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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve
Autoren: Caroline Roe
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lui fit oublier ses larmes et sa situation. Un cri, et là, devant, tout près d’elle, deux mules portaient le roi et la reine. Elle avait déjà entrevu Sa Majesté, au printemps. Le roi revenait de Valence après une longue absence et était accompagné de sa fiancée, une princesse sicilienne. C’était la première fois qu’elle voyait la reine. Sa Majesté était parfaitement à l’aise sur sa monture et se tenait aussi droite qu’un peuplier. Elle était grande et belle, comme la mère de Clara, et aussi mince, à l’exception de son ventre qui s’arrondissait. En la voyant, la foule poussa de nouvelles acclamations, car ce ventre renfermait l’espoir de tout un royaume de donner un héritier au trône et de mettre un terme aux guerres civiles. Elle portait une robe d’un vert si doux que Clara l’eût crue taillée dans l’eau de la mer.
    La reine aperçut Clara perchée au-dessus de la masse de ses sujets et sourit ; elle se pencha pour dire quelque chose à Sa Majesté. Don Pedro tourna la tête, sourit à son tour, acquiesça et se replongea dans ses réflexions.
    Quand ils furent partis, la foule se dispersa en se bousculant.
    — Vers quel couvent allais-tu ? lui demanda l’homme.
    Toute magie s’était dissipée.
    — Par là, répondit Clara qui sentait revenir la panique.
    Elle savait où résidaient les religieuses. Tu va s ju squ’au bout de la rue et tu prends la route à main droite. Ensuite, tu tournes à gauche à la fontaine, le couvent est là, au bout de cette rue. Ils s’en éloignaient de plus en plus.
    — S’il vous plaît, laissez-moi descendre. Je devais y aller directement.
    — Tu ne vis pas au couvent ?
    Elle secoua la tête.
    — Tu habites quelque part ?
    — Non, messire. Je veux descendre, s’il vous plaît, dit-elle en se débattant.
    Il referma les mains sur ses chevilles.
    — Reste tranquille un instant. Ton couvent ne prend pas de petites filles comme toi. Si tu ne sais pas où aller, celui de l’autre côté de la route t’ira très bien. Les sœurs sont bonnes, dit-il, et promptes au pardon.
    Il traversa la foule qui fondait comme brume devant lui, la déposa devant un grand portail et actionna la cloche. Dès que l’on ouvrit, il s’enfuit comme s’il avait honte d’avoir porté secours.
     
    Quatre religieuses se tenaient dans le petit parloir et examinaient Clara.
    — Ta mère t’a dit de venir ici, fit celle qui avait une voix fatiguée.
    — Pas exactement, ma sœur, répondit Clara. Ma mère m’a dit d’aller chez les sœurs et qu’elles sauraient quoi faire.
    — Les mots précis n’ont pas d’importance, répliqua la sœur à la voix lasse. Ne nous fais pas perdre notre temps.
    — Et quel est ton nom, mon enfant ? lui demanda la sœur postée près de la fenêtre.
    De toute évidence, elle regardait au-dehors.
    — Clara, ma sœur.
    — Tu diras ma révérende mère quand tu t’adresseras à la prieure, expliqua la sœur fatiguée.
    — Pardonnez-moi, ma révérende mère, dit Clara avec une courbette. Mon nom est Clara.
    — Rien que Clara ? Tu n’as pas d’autres noms ?
    «  Ne dis à personne le nom de papa.  » Les paroles angoissées de sa mère résonnaient à ses oreilles. Jamais elle ne l’avait vue en proie à une telle frayeur. Tant pis, mieux valait mentir aux sœurs que trahir la confiance de cette voix tremblante.
    — Je ne sais pas, ma révérende mère.
    — Ah, je vois, fit la prieure en se détournant de la fenêtre. Quel âge as-tu ?
    — Onze ans.
    — Tu en es sûre ? Tu as l’air d’en avoir huit ou neuf, tout au plus, fit la sœur fatiguée.
    — J’ai onze ans, ma sœur. Ma mère dit que je suis petite pour mon âge.
    — Que fais-tu ?
    — Ce que je fais ? répéta Clara, un peu plus paniquée.
    — Que sais-tu faire ? expliqua la prieure. Que t’a-t-on enseigné ?
    — À lire et à écrire, dit Clara avant de réfléchir à ses carences. Enfin, un peu, précisa-t-elle. Je sais coudre, mais…
    — Pas très bien, l’interrompit la sœur lasse d’un air impatient.
    Clara était trop intimidée pour la corriger.
    — Tu n’es jamais allée au travail ?
    — Au travail ? Non, ma sœur.
    — Et tu n’as pas d’argent, ajouta la prieure, d’une voix plus douce toutefois.
    — Ma mère m’en a donné avant qu’elle… avant de partir.
    Clara tendit sa bourse à la religieuse.
    — Combien, sœur Domenica ? s’enquit la prieure.
    — Cinq sous, ma
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