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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve
Autoren: Caroline Roe
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l’est aujourd’hui. Bateaux et cargaisons changeaient facilement de catégorie, et les affaires du royaume ne s’en portaient pas plus mal.
    Les avocats et notaires établissaient des contrats et rédigeaient des testaments, les marchands achetaient et vendaient, les artisans fabriquaient toutes sortes de choses, de l’armure à la robe de soie, et les voleurs dérobaient ce qu’ils pouvaient, ainsi qu’ils l’avaient toujours fait. Les marchands d’esclaves vendaient sur les marchés de Barcelone ou attaquaient les villages côtiers pour y trouver adultes et enfants qu’ils proposaient en Afrique du Nord et en Asie. À l’âge de huit ou neuf ans, garçons de toute classe et fillettes des milieux pauvres apprenaient un métier ou entraient en servitude pendant une période donnée afin d’y acquérir aptitude et expérience.
    La politique étrangère de leurs dirigeants n’avait que peu d’impact sur leur existence, à moins que, par un malheureux hasard, ils ne soient entraînés dans des événements auxquels ils ne comprenaient rien.
     

HEURES CANONIALES
     
    Au XIV e siècle, le temps s’exprimait presque toujours sous formes d’heures, ou moments réservés au culte dans la vie monacale. Toutes les trois heures, à partir de minuit, les cloches sonnaient et la vie s’arrêtait pour le service correspondant à cet instant. Ces cloches pouvaient toutefois s’entendre dans toute la ville et la campagne environnante, scandant ainsi la vie quotidienne.
    Le nom des heures a parfois changé au cours des siècles, mais l’ordre habituel, celui que nous adoptons dans cette série, est le suivant :
     
    Minuit ~ Matines
3 h ~ Laudes
6 h ~ Prime
9 h ~ Tierce
Midi ~ Sixte
15 h ~ None
18 h ~ Vêpres
21 h ~ Complies

CARTE
     

     

PRÉLUDE
    Barcelone, septembre 1350
     
    Clara était assise de travers sur le rebord de fenêtre de pierre froide, ses genoux remontés sur sa poitrine. Elle regardait l’ourlet de sa robe bleu foncé, souillé d’une boue séchée que le soleil matinal illuminait impitoyablement. Elle n’avait plus pensé à cette boue. Elle s’y trouvait quand, à la fin de l’hiver, elle avait replié cet habit outrageant et l’avait dissimulé. Et elle était toujours là. Ainsi que la longue déchirure dans l’étoffe.
    Même neuve, elle avait toujours détesté cette robe. La couleur en était terne, le motif disgracieux. Elle avait eu une centaine d’idées pour l’embellir, mais sa mère lui avait dit avec fermeté que, tant qu’elle n’apprendrait pas à ravauder et à tenir en bon état ses vêtements de tous les jours, il était hors de question qu’elle consacre plus de temps et de fil de soie à une broderie fantaisie. Clara soupira. Elle ne viendrait jamais à bout de son raccommodage. Elle était vive et ne ménageait pas ses habits.
    Elle jeta la robe à terre et songea à la cacher derrière le lit. Les nouveaux propriétaires de la maison l’acquerraient avec les meubles – de beaux objets que, pour une raison inconnue, il leur fallait laisser derrière eux. Non, maman la trouverait certainement. Clara espérait une chose, c’était d’avoir grandi pendant l’été. Si l’on ne pouvait plus mettre la robe à sa taille, maman la réserverait pour y tailler une tunique destinée à son petit frère.
    Aussi vite qu’elle le put, elle sauta à terre, dénoua et déboutonna sa nouvelle robe d’été et enfila celle d’hiver. Je vous en supplie, implora-t-elle en silence, faites qu’elle ne m’aille pas. On l’avait déjà rallongée et il ne restait plus beaucoup d’ourlet. Mais même si son corps de onze ans avait grandi de près d’une largeur de main, il avait toujours la même minceur. La robe ne la serrait pas plus qu’en avril, quand elle l’avait rangée. Maman l’examinerait avec soin, lui dirait d’enlever la boue, réparerait la déchirure et supprimerait l’ourlet. Elle allait parfaitement pour tous les jours, dirait-elle, avant de lui demander une fois encore si elle croyait que le tissu pousse dans les arbres.
    Papa lui aurait acheté une pièce de tissu pour y tailler une nouvelle robe, mais papa était mort, et il leur fallait partir pour la campagne maintenant que l’année de deuil touchait à sa fin. Maintenant que papa était mort, disait maman, la maison n’était plus à eux. Il paraissait étrange que quelqu’un qu’ils n’avaient jamais rencontré pût posséder une maison qui avait toujours été la leur.
    La
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