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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin
Autoren: Ernest Capendu
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frère.
    – Le comte de Fougueray ?
    – Oui.
    – Connaissez-vous ce comte ? demanda Boishardy à Marcof.
    – Oui, répondit le marin ; c’est un agent révolutionnaire.
    – Vous en êtes certain ?
    – J’en ai les preuves.
    – Alors, il faut les faire fusiller, n’est-ce pas ?
    – C’est mon avis !… dit le comte de La Bourdonnaie ; quoique tuer une femme me répugne, même lorsqu’il s’agit du bien de notre cause.
    Boishardy fit un geste d’indifférence.
    – Attendez ! s’écria Marcof, il faut que je l’interroge.
    – Interrogez, mon cher ami !
    – Fleur-de-Chêne, dit Marcof, fais toujours attention…
    Puis, revenant à Hermosa :
    – Avec qui étiez-vous à l’abbaye ?
    – Avec mon frère, je l’ai dit.
    – Avec le comte seulement ?
    – Mais…
    – Vous hésitez ?
    – Non ! s’écria Hermosa.
    – Répondez donc !
    – Il y avait un autre homme avec nous.
    – Le nom de celui-là ?
    – La chevalier de Tessy.
    – Votre second frère ?
    – Oui.
    – Vous mentez.
    – Monsieur !
    – Cet homme n’est pas votre frère.
    – Monsieur !
    – Fleur-de-Chêne ! s’écria Marcof.
    – Grâce !… fit Hermosa en se laissant tomber à genoux.
    – Faut-il faire feu ? demanda froidement le paysan.
    – Attends encore !… répondit Marcof.
    Hermosa réfléchit rapidement. Elle se sentait prise dans des mains de fer. Fallait-il avouer tout ? Fallait-il nier obstinément ?
    Un aveu la perdait à tout jamais, car c’était raconter sa vie infâme. D’un autre côté, ceux qui lui parlaient et qui l’interrogeaient ne pouvaient pas avoir de preuves contre ses assertions au sujet de sa famille. Elle se résolut à soutenir le mensonge.
    – Répondez ! reprit Marcof.
    – Vous pouvez tuer mon enfant, monsieur, vous pouvez me faire tuer ensuite, fit Hermosa avec l’apparence d’une victime résignée ; mais vous ne sauriez me contraindre à mentir.
    – Ainsi le chevalier de Tessy est votre frère ?
    – Oui.
    – Soit ; je ne puis pas malheureusement vous prouver le contraire. Mais songez bien maintenant à me répondre franchement, car je jure Dieu que votre fils mourrait sans pitié !
    – Interrogez donc !
    – Où avez-vous laissé le chevalier ?
    – À l’abbaye.
    – Pourquoi ?
    – Il était malade.
    – Prenez garde !
    – Je dis la vérité.
    – Attention, Fleur-de-Chêne, attention, mon gars, et tire sur l’enfant à mon premier geste.
    Hermosa tressaillit involontairement. Elle devinait où allait en venir son interrogateur.
    – Le chevalier était empoisonné ! accentua fortement Marcof.
    – Oui, répondit Hermosa sans hésiter, car elle comprenait que le moindre retard dans ses paroles coûterait la vie à Henrique.
    Au milieu de ses vices, dans sa vie de criminelle débauche, cette femme avait conservé au fond de son cœur un amour effréné pour son enfant. Mais cet amour était celui de la louve pour ses louveteaux.
    – Qui a empoisonné le chevalier ?
    – Le comte de Fougueray.
    – Son frère ! s’écria Marcof. Vous entendez, messieurs ?
    – Qui a versé le poison ? demanda Boishardy.
    – Moi !
    – Qu’elle meure donc ! fit le comte de La Bourdonnaie. Cette misérable me fait horreur !
    – Non ! dit vivement Marcof ; je lui promets la vie si elle dit là vérité sur ce que j’ai encore à lui demander.
    – Faites, répondit Boishardy.
    – Vous devez savoir que le chevalier de Tessy avait enlevé une jeune fille ? continua le marin.
    – Je le sais.
    – Elle se nomme Yvonne.
    – Oui.
    – L’avez-vous vue ?
    – Oui.
    – Quand cela ?
    – Il y quelques heures à peine.
    Keinec et Jahoua poussèrent un rugissement de joie et de colère. Marcof les arrêta de la main. Puis, revenant à Hermosa :
    – Où était cette jeune fille ?
    – À l’abbaye.
    – Où est-elle ?
    – Écoutez-moi, fit vivement la misérable, craignant qu’on ne prit pour hésitation de sa part l’ignorance où elle était effectivement de ce qu’était devenue Yvonne.
    Elle raconta brièvement ce qu’elle savait. Elle dit comment Yvonne avait été atteinte par les crises nerveuses, comment le comte l’avait saignée, comment lui et le chevalier l’avaient enfermée dans la cellule de l’abbesse, et comment enfin elle, Hermosa, avait constaté le soir la disparition extraordinaire de la jeune fille. Il y avait un tel cachet de vérité à ses paroles, il
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