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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie
Autoren: Paul C. Doherty
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maître, le roi d’Angleterre. On les fit embarquer à bord d’un cogghe en partance pour Douvres ; là, Corbett put se procurer des chevaux et ils rentrèrent à Londres.
    Si le voyage de retour avait été calme et sans heurts, il n’en fut pas de même pour l’entrevue avec le roi Édouard. Hervey et Ranulf n’eurent pas accès aux appartements royaux, mais Corbett vit, avec soulagement, que le roi avait décidé qu’Edmond de Lancastre assisterait à la réunion. Le monarque écouta son émissaire jusqu’au bout avant de céder à l’un de ses fameux accès de fureur. Arpentant la pièce comme un forcené, il renversa tables et tabourets, jeta à terre les manuscrits et éparpilla à coups de botte les roseaux jonchant le sol tout en traitant Philippe de France de tous les noms d’oiseaux que connaissait Corbett et d’autres qu’il ne connaissait pas.
    — Cet homme, rugit-il, est un danger pour l’Europe et une menace pour la couronne anglaise. Il voudrait voir son bâtard de petit-fils monter sur mon trône. Il rêve de bâtir un empire qui rivaliserait avec celui de César ou même de Charlemagne, mais il n’y réussira pas !
    La furie du monarque dura une heure avant qu’il finisse par se calmer.
    Il but une longue rasade de vin, puis s’avança vers Corbett et abattit lourdement ses mains couvertes de bagues sur les épaules de son clerc. Celui-ci put voir de minuscules taches rouges dans les yeux bleus du monarque qui lui dit d’une voix rauque :
    — Vous m’apportez de bien mauvaises nouvelles, Corbett. Dans l’Antiquité, un messager tel que vous aurait été promptement exécuté, je le sais. Je suis presque tenté de le faire moi aussi. En d’autres temps et à d’autres occasions, je me soucierais comme d’une guigne de ce que Philippe projette pour sa maudite fille, mais vous n’ignorez pas que toute tentative de notre part pour rompre ces accords arbitrés par le pape serait immédiatement rapportée à Philippe par son espion ou ses espions qui siègent à notre Conseil.
    Le roi approcha son visage de celui de Corbett, qui ne sourcilla pas, et reprit :
    — Vous êtes revenu, non seulement avec de mauvaises nouvelles, mais encore avec la certitude, fondée sur vos raisonnements logiques, que Waterton n’est pas cet espion.
    Corbett maîtrisa la panique qu’il sentait monter en lui et dévisagea calmement le monarque.
    — Sire, je vous ai toujours fidèlement servi, vous, votre Couronne et votre famille. Je suis parti en France, porteur d’instructions précises que m’avait données votre frère, dit-il en s’inclinant vers Lancastre, qui s’appuyait contre le mur, le dos voûté et l’air anxieux. Je n’avais pas le choix : il m’a fallu accepter les conditions du roi Philippe. C’était le seul moyen de rentrer en possession du duché.
    — » C’était le seul moyen de rentrer en possession du duché » ! le singea Édouard. Pour l'amour de Dieu, Corbett, ne comprenez-vous pas qu’aussi longtemps qu’un espion siégera à notre Conseil, nos secrets seront connus et toutes nos tentatives pour contrer Philippe, des échecs ?
    Corbett s’éclaircit la gorge et choisit ses mots soigneusement :
    — Je ne peux pas, commença-t-il, soulagé que le roi eût retiré ses mains de ses épaules et regagné son siège, je ne peux pas laisser Waterton finir au bout d’une corde. Je crois que c’est un jeune homme un peu sot et éperdument amoureux, mais pas un traître. Cependant, Sire, je dois vous prévenir, avant que vous ne jugiez de mes conclusions, que j’ai d’autres nouvelles à vous annoncer. Puis-je vous supplier, donc, de ne pas me questionner ni mettre ma parole en doute ?
    Le roi donna son accord d’un signe négligent de la main. Corbett réfléchit un instant avant de déclarer :
    — Je sais qui est le traître !
    Édouard sursauta, comme si on l’eût frappé, tandis que le regard de Lancastre trahissait la plus extrême stupéfaction.
    — Qui est-ce, Corbett ? demanda posément le roi. Qui est ce maudit chien ?
    — Je connais son nom, mais préfère ne pas le révéler pour l’instant, répondit Corbett d’un ton froid. Vous devez me laisser du temps, Sire. Il me faut des preuves et je sais où en trouver.
    Le roi se leva et s’approcha lentement de Corbett.
    — Je vous promets, Hugh, que si vous me livrez cet homme, vous pourrez me demander n’importe quoi dans mon royaume, et je vous le donnerai. Vous avez une
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