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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Max Gallo
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campement.
    Jamais je n’avais vu combat aussi sauvage.
    Les javelots perçaient les pattes de ces chiens, le glaive leur taillait les oreilles, les lances leur crevaient les yeux, et ils mordaient encore, tuant nos légionnaires, se battant à genoux, puis se jetant dans le lac pour s’y noyer plutôt que d’être pris. Les berges étaient couvertes de corps que venaient battre des vagues rougies.
    Je fis dénombrer les cadavres et envoyai un messager au proconsul Licinius Crassus lui indiquant que nous avions tué douze mille trois cents esclaves, que deux seulement étaient morts d’une blessure dans le dos, les autres n’ayant jamais cherché à fuir mais se battant avec des pieux contre nos boucliers, nos javelots, nos lances, nos glaives et nos poignards.
    Alors que j’avais décidé de faire halte plusieurs jours avant de reprendre notre chasse et que les travaux d’établissement de notre camp venaient tout juste de commencer, le proconsul a débarqué avec son escorte, ses enseignes et ses emblèmes.
     
    Il voulut voir le champ de bataille, ses cadavres dépecés, les eaux rougies du lac. Il m’interrogea. Je répétai ce que je lui avais écrit : que ces esclaves, comme d’ailleurs il l’avait prévu, étaient aguerris, enragés, qu’il fallait plusieurs Romains pour venir à bout d’un seul d’entre eux. Mais qu’il n’y avait plus de grand troupeau, de horde, d’armée de Spartacus, seulement des bandes dispersées. Il faudrait du temps pour les réduire, mais elles ne pourraient jamais menacer Rome ni mettre en danger la République.
    — Je ne dispose que de quelques jours pour y parvenir ! s’est exclamé Licinius Crassus.
    Il m’a empoigné le bras et s’est mis à marcher d’un pas rapide le long de la berge, repoussant du pied ou piétinant les cadavres.
    — Je veux – tu entends, légat ? – en finir avec Spartacus avant que les légions de Pompée et celles venues de Thrace avec Marcus Varro Lucullus à leur tête soient engagées dans cette guerre. Je l’ai commencée. C’est moi qui ai brisé en morceaux l’armée de Spartacus ! Je veux recueillir le fruit de ce que j’ai déjà accompli.
    Il s’est arrêté, m’a fait face.
    — Ce que tu as fait ici, Fuscus Salinator – il montrait les berges, les corps –, me démontre que nous pouvons rapidement écraser ces bandes. J’ai cru que Spartacus avait la faculté de menacer Rome…
    Il a haussé les épaules.
    — Quand tu m’as réveillé à l’aube, ce matin-là, pour m’annoncer sa fuite, c’était comme un cauchemar. J’ai pensé que jamais je ne pourrais le chasser seul.
    Il a donné un violent coup de pied dans l’un des cadavres.
    — Et, naturellement, Caius Julius Caesar m’a conseillé d’écrire au Sénat, de solliciter l’envoi des légions de Pompée et de Varro Lucullus. C’est son intérêt de limiter ma gloire. Mais toi, Fuscus Salinator, ton sort est lié au mien. Alors, remets-toi en chasse sans tarder ! Les soldats sont comme le fer qu’il faut marteler quand il est rouge. Jamais de repos, pas de halte après une victoire qui ne met pas fin à la guerre, Fuscus ! Dis aux centurions et aux soldats que je leur distribuerai des terres lorsqu’ils auront tué ou capturé Spartacus.
    Il m’a serré le bras.
    — Va, légat, encore une victoire comme celle-ci et tu marcheras à côté de moi, lors de mon triomphe, à Rome !

 
     
60
    J’ai obéi au proconsul Licinius Crassus.
    J’ai ordonné aux légions de se mettre en marche, et aucun des soldats n’a murmuré, malgré la fatigue qui les accablait. Tous, en revanche, se souvenaient de la décimation. Et je n’oubliais pas non plus le sort du légat Mummius.
    Je voulais donc saisir par les cheveux une autre victoire et la tirer jusqu’aux pieds de Crassus comme une esclave capturée que je lui aurais offerte.
     
    Plusieurs fois j’ai cru qu’il me suffirait de tendre la main, de faire accélérer le pas des cohortes et des centuries, de lancer la cavalerie au galop. Je chevauchais en tête, tentant de rejoindre ces chiens qui se dirigeaient vers Brundisium, sans doute pour essayer de s’embarquer, de traverser la mer Adriatique et de rejoindre la Thrace.
    Je voyais la poussière qui s’élevait dans le ciel limpide et signalait leur marche.
    J’envoyai des éclaireurs.
    Ils revinrent bredouilles : la meute avait disparu, se dispersant dans les vergers et les forêts, et, peu après, nous rencontrâmes
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