Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
perçant.
    « Tous des rustres, ces Sudistes ! s’écria-t-il à haute voix. Faut vous y attendre, l’ami. » Des rires s’élevèrent de la foule. Un badaud applaudit.
    « On veut juste acheter deux fichus pâtés », dit Barak.
    Le garde fit un signe de tête au marchand. « Donnez-les-lui. »
    Le marchand en tendit deux à Barak. « Ça fait un demi-shilling, annonça-t-il.
    — Quoi ?
    — Six pence, reprit le marchand en levant les yeux au ciel.
    — Pour deux pâtés ? demanda Barak d’un ton incrédule.
    — Payez-le ! » lui intima le garde. Barak hésita, mais je m’empressai de passer les pièces, que le marchand mordit avec ostentation, avant de les glisser dans sa bourse. Le garde se pencha tout près de moi.
    « Bien, filez sans plus tarder, m’sieu. Et dites à vot’valet d’rester poli. Vous voulez pas troubler la visite du roi, pas vrai ? » Il haussa les sourcils et nous regarda, Barak et moi, reprendre le chemin des portes de l’enceinte de la cathédrale. Les membres gourds, nous mîmes pied à terre près d’un banc placé contre un mur, attachâmes les chevaux puis nous assîmes sur le banc.
    « Mordieu, j’ai les jambes tout ankylosées ! s’écria Barak.
    — Moi aussi ! » J’avais en effet l’impression qu’elles ne m’appartenaient pas et mon dos me faisait horriblement souffrir.
    Barak mordit dans le pâté. « C’est rudement bon ! s’exclama-t-il, tout étonné.
    — Tu dois faire attention à ce que tu dis, dis-je en baissant le ton. Tu sais bien qu’on ne nous aime pas par ici.
    — Alors, eux et moi, on est quittes ! Bande de crétins ! répliqua-t-il en jetant un regard noir dans la direction du marchand.
    — Écoute, répondis-je d’une voix sereine, les autorités font tout pour maintenir le calme. Si tu traites les gens comme tu viens de le faire, non seulement on s’expose toi et moi à recevoir un coup d’épée dans les tripes, mais tu risques aussi de nuire au voyage du roi. C’est ce que tu veux ? »
    Il resta coi, les yeux fixés sur ses pieds, la mine renfrognée.
    « Qu’est-ce que tu as ? demandai-je. Voilà des semaines que tu t’emportes pour un rien. Naguère, tu étais capable de tenir ta langue de vipère. Le mois dernier, tu m’as causé des ennuis en traitant, alors qu’il pouvait t’entendre, le juge Jackson de vieille chenille à l’œil chassieux. »
    Il me décocha soudain un de ses sourires narquois. « Vous savez bien que j’ai raison ! » Mais je refusais d’adopter le registre de la plaisanterie. « Qu’est-ce qui ne va pas, Jack ?
    — Rien, répliqua-t-il en haussant les épaules. À part que ça ne me plaît pas de me retrouver ici au milieu de ces barbares demeurés. » Il me regarda en face. « Je regrette d’avoir causé des ennuis. Je ferai attention, désormais. »
    Je savais Barak peu enclin à s’excuser, en général ; je hochai donc la tête pour reconnaître son effort. Toutefois j’étais sûr que son horreur du Nord n’expliquait pas tout. Songeur, je me remis à manger mon pâté, tandis que mon assistant contemplait la place du marché de ses yeux sombres et perçants. « Ils ont bien piètre allure, ces Yorkais…, déclara-t-il.
    — Le commerce marche mal depuis des années. Et la dissolution des monastères a aggravé la situation. Ils possédaient beaucoup de bien ici, jadis. Il y a trois ou quatre ans de ça, tu aurais vu passer pas mal de soutanes de moines et de frères parmi cette foule.
    — Eh bien, cette époque est révolue ! » Barak termina son pâté et s’essuya la bouche d’un revers de main.
    Je me levai avec difficulté. « Allons chercher Wrenne pour obtenir nos instructions.
    — Pensez-vous que nous aurons l’occasion de voir le roi quand il arrivera ? De près ?
    — C’est possible. »
    Il gonfla ses joues. J’étais ravi de constater que je n’étais pas le seul à être intimidé par cette perspective. « Et dans le cortège il y aura un vieil ennemi, ajoutai-je, qu’on aura intérêt à éviter. »
    Il se retourna brusquement. « Qui donc ?
    — Sir Richard Rich. Il arrivera avec le roi et le Conseil privé. Je le tiens de Cranmer. Alors, je te le répète, évite d’attirer l’attention sur nous. On devra s’efforcer de passer inaperçus. Dans la mesure du possible. »
    Nous détachâmes les chevaux et les conduisîmes jusqu’à la porte où un autre garde armé d’une pique nous barra le passage. À
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher