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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198
Autoren: Jean (d) Aillon
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lui lança un
regard vide de toute humanité en lui disant brutalement :
    — Aurélien est à moi. Il souffrira au
centuple ce que j’ai ressenti. Seuls ses tourments pourront me guérir.
    Elle se tourna vers ses hommes.
    — Je voulais l’écorcher maintenant, mais je
crois qu’il est préférable que tous les tanneurs y assistent. Emportez-le et
attachez-le sur les perches, dans la cour. Je m’occuperai de lui demain matin.
En attendant, jetez ceux-là par la fenêtre.
    Elle avait désigné les écorcheurs cloués sur les
peaux, dont deux gémissaient.
    Que pouvaient-ils faire ? Se battre contre
les tanneurs ? Tuer ou se faire tuer pour un être qui n’en valait pas la
peine ? Guilhem fit signe à Robert qu’ils devaient se retirer. Bien que
n’ayant pas entièrement compris ce qui se passait, le Saxon hocha du chef.
    — Étienne, dit-il au contremaître, nous
partons. Allez ouvrir l’écurie pour que je prenne mon cheval et préparez-moi
une lanterne.
    Comprenant qu’ils l’abandonnaient, Aurélien poussa
un long hurlement de désespoir, tandis que Guilhem saluait froidement Constance
d’un signe de tête, auquel elle ne répondit pas.
    Locksley et Bartolomeo étaient venus à pied. En se
rendant à l’écurie, Guilhem leur expliqua brièvement quel avait été le rôle
d’Aurélien, et ce que Constance allait lui faire subir. Il leur avoua combien
il était fâché contre lui-même. Fâché de ne pas avoir compris qu’Antoine
Ansaldi avait un complice. Fâché de s’être trompé sur Constance, et surtout
fâché d’avoir été trop sûr de lui. S’il avait laissé Hugues de Fer agir,
Aurélien aurait été pris durant le conseil des consuls et ne serait pas sur le
point d’être écorché vif.
    Le cheval sellé, ils s’apprêtaient à partir quand
Constance arriva. Elle était seule. Guilhem laissa ses compagnons pour
s’approcher d’elle. Ils sortirent dans la cour obscure.
    — Tu peux rester, tu sais, lui dit-elle d’une
voix rauque.
    — C’est impossible.
    — Pourquoi ?
    — J’ai connu un homme envers qui j’avais une
certaine estime. Il était loyal et bon compagnon, mais il était inutilement
cruel, car il n’avait pas de cœur. Il te ressemblait et je l’ai fui. Voilà
pourquoi.
    — Aurélien a mérité son sort.
    — Sans doute, mais j’attends plus d’humanité
de ceux que j’aime.
    Il se détourna et revint vers son cheval.
    — Partons, dit-il à Locksley.
    Il ne la vit plus quand ils traversèrent
l’esplanade des tanneurs. Pleurait-elle, le regrettait-elle ? Il en
doutait.
    — Allons-nous à l’auberge ? demanda
Locksley, qui ne s’intéressait pas au sort d’Aurélien.
    — Non, je dois réparer mes erreurs. C’est au
vicomte de juger les criminels de cette ville.
    À la tour du viguier, ils eurent du mal à se faire
ouvrir. Enfin le bayle et l’écuyer les firent entrer et Fer fut prévenu.
    Moins d’une heure plus tard, alors que l’aube
chassait la nuit, le viguier, accompagné de tous les hommes d’armes qu’il avait
pu réunir, partit se faire remettre Aurélien.
     

Chapitre 36
    L a
veille, tandis que Guilhem se rendait chez Constance, Hugues de Fer était à
l’évêché avec Locksley et le vicomte Roncelin. Ils avaient été immédiatement
reçus par l’évêque dans la salle verte.
    Mgr Rainier les avait congratulés pour leur retour
et leur réussite, puis le viguier avait fait un rapide récit de leur
expédition. Après quoi, ils avaient demandé que l’on fasse venir le juge
ecclésiastique.
    L’entretien avait été bref. L’évêque Rainier était
assis sur sa cathèdre. Le vicomte et le viguier étaient assis à leur place sur
les bancs à hauts dossiers réservés aux dignitaires, lors des réunions de
l’évêché. Locksley avait pris un siège éloigné.
    Michel de Castellaire allait complimenter Roncelin
de son retour quand celui-ci lui avait tendu une bague. Le juge l’avait reconnu
et compris qu’ils savaient tout. Il ne s’était pourtant pas démonté.
    — Oui, c’est moi qui ai donné cette bague au
chevalier nommé Guilhem d’Ussel.
    — … Qui devait me tuer, avait poursuivi
Hugues de Fer d’une voix égale.
    — Je ne le lui avais pas demandé, avait
rétorqué le juge.
    Le regard de l’évêque était passé de l’un à
l’autre, interloqué, car il ne comprenait pas cet échange. Le viguier lui avait
alors tout raconté.
    — Vous avez osé ! avait tonné Rainier en
se dressant,
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