Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
premier raid de bombardement sur
Tokyo, pour bien montrer que le Japon n’est pas invulnérable, et que les
États-Unis iront jusqu’au bout.
     
    Mais la guerre sera longue et cruelle.
    Il faudra serrer les dents, surtout quand on n’est pas à la
tête d’un État, mais d’une France Libre qui n’est d’abord qu’une espérance et
une volonté.
    C’est le gouvernement de Vichy qui, bien que veule et soumis
à l’occupant, est aux yeux de la majorité des Français l’autorité légitime.
    C’est lui qui commande à l’armée de l’armistice et impose
ses consignes à la censure.
    Le 13 janvier 1942, le texte suivant est communiqué aux
journaux :
    « Évitez d’employer les mots Russie et Russe. La marge
des synonymes entre Soviets et Rouges est assez étendue sans qu’il soit besoin
de recourir aux anciennes dénominations. »
    Et c’est au maréchal Pétain que, le 20 janvier 1942, la
police prête serment !
    C’est cela le visage « officiel » de la France !
    Et parfois de Gaulle a le sentiment que tel Sisyphe il
pousse un rocher qui retombera et tout sera à recommencer !
    Alors, chaque signe de Jean Moulin, chaque Français qui se
rallie à la France Libre lui apportent un réconfort, raffermissent sa volonté.
    Ainsi de Gaulle a-t-il été ému par la lettre que lui adresse
de New York, où il s’est réfugié, le philosophe Jacques Maritain. Le général a
lu et relu ces lignes :
    « Je pense, écrit Maritain, que la mission immense que
la Providence a dévolue au mouvement dont vous êtes le chef est de donner au
peuple français… une chance de réconcilier enfin dans sa vie elle-même, le
christianisme et la liberté. »
     
    Le 7 janvier 1942, de Gaulle répond à Maritain :
    « Mon cher Maître,
    « Il est doux d’être aidé, il est réconfortant de l’être
par un homme de votre qualité…
    « Si, jusqu’à présent, j’ai dû m’appliquer… à dire que
notre désastre n’avait été que militaire et à faire qu’il soit réparé, je crois
comme vous qu’au fond de tout il y avait dans notre peuple une sorte d’affaissement
moral…
    « J’ai pensé que, pour remonter la pente de l’abîme, il
fallait d’abord empêcher que l’on se résignât à l’infamie de l’esclavage.
    « Nous devrons ensuite profiter du rassemblement
national dans la fierté et la résistance pour entraîner la nation vers un
nouvel idéal intérieur… »
     
    Selon de Gaulle, cette guerre dans sa cruauté doit être le
moyen d’un redressement moral. Et en ces premiers jours de janvier 1942,
dans le salon du petit appartement de l’hôtel Connaught qu’il occupe chaque
soir de la semaine, de Gaulle médite à cet après-guerre.
     
    Il écrit à Jacques Maritain :
    « Il n’y aura qu’une base de salut : le
désintéressement, et pour le faire acclamer, les âmes sont maintenant préparées
par le dégoût et la sainte misère… Chacun ne trouve sa part que dans le
renoncement de chacun. Il nous fait un peuple en vareuse, travaillant dans la
lumière et jouant en plein soleil.
    « Tâchons de tirer cela de cette guerre-révolution.
    « Je sais que tout ce qui est jeune le désire.
    « N’attendons plus rien des académies.
    « Je ne suis pas inquiet pour la démocratie. Elle n’a d’ennemis
chez nous que des fantoches.
    « Je ne crains rien pour la religion. Des évêques ont
joué le mauvais jeu, mais de bons curés, de simples prêtres sont en train de
tout sauver.
    « Écrivez-moi quelquefois. Cela est utile. J’aimerais
mieux encore vous voir.
    « Ma lettre est longue mais rapide. Prenez-la dans sa
sincérité.
    « Croyez-moi, mon cher Maître, votre bien dévoué
    « Charles de Gaulle. »
     
    Mais Maritain qui, il y a un an, en janvier 1941, a publié
un livre – À travers le désastre  – pétri de l’esprit de
résistance, ne rejoindra pas de Gaulle à Londres, préférant comme d’autres
Français illustres (Alexis Leger/Saint-John Perse) rester à New York.
    Maritain n’éprouve aucune hostilité envers de Gaulle, mais
il craint le climat d’intrigues politiques qui sévit à Londres, et le
glissement du Général vers l’autoritarisme qui le séparera du peuple.
     
    De Gaulle souffre de ces réticences, de ces soupçons. Ce qu’il
apprend de l’état d’esprit des « élites » restées en France et qui s’accommodent
de la présence de l’occupant nazi, collaborent et se vautrent dans l’antisémitisme,
le
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher