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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève
Autoren: Max Gallo
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l’incrédulité, l’espoir qui ne cesse de renaître.
    Suivant les pays, l’attitude de la population varie, mais la
passivité l’emporte.
     
    Le 16 novembre 1942, le représentant de Ribbentrop à La
Haye écrit au ministère des Affaires étrangères du Reich :
    « La déportation s’est déroulée sans difficulté ni
incident… La population hollandaise s’est habituée à la déportation des Juifs. Il
n’y a pas le moindre trouble. Les nouvelles du camp de Rauschwitz [pour
Auschwitz] paraissent favorables. Les Juifs ont donc laissé tomber leurs doutes
et se rendent plus ou moins volontairement aux points de rassemblement. »
    Et pourtant, des témoins oculaires assistent à l’embarquement
des malades de la principale institution psychiatrique juive :
    « J’ai vu les membres de la Schutzpolizei placer une
rangée de patients, dont beaucoup de vieilles femmes, sur des matelas au fond d’un
camion, puis entasser dessus cargaison sur cargaison de corps humains. Ces
camions étaient si pleins à craquer que les Allemands eurent beaucoup de mal à
refermer les hayons. »
     
    Comme l’Église catholique hollandaise a protesté contre les
déportations, les Allemands arrêtent des Juifs baptisés et, parmi eux, la
philosophe et religieuse carmélite, Edith Stein [4] .
     
    Cachée dans une soupente d’Amsterdam, une jeune fille, Anne
Frank, note à la fin de l’année 1942 :
    « Nos nombreux amis juifs sont emmenés par groupes
entiers. La Gestapo ne prend vraiment pas de gants avec ces gens, on les
transporte à Westerbork, le grand camp pour Juifs en Drenthe, dans des wagons à
bestiaux. »
    Anne poursuit :
    « S’il se passe déjà des choses aussi affreuses en
Hollande, qu’est-ce qui les attend dans les régions lointaines et barbares où
on les envoie ? Nous supposons que la plupart se font massacrer. La radio
anglaise parle d’asphyxie par les gaz ; c’est peut-être la méthode d’élimination
la plus rapide. »
    Elle décrit les arrestations à Amsterdam.
    « D’innombrables amis et relations sont partis pour une
terrible destination. Soir après soir, les voitures vertes ou grises de l’armée
passent, ils sonnent à chaque porte et demandent s’il y a des Juifs dans la maison.
[…] Rien n’est épargné, vieillards, enfants, bébés, femmes enceintes, malades, tout,
tout est entraîné dans ce voyage vers la mort. »

 
44 .
    On voudrait que ce « voyage vers la mort » soit
interrompu par les puissances alliées. Car en cette fin d’année 1942, elles
savent que l’extermination des Juifs est au bout du chemin.
    Des sources allemandes ont confirmé la mise en œuvre de la « solution
finale ».
    Jusque-là, les témoignages, les rapports – ceux du
résistant polonais Ian Karski – n’avaient pas réussi à lever tous les
doutes.
    En outre, les préoccupations politiques diverses et
contradictoires avaient retenu le gouvernement polonais en exil, à Londres, comme
les responsables sionistes de s’exprimer.
    « La destruction des Juifs d’Europe est ruineuse pour
le sionisme, déclarait Ben Gourion, à la fin de l’année 1942, car il ne restera
personne pour construire l’État d’Israël. »
    Il ne s’attardait pas sur le crime contre l’humanité en
train de se commettre.
     
    Et puis, le 10 novembre 1942, un groupe de Juifs polonais
munis de passeports britanniques et échangés contre des Allemands vivant en
Palestine révèlent la réalité insoutenable de l’extermination.
    Auschwitz, Birkenau, Treblinka, Sobibor, Belzec et tant d’autres
sites de massacre ne sont plus de simples noms abstraits, mais les lieux de l’horreur.
    La « solution finale » s’incarne.
     
    Puis vint le témoignage du Waffen-SS Kurt Gerstein – un
protestant profondément religieux –, chargé de se procurer une centaine de
kilos d’acide prussique (Zyklon B) et de le livrer à Lublin.
    À Belzec, il a assisté à l’asphyxie d’un « transport »
de Juifs de Lemberg.
    Il se confie à un diplomate suédois, Goran von Otter, qui
rédige un rapport pour son ministère. Mais celui-ci ne le divulgue pas [5] .
     
    Le consul suédois à Stettin, Karl Ingve Vendel – en
fait un agent de renseignements –, transmet à Stockholm un rapport
rassemblant les confidences de plusieurs officiers allemands.
    Le rapport confirme point par point le témoignage de
Gerstein.
     
    En juillet 1942, un industriel allemand, Eduard Schulte, se
rend à Zurich et
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