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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Max Gallo
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même Gaius Fuscus Salinator dont il me parlait.
     
    — Ce légat, dit-il, je l’ai reconnu, c’est celui que j’avais capturé avec mes hommes, le long du fossé et de la palissade, sur le plateau des monts Silas, et dont Spartacus avait organisé la fuite avec toi, Jaïr, avec Posidionos et Apollonia. Et c’est lui, en qui il avait placé sa confiance, que nous retrouvions en face de nous, à la tête des légions, dans ces gorges du Bruttium ! Et, au moment où l’un des nôtres s’apprêtait à le tuer, Spartacus le sauvait encore, empêchait qu’on poursuive les centurions qui l’emportaient blessé !
    Il m’a regardé avec colère, le menton en avant, les yeux tout à coup étincelants.
    — Et Spartacus a donné un coup de glaive à celui des nôtres qui avait lancé son javelot sur le légat !
     
    Curius s’est à nouveau recroquevillé, les bras pendant le long des cuisses, comme si la terre les attirait.
    — Et tu vis, Jaïr, ici, chez ce légat, avec Posidionos et Apollonia, et Spartacus est mort, et les nôtres aussi. Quant à ceux qui survivent, plusieurs milliers, Crassus a préparé leur supplice. Je le sais, je l’ai vu.
    — Raconte-moi, ai-je demandé.
     
    J’ai assisté, moi, Jaïr, au retour du légat. Il était allongé sur un chariot, les cuisses entaillées, l’épaule transpercée, le bas du cou ouvert.
    Tout au long du parcours entre les gorges du Bruttium et son domaine de Capoue, il avait perdu tant de sang qu’il n’avait même plus assez de forces pour ouvrir les yeux. Les soldats qui l’escortaient l’ont posé sur mie table placée au milieu du tablinum, comme s’il s’agissait déjà d’un cadavre qu’il ne s’agissait plus que d’honorer.
     
    L’une des affranchies de Gaius Fuscus Salinator, qu’il chérissait, est venue me chercher.
    Elle savait qu’on me nommait Jaïr le guérisseur.
    Elle m’a supplié, conduit auprès du corps. Moi non plus, je ne voulais pas qu’il meure. C’est lui qui devait recueillir la mémoire de cette guerre, lui qui avait jusqu’à cet instant respecté son serment. Il nous avait accordé sa sauvegarde alors qu’il eût pu nous livrer au proconsul. Posidionos, Apollonia et moi vivions dans sa villa.
     
    J’ai lavé son corps, j’en ai arraché les croûtes de sang séché, j’ai couvert d’onguent les plaies où grouillaient ces vers repoussants mais utiles, qui se nourrissent de la chair putréfiée, des humeurs jaunes qui s’en écoulent.
    Un jour, Fuscus Salinator a soulevé la main avant de la laisser retomber.
    J’ai vu ce geste et j’ai su qu’il vivrait, que le serment qu’il avait prêté à Spartacus devant ses dieux serait honoré.
    Dieu l’Unique, mon Dieu, m’avait permis d’arracher Gaius Fuscus Salinator à la mort. Il voulait donc que le souhait de Spartacus fut exaucé. Que la guerre servile restât vivante dans la mémoire des hommes.
    Mais Spartacus était mort et j’ai demandé à Curius de me faire le récit de son ultime combat.
     
    — Dans les gorges du Bruttium, non loin du port de Petelia, nous avons mis en déroute les légions commandées par le légat Gaius Fuscus Salinator, a repris Curius.
    C’était notre première victoire depuis des semaines. Elle ressemblait à celles que nous avions remportées au début de notre guerre sur les pentes du Vésuve, dans la plaine de Campanie et en Lucanie.
    Les centurions avaient fui devant nous.
    Nous avions tué les licteurs, nous nous étions emparés des étendards, des emblèmes, des faisceaux.
    Les esclaves étaient comme ivres.
    Ils allaient d’un corps romain à l’autre. Ils les dépouillaient, brandissaient les casques, les glaives, les javelots, les cuirasses, les boucliers.
    Ils puisaient dans les besaces, s’abreuvaient de vin, engloutissaient les galettes de blé et le poisson séché.
    Ils voulaient poursuivre les Romains. Ils commençaient à murmurer, à s’écarter de Spartacus, et certains, apprenant qu’il avait blessé l’un des leurs, permettant ainsi au légat d’être emporté par des centurions, brandissaient le poing dans sa direction.
    Mais, quand Spartacus s’approchait d’eux, ils baissaient la tête et l’écoutaient encore.
     
    J’ai observé Spartacus. Il leur parlait avec détachement, disant que d’autres légions, celles de Crassus, peut-être huit en tout, se préparaient à attaquer. Il fallait chercher à esquiver leurs assauts en se réfugiant dans les forêts. Les légions
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