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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville
Autoren: Robert Merle
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ma
pauvre petite Hélix, me déprisant de la chérir, préférant quant à lui, à une
affection proche et populaire, ses nobles et inaccessibles amours.
    Et inaccessibles, certes, elles
l’étaient, car le Baron-brigand de Fontenac, dont les terres jouxtaient les
nôtres, ne rêvait, ne soufflait, ne respirait que notre destruction, couvrant
sa vilainie du manteau de la religion, étant papiste. Il est vrai que son
épouse ne lui ressemblait point, étant douce et chrétienne, et que sa fille
Diane, disait-on, tenait, Dieu merci, de sa mère. Mais de nul poids pesaient
les pauvrettes face à ce furieux sanglier, lequel voulait tout à la fois venger
son père que la frérèche avait fait bannir pour ses crimes et, du même coup,
mettre la main sur notre beau domaine, lequel, joint au sien, eût fait de lui
le plus puissant Baron du Sarladais.
    Il est vrai qu’on avait cru à
Mespech à un accommodement quand Diane tombant malade de la peste, et pas un
médecin de Sarlat ne consentant à approcher le château, Fontenac avait demandé
par lettre à mon père de la soigner : à quoi mon père avait consenti, à
condition que ce fût à Mespech, en une chambre du châtelet d’entrée où, l’ayant
isolée, il lui avait apporté si bonne curation qu’elle guérit – mais
laissa en partant, au cœur de François, une inguérissable atteinte.
    Hélas, ce chien de Fontenac n’avait
même pas la gratitude d’un chien : dès que l’intestine guerre entre sujets
d’un même Roi recommença, nous apprîmes que, prenant langue avec d’aucuns
seigneurs de la noblesse catholique du Sarladais, il les avait suscités à se
liguer afin de tout soudain courir sus à Mespech et détruire « ce nid
d’hérétiques ». Projet partout accueilli à froidureuse face tant la
frérèche était hautement prisée et tant ce méchant l’était peu. Puymartin (qui,
bien que papiste, était fort notre ami, ayant combattu avec nous contre le
Baron-boucher de la Lendrevie) nous avertit le premier de ces menées et
remuements de Fontenac, nous invitant à nous bien garder car, n’ayant pas
réussi à ameuter ouvertement contre nous, il était à craindre que le scélérat
n’essayât, en sous main, de la sape et de l’embûche.
    Cet avis, qui nous parvint par
chevaucheur le 16 février, redoubla notre vigilance. On sortait peu de nos
murs. On sortit moins encore et toujours en nombre et armés en guerre avec
morion et corselet, et pistolets dans les fontes de nos montures, dépêchant à
l’avant les frères Siorac, grands chasseurs à qui rien n’échappait, ayant
l’ouïe fine et l’œil perçant.
    Au tomber du jour, bêtes et gens
retirés au logis, tout était verrouillé ; l’épaisse porte du châtelet
d’entrée barrée de l’intérieur d’une forte bande de fer, la herse derrière elle
abaissée et, s’il ne pleuvait pas, les torches enfoncées dans les bobèches des
murs afin que de les allumer à la première alerte et de distinguer
l’assaillant, son nombre et ses assauts. À Escorgol qui gardait le châtelet
d’entrée, la frérèche adjoignit mon valet Miroul (« Miroul les yeux
vairons, un œil bleu, un œil marron », chantonnait ma pauvre petite Hélix
dans les rémissions de sa longue agonie), afin qu’au premier bruit insolite,
Escorgol pût nous l’envoyer pour nous donner l’alarme, Miroul étant à la course
plus vif et agile que lièvre.
    Mon père visita avec moi et Samson
le souterrain qu’il avait fait creuser pendant notre séjour à Montpellier pour
relier le château au moulin des Beunes, lequel moulin était le point faible de
nos défenses car, si bien que notre carrier Jonas l’eût remparé, faisant les
ouvertures petites et pratiquant çà et là des meurtrières coudées, il était à
ras de chemin, clôturé en bois, la bâtisse point apte à soutenir un siège
contre une vingtaine de gueux résolus, Coulondre et sa Jacotte étant ses seuls
défenseurs, et tous deux, certes, fort vaillants, mais Coulondre n’ayant qu’un
bras et demi et Jacotte dans les siens un pitchoune.
    Or, en ce moulin, d’un bout de l’année
à l’autre, il y avait force grains, tout le plat pays s’y faisant moudre, force
noix (dont on pressait l’huile) et force porcs, les nôtres et ceux de
Coulondre, nourris du beau son frais rejeté des tamis, trésors en ces temps de
disette, bien propres à exciter la friandise des gueux ! Or ne
savions-nous pas que le Fontenac, en l’année 1557
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