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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus
Autoren: Arlette Cousture
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disculper et Florence fut pardonnée. Jan et M. Favreau retournèrent travailler – le magasin fermait malheureusement à vingt et une heures en ce jeudi soir – et Élisabeth précéda Michelle qui s’était encore alourdie. Michelle monta lentement et s’assit, très essoufflée. Élisabeth la regarda, l’œil tout à coup inquiet.
    – Est-ce que ton médecin a dit quelque chose sur ta fatigue?
    – Il dit que c’est normal. Que je ne dois quand même pas m’attendre à sautiller quand j’ai vingt livres sous le ventre et dans les fesses.
    Élisabeth lui demanda l’âge de son médecin et Michelle lui rappela lui avoir déjà dit que c’était celui-là même qui l’avait mise au monde.
    – Tu devrais peut-être en voir un plus jeune.
    – Tu penses?
    – Non seulement je le pense, mais je te prends un rendez-vous avec le docteur Boisvert.
    Élisabeth était franchement inquiète de la mauvaise mine de sa belle-sœur. Elle se vêtit et s’apprêtait à sortir quand Michelle, qui était passée à la salle de bains, l’appela à son secours. Elle venait d’avoir des saignements. Élisabeth la soutint jusqu’à son lit et joignit d’abord Denis Boisvert qui était à l’hôpital – elle le savait puisqu’il l’y attendait – avant d’appeler Jan. Elle s’assit au pied du lit de sa belle-sœur sans cesser de lui sourire. Michelle était extrêmement angoissée et Élisabeth se disait qu’il serait terrible qu’elle perdeson enfant. Elle avait encore près de trois mois de grossesse à faire.
    Jan entra en courant et Élisabeth eut mal pour lui en reconnaissant dans son visage l’affolement qu’il avait éprouvé lorsqu’il avait dû la défendre contre des hommes qui avaient menacé sa vertu, à Amberg et au Manitoba avec Jerzy. Elle sortit de la chambre et alla attendre Denis au salon, contente de ne pas avoir encore parlé de leur relation de moins en moins amicale, de plus en plus amoureuse.
    Denis arriva, trousse en main et foulard au cou. Élisabeth pensa aussitôt à Florence en voyant le foulard et se dit qu’il lui faudrait lui téléphoner si elle se voyait obligé d’annuler le cours. Elle regarda Denis d’un air troublé et il lui fit une petite moue pour lui signifier d’attendre le résultat de son examen avant de s’inquiéter. Elle l’introduisit dans la chambre et referma la porte derrière lui, après avoir suggéré discrètement à son frère de la suivre. Jan s’installa près d’elle et, instinctivement, comme au jour de la naissance d’Adam, lui prit la main pour trouver du réconfort. Seule Élisabeth pouvait bien comprendre ses sentiments, il le savait. Même Michelle ne les saisissait pas entièrement. Il ne pouvait lui en tenir rigueur puisqu’elle n’avait rien vécu de son passé. Élisabeth resta à ses côtés sans broncher, le cœur en pendule entre le malaise de Michelle et la présence réconfortante de Denis. Celui-ci sortit enfin et leur sourit tristement, désignant du menton la cuisine. Jan le suivit le premier et Élisabeth entra sur ses talons.
    – Au lit. Pour tout le temps de la grossesse. Aucun effort, aucun énervement autre que du plaisir.
    – Les cours de violon?
    – Pas de problème. Elle a justement précisé qu’elle voulait voir Florence. La présence de la petite lui fera penser à l’enfant qu’elle porte et l’encouragera à garder les jambes surélevées.
    Ils parlèrent des risques et Jan sembla effondré d’apprendre qu’il n’était pas certain que Michelle puisse mener sa grossesse à terme. Denis leur annonça aussi qu’il serait probablement nécessaire de lui faire une césarienne, son bassin étant particulièrement étroit.
    – Son médecin n’a jamais dit ça.
    – Son médecin est de la vieille école. Moi, j’aime autant que vous sachiez exactement ce qui peut se produire. Cela me garantit une plus grande prudence de votre part.
    Il annonça finalement que Michelle devrait probablement passer les dernières semaines de sa grossesse à l’hôpital, par mesure de précaution. Élisabeth fit une croix sur le voyage éclair qu’elle s’était promis de faire au Manitoba pour rencontrer sa filleule et passer la journée de Pâques avec sa famille de l’Ouest. Elle en avait déjà parlé au personnel de chez
Eaton
et on lui avait accordé les jours de congé nécessaires. Jan retourna dans la chambre et Élisabeth raccompagna Boisvert, qui lui fit face, l’air complètement défait.
    – Parfois,
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