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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin
Autoren: Ernest Capendu
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lors même qu’elle aurait appris la mort du marquis. Elle ne voudra pas que l’on déshonore sa mémoire. L’argenterie de la mère abbesse me mettra à même de faire le voyage et d’attendre, s’il le faut, pour mieux réussir. Allons ! saint Janvier le patron des lazzaroni, veille toujours sur moi ! Grâce lui soient rendues ! Ah ! fit-il tout à coup en poussant un cri de surprise et en trébuchant. Il se retint à la muraille. Mais la bougie lui avait échappé et s’était éteinte en tombant. Diégo était brave. Cependant sa position était assez critique pour qu’il fût excusable de ressentir un mouvement de terreur.
    Il était au milieu de souterrains inhabités depuis longtemps. Quelque bête fauve avait pu en avoir fait son repaire. Il avait heurté du pied un obstacle que l’on devait supposer être un corps étendu en travers de la galerie.
    Aussi, s’appuyant à la muraille, son pistolet à la main, il s’efforça de sonder les ténèbres. Il s’attendait à voir des yeux flamboyants luire dans l’obscurité. Il n’en fut rien. Rassuré par le silence qui régnait, Diégo se baissa et chercha sa bougie. Bientôt il la retrouva et l’alluma promptement. Alors il regarda à ses pieds. Un corps inanimé gisait sur le sol humide, et c’était l’obstacle causé par ce corps qui avait fait trébucher l’Italien.
    – Une femme ! s’écria Diégo en s’approchant davantage et en se baissant pour mieux éclairer l’être privé de sentiment qui demeurait immobile à ses pieds. Une femme ! répéta-t-il en posant la bougie sur la terre.
    Ce corps, le lecteur l’a deviné, était celui de la malheureuse Yvonne. Lorsque les forces avaient manqué à la jeune fille, elle était tombée en avant la face contre terre. Depuis elle n’avait pas bougé. Diégo l’enleva dans ses bras.
    – Yvonne !… dit-il en demeurant stupéfait. Yvonne !… morte peut-être ! Non, continua-t-il, son cœur bat encore. Comment a-t-elle pu se traîner jusqu’ici ? Oh ! je devine ! Elle aura découvert dans la cellule quelque ouverture secrète que j’ignorais. Ma foi ! je lui ai rendu un grand service en la débarrassant de Raphaël, et elle m’en devra quelque reconnaissance si elle en réchappe. Quelle jolie tête ! Per Bacco ! Hermosa n’avait pas eu tort d’en être jalouse. Que diable vais-je en faire ?
    Diégo se mit à réfléchir.
    – Le temps presse, ajouta-t-il. Il faut prendre un parti. Elle est sans connaissance, incapable de se défendre. Si je l’enlevais à mon tour ? Oui, mais elle m’embarrassera. D’un autre côté, j’ai la solitude en horreur ! Elle remplacera Hermosa !
    Sur cette détermination, Diégo prit dans ses bras le corps de la jeune fille, retourna vivement sur ses pas et atteignit bientôt l’entrée du souterrain.
    – Je la retrouverai ici, murmura-t-il en la déposant doucement à terre, près de la porte donnant dans la grotte. Maintenant faisons vite !
    Et, pressant sa course, il revint vers l’abbaye. Il pénétra dans le corps de bâtiment, et gravit rapidement le premier étage de l’escalier. En poussant la porte de la chambre d’Hermosa, il recula.
    – Raphaël ici ! s’écria-t-il à la vue du cadavre couché sur le divan. N’est-il pas mort encore ?
    Il s’approcha vivement.
    – Si fait, il est mort et bien mort ! continua-t-il. Mais alors quelqu’un est venu ici ! On l’a transporté dans cette pièce ! Oh ! pourvu que le misérable n’ait pas eu le temps de parler !
    Diégo demeura immobile. Un bruit de pas retentit au dehors. Diégo bondit vers le corridor.
    – Je suis perdu ! on pénètre dans l’étage supérieur.
    Il jeta autour de lui un coup d’œil rapide. Une cellule était ouverte ; il s’y précipita. Là, il retint sa respiration, pour être à même de mieux entendre. Keinec, Jahoua et Fleur-de-chêne venaient d’entrer dans l’abbaye.
    – Montons-nous ? demanda Fleur-de-Chêne.
    – Oui, répondit Jahoua.
    Diégo sentit une sueur froide inonder son visage. Le misérable craignait la mort, et il ne s’illusionnait pas sur sa position. Être pris était, pour lui, être tué.
    Il ne doutait pas que les hommes qu’il entendait ne fussent des chouans, et lui, agent révolutionnaire, devait périr sans miséricorde. Fleur-de-Chêne s’était élancé sur l’escalier. Keinec le retint.
    – Inutile, dit-il ; nous avons fouillé les étages supérieurs. Allons de suite aux
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