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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville
Autoren: Robert Merle
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de cette
différence le lendemain quand me trantolant de pièce en pièce, j’entrai en
musant dans la salle de la tour est que mon père appelait en se gaussant
« les étuves » pour ce qu’il y avait là devant un feu, en ces
occasions flambant haut et clair dans la cheminée, un grand baquet de chêne
dans lequel Alazaïs, la Maligou et Barberine avaient versé des seaux d’eau
fumante apportés des cuisines.
    — Ha ! mon Pierre !
s’écria Barberine, ensauve-toi, mon mignon ! Il est maloneste à drôle
d’espincher les mignotes au bain !
    — Quoi ? dis-je,
Catherine n’est-elle pas ma sœur ? Et la Gavachette en quelque guise
aussi ? Ne les ai-je pas vues nues plus de cent fois en mes
enfances ?
    Et ce disant, les mains aux
hanches, je m’approchai du baquet, fort aise d’envisager ces fraîches fleurs
dans leur natureté. Catherine, aussitôt cramoisie, s’enfonça jusqu’au cou dans
l’eau mais la Gavachette, diablesse qu’elle était, s’écria tout soudain :
    — Je suis propre assez,
Barberine !
    Quoi dit, sortant du baquet, nue
qu’elle était, l’effrontée alla se camper devant le feu flambant, et se mettait
là, se mettait ci pour se sécher, battant du cil ce faisant, et son œil noir,
immense et liquide, mi-dérobé par ses cheveux de jais, m’envisageant en
tapinois. Ce n’était pas la peine assurément que je tournasse autour de la
drôlette pour la caresser de l’œil : elle se tournait assez, sa peau de
sarrazine dorée par le feu clair, la membrature mince et gracieuse et cependant
le tétin haut et déjà pommelant, et sous taille plus fine qu’oncques ne vis, la
chair des fesses mignardement contournée et rondie, sans qu’elles fussent trop
resserrées entre les os ni épanchées en trop de graisse.
    — Ha ! Vilaine !
s’écria ma petite sœur Catherine, son œil bleu s’aigrissant tout soudain.
Vilaine ! Dévergognée ! Ribaude ! Veux-tu bien te cacher, fille
de Roume ! Vilain pruneau ! Sais-tu pas que c’est vilain péché,
mortel et capital, de laisser voir à homme qui vive ce que tu montres !
    — Va ! Va !
Va ! Ma petite perle ! dit Barberine en riant, le péché n’est pas
dans l’œil, mais dans l’usance. Voir n’est pas lécher. Et lécher n’est pas
prendre. Cependant, l’un peut sortir de l’autre, comme bien on sait. Mon beau
coq, poursuivit-elle en se tournant vers moi, je te l’ai déjà dit !
Ensauve-toi ! Je ne sais à qui ni quoi le Moussu destine le joli brugnon
que voilà et peu te sied à toi avant de le savoir de lui tournebouler la tête
de ton œil si friand.
    — Ma bonne Barberine !
dis-je, tirant vers elle et la poutounant sur la joue, au col et en haut des
tétins (tant pour mon plaisir que pour l’apazimer), je n’y mets pas malice,
comme bien tu penses !
    — Je me pense le rebours,
fripon ! s’écria Barberine, mi-riant, mi-fâchée, le feu te sort des naseaux
comme étalon au pré et c’est bien pitié que tu ne puisses bailler un peu de
cette flamme à ton aîné François, lequel est froid comme hareng en caque.
    — Il n’est point si froid,
dis-je, il va rêvant à sa Diane de Fontenac.
    — Rêver est viande de pauvre suc,
dit Barberine, s’il n’y a pas le toucher au bout. Et comment François
mariera-t-il la fille du plus mortel ennemi de Mespech ?
    Mais ceci me ramentevant mon
Angelina et la traverse que faisait à nos doux projets la religion de ses
parents (encore qu’ils m’aimassent assez) je me contristai tout soudain et,
tout songeard, je quittai les étuves. Mais désirant incontinent me guérir de ma
« malenconie », je tirai vers la salle où le Gascon Cabusse donnait
sa leçon à François qui de 1’épée me salua, mais sans souris ni brillement de
l’œil, ayant pour moi fort peu d’amour à la différence de mon demi-frère
Samson, lequel, à ma vue, se leva de son escabelle et me donna une forte
brassée et plus de dix baisers, bel ange de Dieu qu’il était, et si beau et si
fort et si innocent. Je m’assis à son côté et tenant sa main dans la mienne,
j’observai François, lequel, à dire le vrai, n’avait rien de laid, n’étant ni
estéquit de corps, ni malhabile, tirant fort bien des deux mains, montant à
cheval le plus correctement du monde, et point sot non plus, mais en soi
remparé, renfermé et serré, dissimulant, rancuneux à l’infini, très entiché de
son rang et de sa baronnie future, hautain avec nos gens et, du vivant de
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