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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198
Autoren: Jean (d) Aillon
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truands dans le
dos. L’autre se retourna et reçut la seconde flèche dans l’œil.
    Ils s’écroulèrent. Déjà Bartolomeo était sur eux,
épée haute pour leur trancher le col. Robert de Locksley mit un doigt sur sa
bouche pour que personne ne parle. Une domestique désigna l’échelle. Le Saxon y
courut en silence et commença à gravir les barreaux, une nouvelle flèche
encochée, quelques autres en main.
    C’est à cet instant qu’il entendit :
« Tue-le ! » Ne pouvant plus attendre, il surgit dans la pièce,
découvrit la scène et tira sur celui qui s’apprêtait à planter son épieu sur
Guilhem.
    Il avait tiré trop vite et le trait atteignit le
truand à l’épaule. Immédiatement après, une seconde flèche se planta dans sa
cuisse. Ensuite, Locksley tira calmement ses autres flèches sur les ribauds,
les clouant tous sur les ballots de peaux.
    À l’instant où Guilhem avait entendu le claquement
de l’arc dans la pièce d’en bas, il avait compris que Locksley était enfin
arrivé. Il roula sur lui-même, tandis que Draguonet enfonçait son épieu dans le
plancher. Presque aussitôt, l’écorcheur s’écroula touché à l’épaule puis à la
cuisse. En même temps, Guilhem saisit les jambes d’Aurélien et le fit tomber.
Il lui martela alors le visage, lui brisant nez, pommettes et mâchoire.
    — C’était juste, compère ! s’exclama
Locksley en franchissant le dernier barreau de l’échelle.
    Deux ou trois des écorcheurs avaient réussi à
fuir, les autres agonisaient. Bartolomeo arriva à son tour, sa lame encore
rouge, et les acheva.
    — J’avais presque perdu espoir ! haleta
Guilhem en se levant péniblement.
    — Nous avons eu un contretemps, grimaça le
Saxon. Me présenteras-tu à cette charmante dame ?
    En même temps, Locksley faisait un pas vers
Constance, toujours couverte de son drap, et s’inclinait devant elle.
    — Constance Mont Laurier. Nous avons failli
faire le grand voyage ensemble ! Constance, voici mon ami, le noble comte
de Huntington.
    — Dieu m’a exaucée ! balbutia-t-elle en
éclatant en sanglots.
    — Dieu ? ironisa Guilhem. Pour ma part
j’avais deviné qu’il nous restait une chance quand Aurélien a parlé de mon ami.
Il ignorait donc qu’ils étaient deux ! Voilà pourquoi je l’ai fait
caqueter le plus longtemps possible, jusqu’à ce que j’entende le claquement de
l’arc de Robert.
    Il regarda Aurélien qui, le visage en sang,
reprenait peu à peu conscience.
    — Maintenant, ce pendard va nous raconter le
reste.
    — Est-ce nécessaire ? demanda
évasivement Constance en se levant du lit.
    Nue, ignorant les hommes qui la regardaient, elle
enfila son bliaut avant de se diriger vers l’échelle qu’elle descendit.
    Son comportement surprit Guilhem, mais il se dit
qu’elle avait hâte de savoir si ses serviteurs n’avaient pas trop souffert de
l’agression.
    — Nous allons vous conduire chez le viguier,
dit-il à Aurélien. Mais je crois qu’il aurait été préférable pour vous que mon
ami vous tue.
    Bartolomeo garrottait Aurélien quand Constance
revint accompagnée d’Étienne et d’Aicart, le bras bandé, ainsi que de quelques
ouvriers tanneurs qu’elle avait fait chercher.
    Guilhem ne leur prêta pas attention. Il remarqua
seulement le long couteau à écorcher qu’elle tenait.
    — Nobles seigneurs, vous avez ma
reconnaissance éternelle pour m’avoir sauvée et m’avoir livré celui qui est la
cause des souffrances et de la mort de ma sœur. Maintenant, rentrez chez vous.
J’ai un pénible travail à accomplir auquel il est inutile que vous assistiez.
    En disant ces mots, elle planta son regard dans
celui d’Aurélien. Lui aussi avait vu le couteau, il était tanneur et savait à
quoi servait cette lame tranchante et effilée. De plus, il n’ignorait pas
qu’elle avait annoncé autour d’elle qu’elle écorcherait vif le responsable de
la mort de Madeleine.
    Il lança un regard de terreur à Guilhem.
    — Ne la laissez pas faire ! Au nom du
Seigneur, je vous supplie de ne pas m’abandonner ! gargouilla-t-il avec sa
bouche fracassée.
    En plein désarroi, Guilhem considéra Constance.
Dans la nuit, il avait fini par se convaincre qu’il pourrait l’épouser. Il
venait de comprendre qu’il s’était aveuglé. Cette femme était aussi féroce
qu’une lionne et n’éprouvait aucune pitié. Il s’était trompé en croyant pouvoir
vivre avec elle.
    Pour confirmer son jugement, elle
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