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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve
Autoren: Caroline Roe
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coupé, et Raquel se pencha au-dessus de lui pour lui tamponner le front.
    — Vous êtes en sécurité ici, monseigneur, le rassura-t-elle. Il est inutile d’être sans cesse sur vos gardes. Ce n’est pas bon pour vous.
    — Me voilà une fois de plus réprimandé. Doña Clara, je croyais avoir reconnu votre pas, mais mon médecin m’interdit d’aller à votre rencontre.
    — Maîtresse Raquel, dit la jeune fille, ma mère vous sera à tout jamais reconnaissante de ce que vous faites. Votre présence ici lui apporte le plus grand réconfort. Elle m’a confié que, sans votre aide, elle n’aurait jamais été retrouvée par ceux qui désiraient nous réunir.
    — J’ai fait peu de chose, mais ce fut de bon cœur. Permettez-vous, Doña Clara, que je place ici une chaise ? Ainsi le seigneur Oliver pourra converser avec vous sans se tordre en tous sens ou hausser la voix.
    Indifférente aux joues écarlates de Clara, elle fit signe à Dalmau de déplacer le siège.
    — Ma mère dit qu’elle se sent faible. Est-elle malade ? demanda Clara.
    — Non, mais elle a eu beaucoup de chagrin et une très grande joie. Je suis certaine qu’elle vous expliquera tout ce qui s’est passé mais, pour l’heure, elle est épuisée. Je vais la rejoindre.
    — Et je m’assiérai à votre place, maîtresse Raquel, dit Tomasa, car moi aussi je suis épuisée par ce voyage.
    Tomasa paraissait plus agitée qu’exténuée, en réalité. Après quelques instants de calme pendant lesquels le pépiement d’un oiseau constitua le gros de la conversation, elle se releva.
    — Je n’ai pas apporté de broderie avec moi. Je ne puis rester ici comme une oisive tandis que vous bavardez. Je vais aller voir ce que sont devenus mes bagages.
    Et, sans attendre une réponse, elle disparut.
    Entre la cour et sa chambre, elle parut perdre tout intérêt pour son ouvrage. Elle ouvrit la porte, regarda à l’intérieur, constata que tout était bien rangé et referma.
    — Où puis-je trouver la señora ? demanda-t-elle à Joana, qui passait par là, les bras chargés de linge propre.
    La servante tenta une révérence.
    — Là-haut. Désirez-vous…
    — Inutile, fit Tomasa avant de s’élancer dans l’escalier.
     
    — Veuillez me pardonner cette intrusion, dit Tomasa. Surtout quand vous avez besoin de repos. Mais j’ai décidé que, si je ne quittais pas cette cour, mon pauvre frère serait incapable de prononcer le moindre mot. Je lui fais l’effet d’un haut mur de pierre…
    — Un mur, Doña Tomasa ?
    — Oh oui, répondit la jeune femme en tirant un tabouret et en s’installant près de la couche de Serena. Oliver est d’habitude aussi téméraire qu’une troupe de lions, et je sais que Clara est charmante et pleine d’esprit. Mais, señora, ils sont assis là comme deux statues. Mon frère m’a écrit en des termes tels que je ne puis m’empêcher de me demander s’il n’est pas épris d’elle.
    — Voyons, Clara n’a que…
    — Elle a seize ans, señora.
    — C’est vrai. Il ne m’a pas été donné de la voir se transformer en jeune femme. Quel choc !… Ainsi, madame, ajouta-t-elle avec un petit sourire, vous préparez une union, n’est-ce pas ?
    — Je l’aimerais comme une sœur. Je prise beaucoup sa compagnie. Et en le voyant ici, tout malheureux, tout rouge de confusion, je crois avoir raison. C’est surprenant, señora, parce que les femmes – de grandes dames très bien dotées – se jettent à son cou depuis qu’il a du poil au menton. Mais il n’a voulu en épouser aucune, au grand désespoir de ma mère. Et il est opiniâtre.
    — Je dois y réfléchir, dit Serena. Et parler à Clara. Mon époux aimait beaucoup votre frère – il l’aimait comme son fils ou son cadet. Il avait en lui une confiance absolue. Mais elle est si jeune…
    — Voyons ce que les autres pensent de cette union. Qu’avez-vous à dire, maîtresse Raquel ?
    — J’apprécie votre frère, madame, répondit Raquel, mais il faut tenir compte des sentiments de la jeune fille.
    — Oh, une adepte des mariages d’amour ! Mais c’est excellent ! Êtes-vous mariée, maîtresse Raquel ?
    — Non, madame, dit-elle en baissant les yeux.
    — Fiancée, peut-être ?
    — Oui, madame.
    — Comme j’aimerais l’être ! fit Tomasa d’un ton mécontent. Maman ne cesse de m’en parler.
    — Aimeriez-vous être fiancée à quelqu’un en particulier ? s’enquit Serena. Ou désirez-vous
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