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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal
Autoren: Christopher John Sansom
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Coiffés de casques de fer et vêtus de la tunique blanche ornée d’une croix rouge des archers royaux, des soldats patrouillaient sur le chemin de ronde en haut du rempart. Au lieu d’arcs et de flèches ils portaient des épées et d’effrayantes piques, voire de longs fusils à mèche. Un tintamarre de martèlements et de chocs métalliques nous parvenait depuis l’autre côté de la muraille.
    « Il s’agit sans doute de l’ancienne abbaye Sainte-Marie, où l’on doit loger, expliquai-je. J’ai l’impression qu’on y fait beaucoup de travaux en vue de la venue du roi.
    — On y va tout de suite pour déposer nos bagages ?
    — Non. Il nous faut d’abord rencontrer le confrère Wrenne et ensuite nous rendre au château.
    — Pour voir le prisonnier ? murmura Barak.
    — Oui. »
    Il leva les yeux vers les remparts. « Sainte-Marie est bien gardée.
    — Après tout ce qui s’est passé ici, le roi ne sait guère sur quel accueil compter. »
    J’avais parlé à voix basse, pourtant l’homme qui marchait devant nous à côté d’un cheval de bât chargé de céréales se retourna et nous lança un regard noir. Quand Barak haussa les sourcils, l’homme détourna les yeux. S’agissait-il de l’un des informateurs du Conseil du Nord ? Ils devaient faire des heures supplémentaires à York en ce moment.
    « Peut-être devriez-vous enfiler votre robe d’homme de loi », suggéra Barak en indiquant d’un signe de tête la scène qui se déroulait devant nous. Les chariots et les portefaix pénétraient dans l’abbaye par une vaste porte qui s’ouvrait dans le rempart. Juste après la porte, le mur de l’abbaye rencontrait celui de la ville à angle droit, tout près d’un corps de garde orné du blason de la ville d’York : cinq lions blancs sur fond rouge. D’autres gardes étaient postés là, armés de piques, portant un plastron et coiffés de casques d’acier. Au-delà du mur, les tours de la cathédrale, énormes, se découpaient sur le ciel gris.
    « Je n’ai pas envie de l’extirper de mon barda, je suis trop fatigué. J’ai là le pouvoir du grand chambellan », ajoutai-je en tapotant ma poche. Je possédais également le sceau de l’archevêque Cranmer, mais j’avais ordre de ne le montrer qu’à une seule personne. Soudain parut devant moi un spectacle qu’on m’avait annoncé mais qui me fit frissonner néanmoins : quatre têtes plantées sur de hautes perches, bouillies, toutes noires et à moitié dévorées par les corbeaux. Je savais que douze des conspirateurs rebelles avaient été exécutés à York ; leur tête et leurs membres avaient ensuite été dépecés puis placés au-dessus de toutes les portes de la ville, afin de mettre en garde le reste de la population.
    Nous fîmes halte derrière une petite file d’attente ; la tête de nos chevaux dodelinait de fatigue. Les gardes avaient arrêté un homme pauvrement vêtu et le questionnaient sans ménagement sur le but de sa venue en ville.
    « J’aimerais bien qu’il se dépêche, chuchota Barak. Je meurs de faim.
    — Je sais. Bon, allons-y ! C’est à nous maintenant. »
    L’un des gardes saisit les rênes de Genesis tandis qu’un autre s’enquérait de la raison de ma visite à York. Il avait un accent du Sud et un visage dur et ridé. Je lui montrai ma lettre de mission officielle.
    « Avocat du roi ? demanda-t-il.
    — En effet. Et voici mon assistant. Il doit m’aider à préparer les requêtes présentées à Sa Majesté.
    — Ici on a besoin d’une main de fer », répliqua-t-il. Il enroula le feuillet et nous fit signe d’avancer. Comme nous passions à cheval sous la barbacane, j’eus un haut-le-cœur à la vue d’un grand morceau de chair couvert de mouches bourdonnantes, cloué à la porte.
    « De la viande de rebelle, déclara Barak avec une grimace.
    — Oui. » Je secouai la tête en pensant à l’engrenage du destin. Sans la conspiration du printemps je ne serais pas là et le roi n’accomplirait pas son « voyage dans le Nord », le plus imposant et le plus majestueux de tous ceux jamais effectués en Angleterre. Nous franchîmes la porte, le martèlement des sabots de nos chevaux sur les pavés résonnait bruyamment sous l’arcade. Puis nous pénétrâmes dans la ville.
    Nous débouchâmes dans une étroite rue bordée de demeures de trois étages aux avant-toits en surplomb et d’échoppes dotées d’éventaires en plein air, où les marchands,
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