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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève
Autoren: Max Gallo
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déception et le doute qui, en cette fin de l’année
1942, envahissent souvent l’esprit du maréchal Rommel, effleurent aussi celui
du général de Gaulle.
     
    Il a vu les photos des épaves des croiseurs, des destroyers
de la flotte française sabordée à Toulon le 27 novembre.
    L’impuissance de l’Armée de l’armistice ne l’a pas surpris.
    Il a appris que les troupes françaises conservent, en
Tunisie, une neutralité coupable face aux troupes de l’Axe qui débarquent à
Bizerte, et dont on assure que le maréchal Rommel va prendre le commandement, les
unités en retraite de l’Afrikakorps ayant déjà atteint le Sud tunisien.
    Que d’occasions manquées !
     
    Certes, de Gaulle croit que, à la fin des fins, les Français
s’uniront, imposeront la présence d’une France souveraine.
    Ne dit-on pas qu’en Tunisie, le général Juin – enfin ! –
combat les Allemands ?
    Mais le projet américain consiste à utiliser Vichy, à
ignorer donc la France Libre, les réseaux de résistance.
    De Gaulle voudrait rencontrer Roosevelt, s’expliquer.
    « J’ai l’impression, dit-il, qu’une certaine équipe
franco-américaine s’efforce d’empêcher cette rencontre. »
    Il connaît cette « bande » antigaulliste, Alexis
Leger (Saint-John Perse), peut-être même Jean Monnet, de Chambrun (le gendre de
Laval), qui ont tous l’oreille de Roosevelt. Ils prônent pour la plupart la grande
unité des Français : Pétain, Darlan, Giraud, de Gaulle.
    Le chantre, c’est Saint-Exupéry.
     
    Il y a plus grave, de cette grande unité on voudrait en fait
exclure de Gaulle et la France Libre.
    Dans un long discours à la Chambre des communes, réunie en
comité secret, Churchill a approuvé la politique antigaulliste des États-Unis.
« Darlan ne les a pas trahis », a-t-il dit.
    Le Premier ministre a déversé ensuite toutes ses rancœurs
accumulées contre de Gaulle.
    « Je ne vous recommanderai pas de fonder tous vos
espoirs et votre confiance sur cet homme, a-t-il poursuivi, et encore moins de
croire qu’à l’heure actuelle notre devoir serait de lui confier les destinées
de la France, pour autant que cela soit en notre pouvoir… Nous ne l’avons
jamais reconnu comme représentant de la France… Je ne puis croire que de Gaulle
incarne la France. » Et le Premier ministre aurait évoqué le « caractère
difficile », l’« étroitesse de vues » de cet « apôtre de l’anglophobie ».
    Qu’opposer à ce réquisitoire ? Quels alliés trouver ?
Bien sûr, tous les gouvernements en exil à Londres, le polonais et le tchèque, le
danois et le belge, soutiennent la France Combattante. Mais que pèsent ces
États ?
     
    De Gaulle se rend chez Maïsky, l’ambassadeur soviétique à
Londres. L’URSS peut être un contrepoids aux Anglo-Saxons. Certes, on ne peut
avoir confiance en Staline, mais entre États, s’agit-il d’autre chose que d’intérêt ?
    Et il faut être clair.
    — Si cela continue, dit-il à Maïsky, bientôt viendra le
moment où la France Combattante en arrivera à faire la même chose que la flotte
française à Toulon.
    Il fixe l’ambassadeur, qui paraît surpris.
    — Elle se suicidera, reprend de Gaulle. Dans une telle
extrémité, je voudrais savoir quelle serait la position du gouvernement
soviétique.
    Maïsky prend un air ennuyé, puis quand de Gaulle lui demande :
« Puis-je compter sur l’appui de l’URSS ? », le Russe se dérobe.
    L’URSS a besoin des États-Unis, l’allié le plus puissant.
     
    De Gaulle ne peut s’appuyer que sur les « opinions
publiques », en stigmatisant la politique de Roosevelt qui peut conduire
les États-Unis à utiliser Laval en France, Degrelle en Belgique, Quisling en
Norvège, comme ils se servent en Afrique du Nord de Darlan et de Giraud.
    Qu’ils s’y essaient ! Et ils créeront la tempête, peut-être
la guerre civile !
    À Alger déjà, des gaullistes – Louis Joxe –, des
monarchistes – Henri d’Astier de La Vigerie, l’abbé Cordier –, des
patriotes – René Capitant qui dirige en Algérie le mouvement Combat  –,
se dressent contre le « traître Darlan ».
     
    De Gaulle, le 24 décembre 1942, rend visite à l’École
militaire des cadets de la France Combattante.
    « Vous êtes la vraie France », dit-il à ces jeunes
gens.
    Grâce à eux, de Gaulle l’affirme dans le discours qu’il doit
lire à la BBC :
    « Ce jour de Noël 1942, la France voit à
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