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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie
Autoren: Paul C. Doherty
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déclencher d’hostilités. Vous vous chargiez personnellement de harnacher le cheval et d’utiliser une selle spéciale, dotée d’une poche secrète où loger vos messages de traître. Waterton trouvait cela bizarre. L’agent du roi au pays de Galles découvrit le pot aux roses et Morgan le fit tuer. Et maintenant, conclut sèchement Corbett, ai-je assez de preuves ? Comme l’a dit notre souverain, continua-t-il en regardant le monarque assis sur le muret, les preuves que nous avons seront acceptées par n’importe quel tribunal d’Angleterre ou de France ! C’est vous le traître ! Et pour quel prix ? Un sac d’or ?
    — Non !
    Tuberville releva vivement la tête et fixa sur le roi et sur Corbett un regard flamboyant de colère.
    — Pas pour de l’or !
    Il bondit sur ses pieds pour défier Corbett, la poitrine haletante.
    — Je ne suis pas un traître ! J’ai combattu pour le roi en Guyenne ! Je l’ai servi, ici, en Angleterre ! Et tout a été gâché par ce maudit comte de Richemont. Il a perdu l’armée, il a perdu le duché, il a perdu notre honneur et il a eu l’impudence de m’accuser d’agir sans réfléchir alors que son indolence et sa vanité avaient été la pire des trahisons ! Par sa faute, je fus capturé et traîné dans les rues, comme un misérable, sous les quolibets des Français. Par sa faute, je dus livrer mes enfants en otages ! Et à notre retour en Angleterre, il fut à peine châtié, à peine réprimandé !
    Tuberville lança un regard furibond au roi :
    — Vous avez perdu l’honneur, à ce moment-là. Richemont aurait dû mourir pour ce qui était arrivé en Guyenne !
    Il se rassit.
    — Lors d’un séjour que je fis à Paris, de Craon vint me voir. Il loua mon courage pour ma tentative de percée. Il m’annonça également que mes enfants serviraient d’otages en France, mais qu’il en prendrait grand soin. Puis il me fit d’autres promesses : il me donnerait des terres et un manoir où je pourrais les rejoindre. J’acceptai. Il m’enjoignit ensuite de rassembler tous les renseignements possibles sur les troupes anglaises postées sur la côte sud et sur les visées du roi en Guyenne. Quand de Craon apprit que j’avais été nommé capitaine de la garde chargée de protéger la salle du Conseil royal, ses offres se firent plus généreuses : lorsque les conditions du roi Philippe seraient acceptées par Édouard, il me promit que mes enfants et moi serions admis dans les rangs de la noblesse française et que je recevrais de vastes terres où je pourrais commencer une nouvelle vie.
    — La seule chose que vous allez commencer, l’interrompit brutalement le roi, c’est un séjour en prison jusqu’au procès pour haute trahison et à l’exécution en bonne et due forme !
    Aux éclats de voix du monarque, un groupe de soldats apparut dans le jardin. Le roi dévisagea le chevalier :
    — J’avais confiance en vous, Sir Thomas, j’ai favorisé votre carrière. J’aurais veillé à votre avancement. Richemont a été châtié pour son incompétence en France, mais je fais la différence entre l’erreur involontaire et la malveillance voulue, entre la négligence et la trahison. Vous êtes un traître, Sir Thomas, et vous subirez toutes les rigueurs de la loi !
    Tuberville haussa les épaules en jetant un regard hostile à Corbett, puis se laissa emmener sans opposer la moindre résistance.
    — Que lui arrivera-t-il ? demanda Corbett.
    — Il sera jugé, répondit le roi, devant ses pairs et mes juges de Westminster. Les preuves que vous avez accumulées l’enverront à la potence où il sera pendu et écartelé, en guise d’avertissement pour quiconque, dans mon royaume, oserait seulement penser à la trahison ! Il le mérite, ne serait-ce que pour Waterton, ajouta amèrement le monarque. C’était rusé, très rusé, de la part de de Craon, que de faire retomber les soupçons sur lui.
    Il jeta un coup d’oeil perçant sur Corbett.
    — Avez-vous toujours eu la conviction que Waterton était innocent ?
    — Oui, je pense que je l’ai eue dès le début, répondit posément le clerc. Une intuition qui se confirma quand je rencontrai la fille de Richemont à Paris, mais, en fait, c’est de Craon qui m’a mis sur la piste. J’ai observé son visage ce jour-là, au grand Conseil, quand votre frère annonça que nous avions démasqué et arrêté le traître. J’ai vu un éclair de joie passer dans ses yeux et son
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