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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal
Autoren: Christopher John Sansom
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de droit.
    — Confrère Shardlake. Il paraît que la date de notre procès à la cour de la chancellerie n’est pas encore fixée. Ils sont si lents ! » déclara-t-il en secouant la tête, alors que je le savais ravi du retard. L’objet du litige était un petit monastère dissous qu’il avait acheté près de Cripplegate. Il l’avait transformé en un immeuble de location délabré aux égouts défectueux qui avaient causé de graves ennuis aux voisins. Il s’agissait de déterminer si, comme jadis c’était le cas pour le monastère, il n’avait pas à se soumettre au règlement du City Council, le conseil municipal. Le soutien que Richard Rich, qui s’occupait des biens des communautés démantelées, apportait à Bealknap s’expliquait : si celui-ci perdait le procès, la valeur de ces propriétés diminuerait.
    « Le bureau des Six Clercs semble incapable d’expliquer le retard », dis-je à Bealknap. J’avais envoyé Barak – qui savait se montrer intimidant quand il le souhaitait – les admonester, en pure perte. « Peut-être votre ami Richard Rich serait-il au courant. » Je regrettai immédiatement d’avoir prononcé ces mots, ce qui revenait à accuser de corruption le chancelier des Augmentations. Cette maladresse montrait à quel point j’étais sous pression.
    « Confrère Shardlake, vous êtes un méchant garnement de proférer de telles allégations. Que dirait l’intendant de l’école ? »
    Je me mordis les lèvres. « Désolé. Je retire mes paroles. »
    Bealknap me fit un large sourire, révélant d’atroces dents jaunes.
    « Je vous pardonne, confrère. Quand on n’a guère de chances de gagner un procès, il arrive que l’anxiété vous pousse à vous laisser aller à des inepties. »
    Sur cela, il me fit un salut, avant de poursuivre son chemin. Je le regardai s’éloigner, regrettant de ne pouvoir lui botter son arrière-train osseux.
     
    Après le dîner, j’enfilai ma robe d’avocat et pris un bachot pour me rendre à Lambeth Palace par le fleuve. Londres était calme, comme durant tout cet été-là, le roi et la Cour se trouvant dans le nord de l’Angleterre. Au printemps, après avoir appris qu’une nouvelle rébellion avait été tuée dans l’œuf au Yorkshire, le roi avait décidé d’effectuer un voyage en grande pompe dans le Nord afin d’impressionner ses habitants. On disait que le roi et ses conseillers avaient été extrêmement inquiets. À juste titre… Cinq ans plus tôt, tout le nord de l’Angleterre s’était rebellé contre les changements religieux, et le Pèlerinage de la Grâce, comme s’était appelée l’armée des rebelles, avait rassemblé trente mille hommes. Usant de fausses promesses, le roi les avait poussés à se débander, avant de lever des troupes pour les anéantir.
    Du début à la fin du mois de juin, les pourvoyeurs du roi avaient écumé tout Londres, vidant les boutiques et les entrepôts des vivres et autres fournitures car, affirmaient-ils, trois mille personnes allaient faire partie de l’escorte. Il était difficile de comprendre ce qui motivait la formation d’un cortège aussi nombreux, équivalant à la population d’une petite ville. Quand le convoi se mit en route à la fin juin, la file de chariots s’étirait, paraît-il, sur près d’une demi-lieue, et Londres avait été étrangement calme durant tout cet été pluvieux.
    Le batelier dépassa la tour des Lollards, à l’extrémité nord de Lambeth Palace, et dans le jour déclinant je vis une lumière briller à la fenêtre de la prison située au sommet de la tour où étaient détenus les hérétiques placés sous la garde de l’archevêque. Selon certains, c’était l’œil de Cranmer dardé sur Londres. Nous mouillâmes devant les grands escaliers : Un garde me fit entrer et traverser la cour jusqu’à la grande salle, où il me laissa seul.
    Je restai debout, admirant le magnifique plafond à caissons. Un clerc en robe noire s’approcha à pas feutrés. « L’archevêque va vous recevoir », murmura-t-il, avant de me conduire le long d’un labyrinthe de couloirs sombres, ses pas faisant bruisser les nattes de jonc qui tapissaient le sol.
    Nous arrivâmes à un petit cabinet de travail bas de plafond. Assis derrière son bureau, Thomas Cranmer lisait des journaux à la lumière d’un chandelier placé à côté de lui. Un feu flambait allègrement dans la cheminée. Je fis une profonde révérence à l’archevêque
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