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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Max Gallo
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auraient de la peine à venir nous débusquer. Un jour, nous pourrions passer en Sicile.
    Ils ont crié leur relus.
    Ils venaient d’être victorieux. Ils avaient bu, ripaillé. Ils disaient ne pas vouloir fuir, ils voulaient retrouver les vergers, les moissons, les domaines de Campanie, se gorger de pillage et de butin. L’un a lancé :
    — Les légions sont ici, toutes les légions de la République, et même celles de Thrace. Rome est sans défense ! Rome est nue ! Les esclaves, les pauvres se révolteront quand nous serons sous ses murs. Alors nous entrerons dans la ville, nous serons dans Rome, frères !
    Ils n’ont pas entendu Spartacus qui les exhortait à ne pas marcher vers le nord, vers la Lucanie, la Campanie et Rome. Les légions les poursuivraient, les massacreraient. Jamais ils ne pourraient s’emparer de la ville. Il y avait lui-même renoncé à l’époque où ils étaient encore autour de lui une multitude.
    Un autre a lancé :
    — Tu nous trahissais déjà, Spartacus !
     
    J’étais debout près de lui. Il a murmuré :
    — Sauve ta vie, Curius, abandonne-les. Les dieux ont choisi de les aveugler.
    Il m’a tendu un sac rempli de pièces d’or.
    — Tu iras à Rhegium. Tu achèteras un navire. Et, avec quelques hommes, tu prendras la mer. Peut-être les hommes libres ne peuvent-ils être que des pirates.
    — Et toi ? Ils ne t’obéissent plus, Spartacus. Il savent que tu as sauvé la vie du légat. Ils t’accusent déjà. Ils te tueront.
    — Je suis avec eux, s’est-il borné à répondre.
    Et moi, Curius, j’étais avec lui.
     
    Nous avons donc marché vers la Lucanie. Nous ne suivions plus des hommes, mais un troupeau qui se répandait dans les champs, égorgeait le bétail, brûlait les villas, abattait les arbres fruitiers, volait et tuait tous ceux qui n’étaient pas des esclaves, ou qui, parmi ceux-ci, refusaient de se joindre à lui.
    Nous avons ainsi atteint les berges du Silarus, cette rivière impétueuse de Lucanie.
    Il faisait doux. Des forêts de petits chênes et d’oliviers couvraient les pentes des massifs dominant cette vallée et cette plaine.
    Spartacus a tenté une fois encore de mettre les hommes en garde. Ils étaient à découvert, a-t-il expliqué, à la merci d’une attaque des légions. Il fallait camper sur les versants du mont Albume, haut de mille sept cents pas, nous avait dit un esclave, et où l’on pouvait se cacher dans la forêt de chênes ou les grottes et se nourrir de gibier.
    D’aucuns ont de nouveau accusé Spartacus de trahison.
    Il cherchait, lui a-t-on crié, à empêcher qu’on battît les légions, qu’on fonçât sur Rome. Il n’avait pas voulu qu’on tue le légat. Il ne voulait pas qu’on s’empare de la capitale.
     
    Mais Rome était comme une femme. Elle ouvrait ses cuisses. Il suffisait de la conquérir, de la pénétrer.
    Voilà ce qu’ils disaient, ce à quoi ils rêvaient.
     
    Un matin, nous avons entendu les roulements de tambour des légions. Puis nous les avons vues former une ligne noire à l’horizon.
    Et les hommes, au lieu d’écouter Spartacus, ont hurlé leur joie, brandi leurs armes. Ils possédaient désormais de bons glaives romains, des casques, des boucliers. Ils allaient, disaient-ils, éventrer, égorger ces centuries, et les Romains s’enfuiraient.
    On tuerait les légats, les préteurs, les consuls. On garderait vivants quelques centaines de prisonniers qu’on traînerait jusqu’à Rome, on les forcerait à combattre dans l’arène et on offrirait ces jeux à la plèbe et aux esclaves de la ville.
    Spartacus a tenté de les empêcher de s’élancer.
    Il s’est placé devant eux, a ouvert les bras. Mais qui pouvait retenir un pareil flot ?
    Le troupeau entier s’est élancé.
    Les dieux l’avaient rendu ivre.
     
    Spartacus est revenu vers moi.
    — Va vers la forêt, Curius, sauve ta vie ! m’a-t-il dit.
    Puis il s’est approché de son cheval et, d’un coup violent de son glaive à l’encolure, il l’a égorgé.
    Le sang de la bête a jailli, couvrant nos corps.
    — Je n’ai plus besoin de monture, a-t-il murmuré. Les dieux me porteront.
     
    Je l’ai suivi.
    Il marchait vers les combats qui avaient commencé à se livrer sur les berges du Silarus.
    Tout à coup, il s’est mis à courir, glaive levé, criant :
    — Bats-toi, Crassus !
    J’ai vu devant lui, entouré de centurions, de licteurs, de porte-enseigne, la silhouette d’un Romain à la cuirasse
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