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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve
Autoren: Caroline Roe
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l’autre n’était qu’à deux heures de cheval !
    Elle éclata en sanglots.
    — Il va revenir, dit Judith en s’asseyant sur le banc et en prenant sa fille par les épaules.
    — Je ne devrais pas être si dure, reprit Raquel en reniflant. Maîtresse Clara a terriblement souffert, et la mère de Doña Tomasa cherche à l’unir à quelqu’un d’autre. Elle a été généreuse envers moi. Elle a fait déposer un paquet dans mon coffre avant qu’on ne le referme. Je vais regarder ce que c’est.
    Sans cesser de grommeler, Leah alla chercher ledit paquet.
    — Elle a précisé que c’était de leur part à elles deux. Pour nous remercier d’avoir sauvé le seigneur Oliver.
    Judith regardait de l’autre côté de la cour, par-delà Raquel.
    — Tu me le feras voir plus tard, dit-elle sèchement, je dois demander à Naomi de…
    Elle avait déjà disparu.
    Raquel dénoua le ruban qui retenait le paquet. Elle découvrit une robe exquise faite d’une lourde soierie, brodée de fils blancs et argentés.
    — Maman, regardez ! dit-elle en la tenant à bout de bras. Ce sont des lions qui folâtrent !
    Et puis elle se souvint qu’elle était seule.
    — Eh oui, ce sont des lions, dit une voix grave derrière elle. Après tout, mon nom est Daniel.
    — Daniel ! s’écria Raquel en se levant brusquement. Je vous croyais perdu en mer !
    Elle jeta les bras autour de son cou.
    — Alors que vous m’attendiez ? Pas question !
    — Quand êtes-vous revenu ? demanda-t-elle en se rasseyant. Nous n’avions aucune nouvelle.
    — Je suis encore couvert de la poussière du chemin. Ma tante ne sait même pas que je suis là, il me faut la retrouver aussitôt. Mais je devais d’abord passer vous voir. Vous êtes plus charmante que jamais, dit-il. Mais vous avez pleuré.
    — Et vous voilà aussi sale et hâlé qu’un marin. Mais vous n’en êtes pas moins le bienvenu !
     
    — Je ne parviens pas à comprendre comment une mère peut perdre ainsi son enfant, dit Judith.
    Ils venaient de souper et étaient assis dans la cour. Le vent avait éteint la bougie, et Judith n’avait pas cru bon de la rallumer.
    — S’il y avait eu la guerre ou une émeute, oui, reprit-elle, mais là… elle s’est montrée bien insouciante.
    — Elle s’en fait reproche, ma mie, répondit Isaac. Et elle aime ses enfants aussi passionnément que toute autre mère. Nous ignorons quelle était leur vie, n’est-ce pas ? La guerre et la maladie qui se sont abattues sur le royaume ont eu des effets inattendus et persistants. Elle a fui le danger, pensant que son enfant était en lieu sûr.
    — Tout de même, envoyer sa fille chez les religieuses… Même pas chez des amis. Ce n’est pas comme laisser Miriam aller seule chez Dolsa 5 .
    — Ne vous montrez pas trop dure à son égard, Judith.
    — Je n’aime pas entendre les horreurs qui peuvent arriver aux enfants. Je suis heureuse que Daniel soit de retour. Je commençais à beaucoup m’inquiéter.
    — Et pourquoi, ma mie ? Vous semblez mal à l’aise.
    — Nullement. Vous me parliez de la señora, Isaac, et je vous ai interrompu.
    — Je m’efforçais d’expliquer en quoi la présence de Raquel était importante.
    — Elle veillait ce grand seigneur, n’est-ce pas ? Il m’avait l’air d’un plaisant homme, même quand nul ne savait quel était son haut rang.
    — Il n’a pas changé. Mais dès l’instant où je l’ai rencontrée, j’ai pensé que Serena de Finestres portait un enfant, c’est pourquoi j’ai été très inquiet de voir son chagrin et sa détresse l’empêcher de boire et de manger. Raquel était davantage là pour la veiller que pour s’occuper du seigneur Oliver qui, malgré sa blessure, aurait pu s’en tirer très bien tout seul. La fille de Doña Serena la remplace à présent, et je les soupçonne de très bien s’occuper l’un de l’autre.
    — Comment l’avez-vous deviné pour la señora ?
    — Comment dire ? Il y a chez une femme qui porte un enfant un je ne sais quoi… une attitude, une façon de parler, peut-être même un parfum…
    — Je me demande alors pourquoi vous n’avez rien remarqué en moi. Ou n’est-ce valable que dans le cas d’une étrangère ?
    Il y eut un long silence, rompu seulement par le crissement des insectes dans la nuit tiède.
    — Oh, ma très chère amie, dit-il enfin, est-ce vrai ? Je ne puis croire qu’après tout ce temps…
    — Les jumeaux n’ont que huit ans. Il y a
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