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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198
Autoren: Jean (d) Aillon
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l’astuce de cet ennemi invisible qui les avait déjà immobilisés.
    — Non, il n’y a que cette porte, répondit
Aicart, désemparé.
    — Il ne reste donc que le toit, il faut le
démolir, décida Locksley en prenant la lanterne sur la table.
    Ils montèrent par l’échelle. Aicart avait pris un
gros marteau. Le grenier était envahi de peaux qui séchaient sur des cordes.
Locksley examina la toiture, en planches mal dégrossies sur d’énormes poutres.
Même avec une masse, ils n’en viendraient pas à bout rapidement.
    — La lucarne ! s’exclama Bartolomeo en
s’approchant d’une ouverture d’un pied de côté protégée par une peau de porc.
    L’ouverture donnait sur la place des corroyeurs.
    — Elle est trop étroite, personne ne peut
passer par là.
    — Je suis souple, je passerai ! affirma
Bartolomeo. Il suffit de casser le dormant.
    Il arracha la peau de porc, prit le marteau et
commença à frapper, mais sans grand résultat.
    — Vous vous y prenez mal, intervint Aicart en
lui reprenant l’outil.
    En s’installant confortablement devant la lucarne,
le contremaître parvint à détacher peu à peu le bâti au fond de l’embrasure. Au
bout de plusieurs coups, celui-ci commença à se détacher.
    Locksley reprenait espoir quand le carreau
d’arbalète pénétra dans l’épaule d’Aicart avec une telle violence qu’il le projeta
en arrière. Le Saxon crut à une chute, et ce n’est que quand il vit le sang
rougir la cotte du contremaître qu’il comprit.
    — Pousse-toi, Bartolomeo, ils ont une
arbalète ! cria-t-il.
    En même temps, il tirait le serviteur de Constance
qui venait de perdre connaissance. Le carreau était entré dans le muscle de son
épaule et s’était planté sous la clavicule. Robert de Locksley attrapa à
pleines mains la tige de fer et tira brusquement. Aicart hurla en reprenant
conscience.
    — Va arracher un morceau du drap de son lit,
ordonna-t-il à Bartolomeo pendant qu’il pressait la plaie pour arrêter
l’hémorragie. Sa chemise est trop sale pour que je le panse avec.
    L’Italien s’exécuta et revint vite avec une bande
de tissu. Locksley lui montra comment faire le pansement et le laissa terminer.
    Je descends. Quand tu auras fini, fais un
mannequin avec des peaux et passe-le plusieurs fois devant le fenestron bien
éclairé par la lanterne. Il faut que l’arbalétrier tire un nouveau carreau.
    — Qu’allez-vous faire ?
    Locksley ne répondit pas. Sur l’échelle, il
entendit à nouveau le son du cor. Guilhem était toujours vivant.
    En bas, dans le noir, il prit son arc, cinq
flèches et ouvrit la fenêtre. Il savait qu’il serait invisible de
l’arbalétrier.
    Il observa la place presque totalement dans
l’obscurité. D’où avait-il tiré ? À moins qu’il ne fût un excellent
tireur, il devait être près, car une arbalète n’était guère précise. De
surcroît, il n’y avait aucune raison pour qu’il se soit dissimulé puisqu’il
savait qu’il ne risquait rien.
    Il crut distinguer une ombre, puis entendit le
claquement révélateur de la détente. Aussitôt, il tira sa volée de flèches dans
la direction d’où venait le bruit. Le hurlement fut bref, mais révélateur. Il
avait touché le tireur.
    Il remonta dans le grenier, prit le marteau et
finit rageusement de briser le dormant. Par précaution, Bartolomeo avait éteint
la lanterne.
    — Tu penses parvenir à passer ?
demanda-t-il à l’italien quand il eut fait basculer le cadre à l’extérieur.
    — Oui.
    — Tu devras sauter, c’est haut !
    — Pas pour moi.
    Bartolomeo ôta ses vêtements et s’engagea dans le
trou. Il glissa d’abord la tête, puis, ayant enfilé le torse, il se retourna
pour chercher une prise.
    Pendant ce temps, Locksley interrogeait Aicart qui
geignait doucement.
    — Je vais chercher du secours,
tiendrez-vous ?
    — N’ayez pas de crainte pour moi, la douleur
diminue. Sauvez seulement dame Constance, je vous en supplie.
    Robert de Locksley le laissa et descendit.
Bartolomeo avait retiré la barre, ouvert la porte et pris une épée. Ils
partirent en courant chez Constance.
    — J’ouvre et je tire, prévint Locksley. Tu
achèveras les blessés.
    Il appuya doucement sur le loquet pour ne faire
aucun bruit et poussa lentement l’huis avec l’épaule. Une flèche était déjà
empennée à son arc.
    Il découvrit deux hommes avec des épieux, près des
domestiques à genoux. La première flèche atteignit l’un des
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