, divisent les Français Libres. On accuse de Gaulle d’autoritarisme,
voire de tendances dictatoriales. Des socialistes regroupés dans le cercle
Jean-Jaurès évoquent le « bonapartisme » du général. Est-il même
républicain ? Maurrassien, plutôt !
    Les Anglais et les Américains recueillent ces ragots, jouent
des divisions.
    Ils n’ont pas totalement rompu avec les hommes de Vichy. Ils
veulent avoir « deux fers au feu ». De Gaulle pour tous ses rivaux et
ses opposants n’est que le « biffin », le « képi », voire « le
général Boulanger ». Les Américains ou les Anglais le désignent souvent du
sobriquet « roi Makoko » ou bien de « sacrée Pucelle ». Ne
joue-t-il pas les Jeanne d’Arc ?
     
    Jean Moulin a choisi : il sera l’homme de De Gaulle
parce qu’il veut l’unité de la Résistance, sous la direction de la France Libre.
    Il ne soupçonne pas de Gaulle d’ambition médiocre, personnelle.
L’homme veut seulement un grand destin pour la France. C’est un homme qui doute,
qui s’interroge : « Aurai-je assez de clairvoyance, de fermeté, d’habileté
pour maîtriser jusqu’au bout les épreuves ? » se demande-t-il.
     
    C’est un homme qui rejette toute complaisance.
    À Philippe Barrés qui a fait son éloge dans un livre, il
répond :
    « Il est mauvais, aujourd’hui surtout, de se regarder
dans la glace principalement quand cette glace avantage le personnage. »
     
    Ce qui inquiète Moulin, ce ne sont donc pas les tendances
autoritaires de De Gaulle, mais le comportement de nombreux résistants, créateurs
de réseaux, hommes courageux mais qui – tel Henri Frenay – hésitent à
abandonner leur autonomie, leurs projets, leurs pouvoirs aux mains du général
de Gaulle.
    Ils se rebellent contre ceux qui – tel Jean Moulin –
parlent en son nom. Ils ne veulent pas être aux ordres d’un ancien préfet, fut-il
valeureux. Ils se méfient des services de renseignements de la France Libre, qui
deviennent le 17 janvier 1942 le Bureau Central de Renseignements et d’Action
Militaire (BCRAM) et sont dirigés par le colonel Passy.
     
    Pourquoi ne pas être directement en contact avec les Anglais
ou les Américains ou même maintenir un lien avec les hommes de Vichy ? Frenay
verra ainsi Pucheu, le ministre de l’intérieur de Pétain, l’homme qui a « trié »
les otages que les Allemands vont exécuter en représailles de l’assassinat d’officiers
par des « terroristes » communistes.
    Pucheu, le ministre détesté, le « collaborateur »
indigne, qui a choisi les « communistes » comme otages.
    Mais Frenay, qui le rencontre, dit de lui :
    « Pucheu ? Indiscutablement un homme fort, son langage
est viril, sa parole franche, rien en lui de trouble et de cauteleux. Il pense
ce qu’il dit et il le dit avec force. »
    Et Henri Frenay, l’un des premiers résistants, un patriote
déterminé, le créateur du mouvement Combat , est fasciné, flatté aussi
que Pucheu lui confie :
    « Si j’ai accepté de vous rencontrer, c’est parce que
je savais avoir affaire à un homme raisonnable. »
    Mais comment, ainsi « distingué », Frenay
accepterait-il d’emblée sans rechigner de rentrer dans le rang, de se soumettre
au « préfet » Jean Moulin, et de dépendre de lui pour ses contacts
avec Londres, pour les livraisons d’armes et les attributions de fonds ?
     
    Tâche difficile que celle de Moulin qui, ce jeudi 1 er  janvier
1942, alors que le mistral cisèle comme à coups de burin les arêtes des
Alpilles, hâte le pas.
    Voilà des années qu’il vit dans l’urgence, Front populaire, guerre
d’Espagne, débâcle : chaque fois il a fait face.
    Le temps presse toujours si
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