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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia
Autoren: Jean Diwo
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    3210,&Les dîners de Calpurnia
    Jean Diwo
    Rome en flammes
    Immobile, sa fine tunique d'été ouverte pour laisser passer un peu d'air, Néron, debout sur la terrasse du palais impérial, regardait en silence l'incendie dévorer sa ville. Derriére, sur le Palatin, les flammes léchaient le portique de la grande terrasse. Devant s'étendait le brasier qui consumait à une vitesse effrayante les maisons des pauvres, les hôtels particuliers des riches, les temples, les statues dont le marbre éclatait, et même l'ancien palais d'Auguste, la Domus Augustea, auquel se rattachaient tant de souvenirs.
    L'air était torride, chargé de cendre et de fumée, mais Néron ne s'apercevait pas que ses vêtements étaient souillés de suie ni que son visage ruisselant de sueur charbonneuse le faisait ressembler à un rameur de pont. Son regard restait fixé sur le grand cirque Maxime, ovale de feu et de ruines d'o˘ l'incendie était parti quelques heures plus tôt. Parfois ses lévres bougeaient mais elles ne laissaient filtrer aucun son. Seul Tigellin, le nouveau préfet du prétoire, mauvais génie de César disaient certains, qui se trouvait derriére lui avec quelques membres de la garde prétorienne, osa parler :
    - Je suis s˚r, divin poéte, que ton génie fertile t'inspire quelques vers magnifiques que tu nous déclameras à l'heure du souper.
    Tiré de sa rêverie, Néron se retourna, f‚ché : (c) Flammarion, 1996
    - Il est vrai que c est beau, une ville qui br˚le. Mais si je suis poéte, ce soir c'est l'Empereur qui parle, et je te conseille de penser dés maintenant aux suites tragiques de ce spectacle. Une grande partie des habitants ne savent pas o˘ dormir. Comment vont-ils se nourrir ? Avant d'être le chef des cohortes prétoriennes, tu as été, si j'ai bonne mémoire, commandant des vigiles et des .- " 'rs de nuit. Je veux dés ce soir un rapport sur les ances de la catastrophe et les mesures à envisa-" frés
    .t le premier de ces sinistrés, il
    d'eau et d'hommes ôcé je ne vois plus de Ces" bon signe ! Va voir ï - ou 1 on avait prépare une Ôdrapée t.:. ;.u te de soieries d'Illyrie dans une aile du palais épargnée par les flammes, Néron décida de monter en haut de la tour de Mécéne afin d'avoir une vue d'ensemble. Là, il se recueillit un moment puis chanta pour lui, à la lueur des flammes, un poéme qu'il avait naguére composé sur la guerre de Troie. " Scipion, dit-il tout haut, avait cité des vers de l'Iliade en regardant br˚ler Carthage. Moi, c'est ma propre poésie qui stigmatise la fragilité des empires ! "
    En fait, Néron ne savait pas encore grand-chose sur l'incendie qui ravageait la ville. Comme la plupart des patriciens fortunés soucieux de fuir l'éprouvante canicule qui assommait Rome, il avait quitté deux semaines auparavant la demeure du Palatin pour se réfugier dans sa résidence d'Antium, prés d'Ostie. Pas plus tard que ce matin, il go˚tait avec Poppée la fraîcheur de l'air marin sous les lauriers en fleur lorsqu'on avait annoncé l'arrivée d'un coursier impérial. Le message de l'homme dont les vêtements étaient à demi br˚lés était laconique et tragique : Rome était en feu, des quartiers entiers étaient déjà anéantis.

    Le palais du prince n'était pas épargné !
    César avait fermé les yeux un instant. Il imaginait ce que pouvait être un incendie déclenché dans de pareilles circonstances. Ce genre de sinistre était courant à Rome, dont les rues tortueuses et les maisons de bois fragiles favorisaient la propagation des flammes, mais les vigiles, bien entraînés, réussissaient presque toujours à circonscrire l'incendie. Une ou deux fois par siécle, cependant, le feu était vainqueur et détruisait la quasi-totalité de la ville. C'était le cas durant ces calendes d'ao˚t, dix-neuviéme jour de juillet. La catastrophe marquerait son régne, Néron le savait. Il devait faire face.
    Aussitôt des chevaux avaient été sellés, et César avait pris la tête de sa garde pour couvrir à bride abattue les cinquante kilométres de la route de Rome. Un peu aprés midi il était sur les lieux et prenait les premiéres décisions. Il ne pouvait arrêter le feu contre lequel son pouvoir divin était impuissant, mais il donna sans attendre des ordres pour secourir l'immense foule des sinistrés. Il leur fit ouvrir ses jardins et des logis de fortune furent rapidement construits pour héberger les indigents.
    Curieux, cet Empereur dont on n'attendait
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