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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève
Autoren: Max Gallo
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secrétaire d’État Doktor Bühler, représentant le
Gouvernement général de Pologne, « indiqua qu’on saluerait, au
Gouvernement général, le fait de commencer la solution finale dans le
Gouvernement général, car le problème du transport ne se poserait pas, et que
sur les deux millions et demi de Juifs, la majorité était inapte au travail ».
    Donc voués à l’extermination immédiate.
     
    « En conclusion, note Eichmann, il ressortit qu’on
était d’avis qu’il fallait mener immédiatement dans les territoires en question
les travaux préparatoires au déroulement de la solution finale, en évitant
cependant de provoquer l’inquiétude de la population. »
    En mettant un terme à la réunion, l’Obergruppenführer
Heydrich « demande aux participants de lui accorder tout leur soutien dans
l’exécution des tâches décidées ».
     
    On se lève, on quitte la table, on se congratule, on passe
dans un salon, on bavarde debout devant la cheminée, où crépite un grand feu.
    Des serveurs SS offrent eau-de-vie et cigares.
     
    Heydrich est entouré. Il a montré qu’il était devenu l’un
des personnages centraux du nazisme, imposant son autorité à Hans Frank qui est
à la tête du Gouvernement général de Pologne. L’Obergruppenführer qu’aucun des
participants n’a jamais vu boire ou fumer prend un cigare, boit un verre de
cognac. Il se montre presque familier avec Eichmann.
    Ce sont bien les SS qui ont avec Heydrich pris en main la « solution
finale », qui devient le ressort central du régime nazi ; elle est dans
l’esprit de Hitler l’essence même de la guerre, l’une et l’autre s’engendrant
mutuellement.
     
    Le 25 janvier 1942, Hitler dit à Himmler, le chef des
SS, et à Lammers, qui dirige la Chancellerie du Reich :
    « Je suis colossalement humain. Au temps de la domination
papale à Rome, les Juifs étaient maltraités. Tous les ans jusqu’en 1830, huit
Juifs étaient tramés en parade à travers la ville par des ânes. Tout ce que je
dis, c’est qu’ils doivent partir. Si l’opération entraîne leur mort, je ne peux
rien y faire. Je n’envisage l’extermination totale que s’ils refusent de partir
de leur plein gré. »
    Hitler s’interrompt, dévisage Himmler et Lammers. Ces trois
hommes savent qu’aucune issue n’est offerte aux Juifs.
    Hitler hausse la voix, serre le poing, le brandit.
    « Pourquoi devrais-je considérer le Juif comme
différent d’un prisonnier russe ? Beaucoup meurent dans les camps de
prisonniers parce que nous avons été réduits à cette situation par les Juifs. Mais
que puis-je y faire ? Pourquoi les Juifs ont-ils déclenché la guerre ? »
     
    Le 26 janvier, les trente exemplaires du Protocole
classé « secret du Reich » sont expédiés.
    Goebbels note dans son journal :
    « Le Führer est déterminé à nettoyer les Juifs en
Europe sans le moindre scrupule. Il est inadmissible d’éprouver des émotions
sur ce point. Les Juifs ont mérité la catastrophe qu’ils vivent aujourd’hui. Tout
comme nos ennemis sont anéantis, eux aussi connaîtront leur propre
anéantissement. Nous devons accélérer le processus en nous montrant froids et
inflexibles, nous rendons ainsi un service inestimable à une race humaine que
la juiverie tourmente depuis des millénaires. »
     
    À Paris, en cette fin janvier 1942, les conférences données
à l’institut allemand sur l’histoire du Reich et la construction d’un Ordre
nouveau en Europe sont, comme les réceptions de l’ambassade d’Allemagne, très
courues.
    L’ambassadeur Otto Abetz, en uniforme, reçoit avec faste. Le
Tout-Paris mondain, artistique et littéraire côtoie dans les salons de l’ambassade
des personnalités allemandes en visite à Paris, officiers de la Wehrmacht –
Ernst Jünger est un familier des lieux –, diplomates et dignitaires SS.
    Il s’y murmure que l’Obergruppenführer Reinhard Heydrich, dont
on dit qu’il compte de plus en plus à Berlin, pourrait dans les semaines à venir
se rendre à Paris.
    On a hâte de rencontrer cet homme puissant et énigmatique, l’un
de ceux qui façonnent le visage de la nouvelle Europe, et donc de la France.

 
5 .
    Ces mondanités parisiennes, diplomatiques et culturelles, grisent
l’ambassadeur Otto Abetz.
    Il voudrait jouer un grand rôle dans cet ordre nouveau
européen qui se met en place. Dès l’avant-guerre, il a noué des relations
suivies avec des « amis de
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