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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve
Autoren: Caroline Roe
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révérende mère.
    — Pauvre âme. Elle a dû lui donner tout ce qu’elle possédait.
    Clara éclata en sanglots.
    — Allons, ma petite, dit la prieure. Nous sommes tous entre les mains de Dieu, et Il Se plaît à veiller sur nous. Sœur Domenica, je crois que Clara a besoin d’un dîner et d’un lit. Notre décision attendra bien demain.
     
    Le lendemain matin, juste après tierce, Clara se retrouva dans le parloir en compagnie de la prieure. Elle exécuta sa plus belle révérence et lui souhaita le bonjour ainsi qu’on le lui avait appris.
    La prieure sourit.
    — Clara, tu dis avoir onze ans. Je pense que tu te trompes, cependant, ce matin, je vais te parler non pas comme si tu avais onze ans, mais comme si tu étais une jeune femme de quatorze ou quinze ans. Regarde dans le jardin.
    Surprise, Clara marcha jusqu’à la fenêtre. Il y avait là une multitude d’enfants dans le soleil matinal : certains jouaient, d’autres étaient silencieux, quelques-uns se chamaillaient. Les plus âgés s’efforçaient de faire régner l’ordre avec l’aide des deux sœurs silencieuses qu’elle avait rencontrées la veille.
    — Oui, ma révérende mère ?
    — La peste a emporté la moitié d’entre nous il y a deux ans, et un autre quart encore l’été suivant. Une des nôtres est morte il y a deux mois. Nous sommes aujourd’hui quatre sœurs, plus deux postulantes qui s’occupent des bébés et une poignée de servantes parmi les plus courageuses de la chrétienté. Tous ces enfants sont comme toi. Ils ont perdu leur père ou leur mère, parfois les deux. Comme toi, il n’y a personne pour veiller sur eux. Nous en avons accueilli plus que de raison parce qu’il le faut bien. Si j’avais les coudées franches, j’aimerais te garder toujours, Clara. Tu m’as l’air d’être une fille franche et intelligente, vive et courageuse. Nul doute que tu nous serais d’une grande assistance.
    — J’aimerais être religieuse, dit Clara.
    — Ce que je veux dire, c’est que c’est impossible. Tu n’as pas de dot, et nous ne pourrions nourrir ces pauvres créatures ou nous-mêmes si nous prenions comme sœurs des orphelines sans le sou. Le pain coûte cher et, sans lui, nos enfants mourraient.
    — Qu’est-ce que je vais devenir, alors ? demanda-t-elle, désemparée.
    — Tu vas travailler, comme le doivent faire bien des femmes. Nous te placerons, même si tu n’as que onze ans, tu es plus âgée que la plupart des petites couturières sans formation. Si tu le souhaites, nous déposerons tes cinq sous à l’abri dans notre trésor, avec ton nom marqué dessus. De temps à autre, des personnes charitables nous font des dons destinés à augmenter la dot de filles comme toi. Je veillerai à ce que tu reçoives ta part de cet argent, de sorte qu’à l’âge de dix-huit ans tu auras assez pour épouser un respectable artisan. Comprends-tu ce que je te dis ?
    — Je dois partir d’ici et travailler, dit Clara en pensant à la fille de cuisine, pâle et maigre, dans la maison de sa mère – ou plutôt dans ce qui était la maison de sa mère.
    — Ne prends pas l’air aussi apeuré, mon enfant. Ce ne sera pas tout de suite. Tu pourras séjourner quelques mois parmi nous. Nous devons te trouver la meilleure place possible. En attendant, nous t’apprendrons un certain nombre de choses, et tu pourras nous aider à veiller sur les petits.

CHAPITRE PREMIER
    Gérone, 22 juillet 1354
     
    — Puis-je demander ce qui tourmente Votre Excellence ?
    Isaac le médecin se tenait à l’entrée du cabinet de l’évêque de Gérone, la main reposant doucement sur l’épaule de son disciple.
    — Entrez, maître Isaac, dit l’évêque. Rien ne me tourmente. Je veux dire que mon corps va bien et que je n’ai pas de soucis personnels, ce dont je suis très reconnaissant à Dieu. Rien ne me tourmente hormis la perspective du tourment.
    — Dois-je attendre dehors que l’on ait besoin de moi, seigneur ? demanda Yusuf.
    Le garçon était pourvu d’une bonne dose de curiosité, mais il avait entendu assez de discussions politiques ou philosophiques entre les deux hommes et y avait perdu tout intérêt.
    — Non, Yusuf, dit Berenguer. Tu es au milieu de tout cela et j’aimerais que tu restes. En fait, tu en es à l’origine, peut-être même la cause.
    — Moi, Votre Excellence ? demanda Yusuf paniqué. Mais qu’ai-je fait ?
    — Un instant, et nous le découvrirons. Bernat ! appela
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