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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin
Autoren: Ernest Capendu
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où vous a placé chacun le nom de vos aïeux.
    – Nous n’en doutons pas, fit Boishardy en tendant sa main ouverte au marin.
    – Dans quatre nuits, n’est-ce pas ?
    – C’est convenu.
    – Et les prisonniers ?
    – J’en réponds, dit encore Boishardy.
    – Adieu donc !
    Marcof quitta rapidement la clairière et prit la route de l’abbaye de Plogastel.
    – Oh ! se disait-il en se glissant dans les genêts.
    – Pauvre Philippe ! je sais maintenant tes secrets. Je connais la cause de ta fuite. Je devine celle qui te fait abandonner la Bretagne au moment du danger. Mais je suis là, frère, et je veille. Déjà deux des misérables qui ont torturé ta vie sont entre mes mains, et le troisième ne m’échappera pas ? Mon Dieu ! faites que je puisse rendre à celui que j’aime de toute la force de mon cœur cette tranquillité qu’il a perdue ! Que je le voie heureux et que je meure après s’il le faut. Mais comment se fait-il que ce chevalier de Tessy soit le même homme que ce Raphaël que j’ai rencontré jadis dans les Abruzzes ? Il y a là-dessous quelque horrible mystère que je saurai bien découvrir plus tard. Oh ! que je trouve ce comte de Fougueray, que je le tienne en ma puissance comme j’y tiens sa sœur maudite, et je parviendrai à leur faire révéler la vérité ! Va, Philippe, tu seras heureux peut-être, mais je te ferai libre, je le jure !
    Marcof était arrivé devant l’abbaye. Il monta rapidement à la chambre où il avait laissé Raphaël. Le cadavre du malheureux était dans une décomposition complète. La force du poison était telle qu’en quelques heures il avait accompli l’œuvre que la mort met plusieurs jours à faire. L’air de la cellule était vicié par une odeur infecte et insoutenable. Marcof sortit vivement. Il appela Keinec et Jahoua. Aucun d’eux ne lui répondit. L’abbaye semblait déserte et abandonnée.
    – Ils sont dans les souterrains, murmura Marcof ; ils n’ont pas besoin de moi en ce moment. Je vais visiter encore la chambre qu’a habitée Yvonne et la sonder attentivement. La jeune fille n’a pu fuir que par une ouverture secrète qu’elle aura découverte.
    Ce disant, le marin entra dans la cellule de l’abbesse. Il visita avec une profonde attention le plancher et les murailles ; puis, ne découvrant rien et supposant que les meubles pouvaient cacher ce qu’il cherchait, il se mit en devoir de les enlever de la chambre. Il s’adressa d’abord au lit.
    Le lit ne recouvrait aucun indice qui put mettre Marcof sur la voie qu’Yvonne avait dû prendre pour se sauver. Alors il voulut repousser le bahut d’ébène. Le meuble résista. On se rappelle qu’il était scellé à la muraille par l’un de ses angles.
    Marcof employa inutilement ses forces. Saisissant sa hache, il attaqua les deux battants de la porte du bahut. Le bois craqua sous l’acier. Marcof arracha la porte qui céda, et sonda l’intérieur avec le manche de son arme.
    Le fond, élevé sur quatre pieds, ne pouvait évidemment pas mériter un long examen. Il frappa sur le côté du meuble, qui devait être appuyé au mur. Le panneau rendit ce son sec du bois derrière lequel il y a vide. Marcof poussa un cri de joie et attaqua plus vigoureusement encore l’ébène, qui bientôt joncha le plancher de ses débris mutilés.

XXI – DIÉGO ET MARCOF.
    Une heure avant que Marcof ne franchit le seuil de l’abbaye un homme chevauchant sur un magnifique étalon anglais, galopait à fond de train sur la plage, dans la direction d’Audierne. Cet homme étant le comte de Fougueray. Arrivé dans la petite ville, et se jugeant à l’abri, il s’était arrêté pour réfléchir à sa situation et prendre un parti quelconque.
    – J’avais tort d’accuser Hermosa, pensait-il tandis que son cheval reprenait haleine, et que la vapeur s’échappant de ses flancs enveloppait le cavalier dans un nuage de brouillard. Évidemment elle est tombée entre les mains des paysans. Pourquoi ne l’ai-je pas emmenée de suite à Audierne ? Les drôles ont fait main basse sur l’or qui se trouvait dans le coffre ! Je suis ruiné, complètement ruiné ! mauvaise nuit ! C’est ce Raphaël maudit qui est cause de tout cela avec sa manie d’enlever les jeunes filles ! Que Satan torture ce bélître amoureux, et j’espère pardieu qu’il n’y manque pas à cette heure. Que dois-je faire ? M’embarquer ? À peine me reste-il dix louis ! Ah ! si j’avais eu le
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