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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal
Autoren: Christopher John Sansom
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nouveau je présentai mon ordre de mission ; levant son arme, le garde nous laissa pénétrer dans l’enceinte de la grande cathédrale qui se dressait devant nous.

2.
    « C’EST PLUTÔT VASTE », commenta Barak.
    Nous nous trouvions dans une cour pavée de belles dimensions entourée de bâtiments, que dominait la cathédrale.
    « Il s’agit du plus grand édifice de la région du Nord. Il doit être presque aussi vaste que Saint-Paul. » Je contemplai le gigantesque portail sous l’arc gothique à la décoration complexe devant lequel des hommes d’affaires étaient en train de bavarder. Une foule de mendiants munis de leur sébile étaient assis sur les marches. Je fus tenté de jeter un coup d’œil à l’intérieur de l’édifice mais m’abstins, car Wrenne nous attendait depuis la veille. Me rappelant les indications, je remarquai un bâtiment dont la porte était surmontée des armes royales. « C’est juste après », dis-je. Nous menâmes les chevaux de l’autre côté de la cour, prenant garde de ne pas glisser sur les feuilles tombées des arbres plantés tout autour de l’enceinte.
    « Savez-vous quelle sorte d’homme est ce Wrenne ? s’enquit Barak.
    — Seulement qu’il est un avocat célèbre d’York qui a effectué pas mal de tâches officielles. Il est très âgé, je crois.
    — Espérons qu’il ne s’agit pas d’un vieillard impotent qui n’a plus toute sa tête.
    — Il doit être encore compétent puisqu’il organise la présentation des requêtes au roi. Et, à l’évidence, c’est un homme de toute confiance. »
    Nous conduisîmes les chevaux le long d’une rue bordée de vieilles demeures serrées les unes contre les autres. On m’avait dit de chercher la maison qui faisait le coin à droite, laquelle s’avéra une haute construction à première vue très ancienne. Je frappai à la porte. Des pas traînants se firent entendre à l’intérieur et la porte s’ouvrit sur une femme âgée au visage rond et ridé entouré d’une coiffe blanche. Elle me dévisagea d’un air revêche.
    « Oui ?
    — Je suis bien chez messire Wrenne ?
    — Z’êtes les Londoniens ? »
    Son manque de déférence me fit quelque peu hausser les sourcils.
    « En effet. Je suis Matthew Shardlake et voici mon assistant, maître Barak.
    — On vous attendait hier. Mon pauv’maître s’est fait du mauvais sang.
    — On s’est perdus dans la forêt de Galtres.
    — Z’êtes pas les premiers ! »
    J’indiquai les chevaux d’un signe de tête. « Nos montures et nous-mêmes sommes fatigués.
    — Fourbus, renchérit Barak.
    — Feriez mieux d’entrer, alors. J’vais demander au gamin de rentrer vos chevaux à l’écurie et de les étriller.
    — Je vous en serais fort reconnaissant.
    — Le maître est sorti pour affaires, mais il s’ra bientôt d’retour. J’suppose que vous aimeriez manger un morceau.
    — Merci. Avec plaisir. » Le pâté avait à peine émoussé notre appétit.
    La vieille femme pivota sur ses talons et nous conduisit en traînant les pieds à la grande salle haute de plafond, au centre de laquelle trônait, comme à l’ancienne mode, un âtre où flambait un généreux feu de bois. La fumée montait paresseusement vers le trou de la cheminée pratiqué tout en haut, dans le chevronnage noirci. De l’argenterie de bonne qualité était exposée sur le dressoir, mais le rideau accroché derrière la table placée sur une plateforme au fond de la salle avait l’air poussiéreux. Un faucon pèlerin au magnifique plumage gris se tenait sur un perchoir près du feu ; il tourna vers nous ses énormes yeux d’oiseau de proie, tandis que je fixais les tas de livres éparpillés partout, sur les sièges, sur le coffre en chêne, ou calés contre les murs en piles près de s’effondrer. Sauf dans une bibliothèque, je n’avais jamais vu autant de livres en un même lieu.
    « Votre maître est grand amateur de livres, dis-je.
    — Ça, on peut l’dire, répondit la vieille femme. J’m’en vais vous chercher de la potée », ajouta-t-elle. Et elle s’éloigna, toujours en traînant les pieds.
    « De la bière serait également la bienvenue », lançai-je. Barak se laissa tomber sur un banc à dossier recouvert d’une épaisse peau de mouton et de coussins. Je pris un gros livre relié en vachette, l’ouvris et haussai immédiatement les sourcils. « Sangdieu ! C’est un ancien livre illustré à la main, comme en
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