Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin
Autoren: Ernest Capendu
Vom Netzwerk:
temps d’emporter cette argenterie massive que nous avons découverte dans l’abbaye ! J’aurais dû la fondre en lingots ; rien n’était plus facile… Je réponds qu’il y en a bien pour vingt mille livres ! Vingt mille livres ! continua-t-il en soupirant. Joli denier pour un homme qui n’a pas le sou ! Ah ! si je pouvais… Pour quoi pas ? fit-il tout à coup en se redressant sur sa selle. Les souterrains du château m’offrent un asile, et, en quelques heures, j’aurai terminé mon opération métallurgique. Excellente idée ! Oui ; mais ces damnés chouans gardent les alentours. Ah ! bah ! qui ne risque rien n’a rien ! Risquons !
    Et, rassemblant ses rênes, Diégo se remit en marche ; mais cette fois au pas de son cheval. Au moment de s’engager de nouveau sur la route de l’abbaye, il s’arrêta encore.
    – Je suis bien bon, murmura-t-il, de risquer à me faire prendre pour une cible par ces fusils bas-bretons ! N’ai-je pas, pour pénétrer dans l’abbaye, les entrées des souterrains qui donnent dans la campagne ! Réfléchissons un peu ! La galerie que nous avons explorée en premier donne dans la forêt de Plogastel. N’y songeons pas. La forêt doit servir de quartier général à ces royalistes endiablés. La seconde est sur la route de Penmarckh. Si Yvonne a fui c’est par là qu’elle ramènera du secours. Mais la troisième ?…
    Et Diégo réfléchit profondément. Puis il reprit :
    – La troisième, si j’ai bonne mémoire, aboutit près de Douarnenez, entre ce village et Pont-Croix, à quelque distance de la mer. Environ à une lieue d’ici. Vingt minutes de galop m’y conduiront, et, comme je suivrai la plage, je n’aurai pas la crainte de rencontrer les chouans qui n’occupent que le haut pays. En route !
    Diégo revint sur ses pas, traversa de nouveau Audierne, et s’élança dans la direction indiquée. Diégo montait un excellent coursier. En un quart d’heure il eut atteint Pont-Croix. Rien n’était venu inquiéter sa marche. Là il s’orienta.
    Lorsque, après avoir pris possession de l’abbaye quelques jours auparavant, il avait soigneusement visité les souterrains, il avait attentivement examiné les entrées qui y donnaient accès. Celle située sur le bord de la mer, à peu de distance des falaises, était cachée aux regards des passants par un travail admirable, œuvre d’une main habile. Elle donnait dans une petite grotte étroite et fort basse dans laquelle il fallait pénétrer en se glissant sur les genoux. Une porte, enduite d’une épaisse couche de granit, était pratiquée au fond de cette grotte, et, se mouvant par un ressort artistement dissimulé, s’ouvrait sur la galerie. Diégo avait découvert le ressort faisant céder la porte intérieurement. Donc, lorsqu’il eut dépassé Pont-Croix, il mit pied à terre, et conduisant son cheval par la bride, il se dirigea vers la grotte qu’il atteignit bientôt.
    Alors il attacha son cheval à un arbre voisin et se glissa dans l’intérieur. Diégo était un homme de précaution. Il avait sur lui une bougie et un briquet. Il fit du feu à l’aide de l’un, et, le feu fait, il alluma l’autre. Puis il pressa le ressort ; la porte s’ouvrit et il pénétra dans la galerie.
    Ce moment coïncidait précisément avec celui où Hermosa, Jasmin et Henrique étaient amenés devant le comte de La Bourdonnaie, M. de Boishardy et Marcof. Il y avait six heures environ que la pauvre Yvonne gisait à terre en proie à la fièvre et au délire.
    Diégo, certain d’être seul, avança hardiment. Par mesure de précaution, il tenait un pistolet à la main. Diégo avait été doué par la nature prodigue d’une imagination des plus vives. Son esprit, continuellement éveillé, travaillait sans relâche. En traversant les souterrains, le projet d’Hermosa, relatif à la seconde marquise de Loc-Ronan, lui revint en tête. Il sourit.
    – J’ai eu tort de me plaindre, murmura-t-il. Les chouans m’ont rendu grand service. Ils m’ont pris soixante-quinze mille livres, mais ils me mettent en possession de plus de deux millions. « Ils m’ont ruiné pour le moment, mais ils me font riche pour l’avenir et libre pour le présent. Ma foi ! j’avais assez d’Hermosa ! Elle est entre leurs mains, qu’elle y reste ! C’est le seul souhait que je forme. J’irai seul à Rennes. Je verrai Julie de Château-Giron, et je saurai bien la contraindre à m’abandonner sa fortune,
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher